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Jaillissement créateur

Paris
Théâtre des Bouffes du Nord
04/04/2004 -  
Ludwig van Beethoven : Quatuor n° 13, opus 130 – Grande fugue, opus 133
Robert Schumann : Quintette avec piano, opus 44

Alain Planès (piano), Quatuor Prazak: Vaclav Remes, Vlastimil Holek (violon), Josef Kluson (alto), Michal Kanka (violoncelle)


Succédant aux Talich (voir ici) en attendant de se joindre à eux pour une séance en sextuor et en octuor, les Prazak proposaient un programme non moins captivant, comprenant deux œuvres de grande ampleur, dont on a décidément peine à croire que l’une ait été composée en moins de deux mois et l’autre en trois semaines. Et ce jaillissement créateur est également celui du quatuor tchèque, qui conçoit la musique comme un engagement permanent, avec un sentiment d’urgence et une fébrilité qui ne le cèdent en rien à la maîtrise du discours.


Le concert permettait en même temps de saluer l’achèvement de son cycle des quatuors de Beethoven pour Praga. Donné en première partie, c’est précisément le Treizième quatuor (1825) qui clôt cette intégrale discographique. Il a choisi d’en présenter la version originale, c’est à dire en interprétant la Grande fugue en lieu et place de l’Allegro que Beethoven, à la demande de son éditeur, lui avait substitué l’année suivante (et qui est toutefois offert en appendice à son enregistrement).


Deux heures à peine après le Quatuor Talich, il était impossible de ne pas comparer les deux ensembles, encore que l’on puisse se demander s’il est possible de parler de comparaison, entre l’apollinien, d’un côté, et le dionysiaque de l’autre, tant la sonorité des Prazak est plus ronde, plus charnue, plus pleine mais aussi plus râpeuse, leur style plus physique et contrasté et, au prix de quelques imperfections techniques, leur approche plus spontanée et plus vivante, même dans la «musique pure» du dernier Beethoven. Cette plus grands variété d’intensités, de jeux et de couleurs illustre un plaisir de jouer sans cesse apparent et crée une dramatisation de tous les instants. De ce fait, le texte est sans cesse poussé dans ses derniers retranchements, même lorsqu’il s’agit d’un monument tel que ce Treizième quatuor, dont la Grande fugue prend la dimension d’une lutte démesurée, où la victoire n’est acquise qu’au prix de formidables attaques et de notes rageusement arrachées aux archets.


Le Quatuor Prazak a déjà donné deux fois à Paris avec Nicholas Angelich le Quintette avec piano (1842) de Schumann (voir ici et ici). Ici, c’est Alain Planès qui tient la partie de piano, à l’unisson dans l’élan et la tendresse de l’Allegro brillante. Allant, et donc jamais alangui, l’Un poco largamente semble presque annoncer le climat d’une marche mahlérienne. Après un Scherzo à la fois léger et robuste, qui sera bissé, l’Allegro non troppo, puissant, rapide et bien marqué, couronne cette partition expansive et conquérante, qui convient idéalement au tempérament des musiciens tchèques.



Simon Corley

 

 

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