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Aux confins de la chair et de l'esprit

Montreal
Salle Claude-Champagne
04/01/2004 -  

Johann Sebastian Bach: Passion selon saint Jean, BWV 245



Benjamin Butterfield (l’Évangéliste), Stephen Varcoe (Jésus), Rosemary Joshua (soprano), David Daniels (haute-contre), Alan Bennett (ténor), Curtis Streetman (basse)


Les Violons du Roy
La Chapelle de Québec
Bernard Labadie (direction)




Bien qu’il soit un peu moins largement diffusé de nos jours, tant au disque qu’au concert, que son alter ego BWV 244, l’extraordinaire traitement que Bach réserva à la Passion du Christ selon Saint Jean compte parmi les oratorios baroques les plus inspirés, les plus émouvants. Encore une fois, Bernard Labadie a démontré à quel point la musique du cantor de Leipzig est proche de son cœur, de son âme, et on ose dire sans vouloir jeter ombrage sur ses (nombreuses) autres réalisations qu’avec celle de Handel, l’œuvre de Bach est probablement celle qu’il parvient à rendre de la manière la plus extraordinaire. On est frappé d’emblée par le souffle, l’énergie et la concentration inépuisables de son interprétation. Il tire de l’orchestre (et particulièrement du chœur) des couleurs, des nuances à mourir de beauté, de pleine et rassurante ferveur. Sous sa baguette, cette Passion devient une immense fresque dont la clarté et la puissance de l’évocation spirituelle sont bouleversantes d’actualité, et il faut saluer ce génie intangible qu’il a de rendre cette musique si profondément humaine, de nous transporter en quelque sorte aux confins de la chair et de l’âme en participant à la recréation d’une œuvre dont, ne l’oublions pas, près de trois siècles nous séparent de la naissance.


Antidote aux remises en question existentielles : peu importe les antécédents, j’ai l’impression que n’importe qui terminerait l’audition d’une Passion de Bach par Labadie, convaincu du salut de l’Humanité ! Chez les solistes, on retient la touchante sincérité de Rosemary Joshua, cette façon si simple et intériorisée de raconter la musique, de même que la ferveur et l’intensité inextinguibles de Benjamin Butterfield. On a les larmes aux yeux, littéralement, devant le Betrachte, meine Seel de Curtis Streetman, et comment éviter redite dans le cas de David Daniels ? On est en présence d’un instrument dont l’unicité dans le monde lyrique d’aujourd’hui fera assurément date, mélange irrésistible de pureté et de corps, limité en volume certes mais capable d’une peinture sonore aux mille coloris, donnant même dans son second air un bref aperçu de ses incroyables facilités virtuoses.


Bernard Labadie nous réserve une fin de saison des plus palpitantes, puisque les Violons et lui donneront l’Alcina de Handel, en mai prochain, avant d’entreprendre une prestigieuse tournée européenne qui les mènera notamment aux festivals de Rheingau et de Schleswig-Holstein en Allemagne, de même qu’au Concertgebouw d’Amsterdam, aux côtés de Magdalena Kozena et de David Daniels.





Renaud Loranger

 

 

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