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Double mixte

Paris
Théâtre des Bouffes du Nord
04/05/2004 -  
Dimitri Chostakovitch : Deux pièces pour octuor à cordes, opus 11
Johannes Brahms : Sextuor n° 2, opus 36 (*)
Arnold Schönberg : La Nuit transfigurée, opus 4 (+)

Quatuor Prazak: Vaclav Remes, Vlastimil Holek (*) (violon), Josef Kluson (alto), Michal Kanka (violoncelle) – Quatuor Talich: Jan Talich, Petr Macecek (+) (violon), Vladimir Bukac (alto), Petr Prause (violoncelle)


Après avoir donné deux magnifiques concerts séparément (voir ici et ici), les Quatuors Talich et Prazak étaient réunis pour une soirée qui a tenu toutes ses promesses. Et quel bonheur que de voir ces deux grandes formations tchèques ensemble sur scène pour donner, en début de programme, les Deux pièces pour octuor (1925) de Chostakovitch! Alors que l’inévitable Octuor de Mendelssohn s’impose généralement dans ces circonstances, c’est une heureuse initiative que d’avoir choisi ce diptyque court et aventureux, contemporain de la Première symphonie. Bien dans l’esprit expressionniste et ironique des années 1920, ce Prélude et ce Scherzo, qui mettent habilement en valeur les huit participants, évoquent ainsi Hindemith ou Schulhoff.


Le répertoire pour sextuor étant à peine plus étendu qu’en matière d’octuor, c’était ensuite exactement le même programme que celui offert par les Ysaÿe une semaine plus tôt (voir ici), mais dans des interprétations radicalement différentes.


Dans le Second sextuor (1865) de Brahms, où Vladimir Bukac (second alto) et Petr Prause (second violoncelle) viennent renforcer les Prazak, les contrastes, l’élan vital et l’expansivité du discours sont privilégiés, au prix d’une certaine violence et d’une moindre exactitude, qui traduit également une énorme prise de risques. Le développement de l’Allegro non troppo en devient ainsi extraordinairement dramatique et résolument symphonique. Le Scherzo, dans un tempo plus allant que d’ordinaire, alors qu’on lui confère souvent le caractère d’un Intermezzo, n’en pas moins empreint d’une sorte de grâce dvorakienne, avec une conclusion qui tient d’un véritable Furiant. Que ce soit ensuite dans le lyrisme chaleureux du Poco adagio ou dans l’énergie débordante du Poco allegro, le déroulement semble tellement naturel que cette conception extravertie n’en conserve pas moins, sur le fil du rasoir, une tenue exceptionnelle.


Combinaison inverse pour La Nuit transfigurée (1899) de Schönberg: ce sont cette fois-ci Josef Kluson et Michal Kanka qui secondent les Talich, sans nécessairement se fondre parfaitement avec leurs camarades, mais mettant en valeur les voix graves et puissantes du second alto et du second violoncelle. C’est merveille que de constater comment le jeu du premier violon de Jan Talich, droit et retenu la veille, s’est adapté au climat postromantique de la partition, tout en suavité et en portamenti, mais sans rien perdre de sa finesse ou de son élégance. Sensiblement plus rapide tout au long de l’œuvre que celui adopté par les Ysaÿe, le tempo favorise une vision sombre et tendue dans la première partie, aérienne et chantante dans la seconde.


L’accueil enthousiaste du public conduit à la prévisible reprise, en bis du Scherzo de Chostakovitch.



Simon Corley

 

 

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