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«On n’imaginait pas tenir vingt ans»

Paris
Théâtre de la Ville
03/27/2004 -  
Joseph Haydn : Quatuor n° 57, opus 54 n° 2
Ludwig van Beethoven : Quatuor n° 12, opus 127
Maurice Ravel : Quatuor

Quatuor Ysaÿe: Guillaume Sutre, Luc-Marie Aguera (violon), Miguel da Silva (alto), François Salque (violoncelle)


Constitué en 1984, le Quatuor Ysaÿe s’est illustré dès 1988 par un coup d’éclat en remportant le premier prix du Concours international qui se tenait alors à Evian. Après avoir connu quelques changements – autour d’une charnière centrale immuable (Luc-Marie Aguera au second violon, Miguel da Silva à l’alto) se seront succédés Christophe Giovaninetti et Guillaume Sutre au premier violon ainsi que Michel Poulet, Marc Coppey et François Salque au violoncelle – la formation, bien que s’étant placée sous le patronage d’un compositeur et violoniste... belge, apparaît aujourd’hui comme l’une des rares à avoir écrit une page glorieuse de l’histoire du quatuor en France.


Pour ce premier des deux concerts parisiens célébrant ce vingtième anniversaire, le public avait massivement répondu présent, malgré le caractère ambitieux du programme: fidélité remarquable à laquelle Miguel da Silva ne manqua pas de rendre hommage en fin de spectacle, relevant non sans humour: «On n’imaginait pas tenir vingt ans».


Pour commencer, le choix de Haydn n’avait rien de surprenant, puisque les Ysaÿe ont entrepris, depuis 2000, d’en enregistrer l’intégrale dans le cadre du Festival de Besançon. Dans le Quatuor n° 57 opus 54 n° 2 (1788), la probité et l’humilité des musiciens face au texte, privilégiant la clarté de la ligne et l’exactitude stylistique, font merveille et les déchirures, notamment celles du Trio du Menuet, n’en ressortent que davantage.


Justifié par la chronologie, le choix de jouer le Douzième quatuor (1824) de Beethoven en deuxième position présentait néanmoins pour inconvénient de déséquilibrer la première partie de cette après-midi. Sans solliciter outre mesure le registre expressif, le Quatuor Ysaÿe s’efface également ici devant la partition, maîtrisant sans peine la durée de ce monument hors normes, avec une sobriété qui tend parfois vers une impressionnante raréfaction de la matière (cinquième variation de l’Adagio ma non troppo et molto cantabile). L’attention portée à la finesse des textures convient tout particulièrement à l’insaisissable et bondissant Scherzando vivace, mais la robustesse de l’Alla breve final montre que cette sonorité n’a rien d’uniment lisse.


En seconde partie, les Ysaÿe revenaient à l’un de leurs chevaux de bataille, le Quatuor (1903) de Ravel. D’une homogénéité remarquable, également en ce sens qu’il ne comporte non seulement aucun point faible mais que les individualités ne tentent pas non plus de s’y mettre en vedette, le quatuor français ne cède jamais à la facilité ou aux clins d’œil. Bien au contraire, il n’a pas son pareil pour restituer la manière si typiquement ravélienne de faire ressortir, par brèves effusions, le sentiment qui affleure sous la pudeur du propos.


En bis, le Quatuor Ysaÿe choisit fort opportunément un relatif outsider du répertoire, avec l’Adagio molto du Troisième quatuor (1842) de Schumann.




Simon Corley

 

 

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