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Déchirant

Montreal
Salle Wilfrid-Pelletier
02/18/2004 -  

John Corigliano : Symphonie no 1
Ludwig van Beethoven: Concerto pour piano no 4 en sol majeur, op. 58



André Watts (piano)
Orchestre symphonique de Montréal
Jacques Lacombe (direction)



L’anecdote, sans être croustillante, fait tout de même sourire. C’est le pianiste chinois Lang Lang qui devait être le soliste du quatrième de Beethoven, et annoncé à grand renfort de publicité. Des problèmes de tension musculaires l’ont malheureusement contraint à annuler quelques engagements nord-américains dernièrement, dont les concerts avec l’OSM. C’est André Watts qui le remplaçait, ce même Watts dont une indisposition il y a quelques années à Ravinia valut au jeune prodige des débuts professionnels éclatants (au pied levé), lesquels lancèrent sa carrière. Substitut, substitué. Watts étant un habitué de l’OSM, le véritable événement était la création montréalaise du Corigliano. L’œuvre de larges dimensions est un déchirant cri du cœur, à des lieues d’une intellectualité figée, une bouleversante érection sonore de la souffrance et de l’incompréhension humaines face au fléau du VIH, et Lacombe en a fait exactement cela : un violent désert de pleurs qui laisse dans le cœur un mauvais goût aride et angoissant. Le fait de mettre le Beethoven en deuxième, d’un point de vue strictement suggestif et personnel, ne relevait pas d’un éclair de génie programmatique, loin de là. On est effectivement moins enclin à s’y lancer, en tant qu’auditeur, après l’expérience de cette symphonie. Pourquoi pas avant l’entracte ? Le vétéran pianiste américain en a offert une interprétation néanmoins hautement intéressante, en contradiction complète avec un certain académisme actuel dans la redécouverte de ces classiques. «Romantique» est ici le mot d’ordre absolu (et je vois de loin quelques puristes sourciller). On admire le perlé constant du toucher, cette façon de délivrer un son individuel et rond, d’accorder une juste importance à chaque note sans jamais perdre le sens de la construction de la grande phrase, cette touchante humilité du discours. Le traitement que Watts réserva à l’andante central fut révélateur d’une éventuelle forme de paternité annonciatrice des concertos de Chopin, et sa manière d’y souligner la présence (pas nécessairement évidente) de ces embryons du futur fut spécialement séduisante. On peut questionner (surtout au mouvement initial) certains contrastes de dynamique articulés de façon un peu brutale, mais globalement on eut droit à de très beaux moments.


Renaud Loranger

 

 

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