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La liberté de Maria-Joao Pires

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
02/13/2004 -  
Felix Mendelssohn : La belle Mélusine (ouverture), opus 32
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 4, opus 58
Claude Debussy : Images

Maria-Joao Pires (piano)
Orchestre national de France, Emmanuel Krivine (direction)


Dans un Théâtre des Champs-Elysées affichant complet, l’Orchestre national de France retrouvait Emmanuel Krivine, un chef invité avec lequel il travaille régulièrement (voir ici, ici et ici), dans un programme à la structure classique mais n’en sortant pas moins des sentiers battus.


Ainsi de cette ouverture La belle Mélusine (1833) de Mendelssohn, qui semble avoir inspiré aussi bien L’Or du Rhin que La Moldau. Le chef français, peut-être par expérience de cette «Chambre philharmonique» récemment créée et dont il est par ailleurs le chef principal, a réduit l’effectif à trente-quatre cordes. Du coup, c’est une approche «postbaroqueuse» qu’il privilégie, verte et carrée, bien loin de la mièvrerie que l’on prête parfois injustement à Mendelssohn, au point que la section plus poétique de cette classique forme à deux thèmes manque de souplesse et de rondeur.


Accompagnée par la même formation restreinte, Maria-Joao Pires peut s’exprimer librement et sans forcer le ton dans le Quatrième concerto pour piano (1806) de Beethoven. Comme il y a trois ans dans le Troisième concerto avec le même chef et le même orchestre (voir ici), elle se montre exigeante, originale et d’un sens pianistique étonnant, mais tout sauf extérieure et purement virtuose. L’interprétation de la pianiste portugaise surprend par un jeu parfois sec et dur, par des accents inattendus, presque martelés, en même temps que par une fantaisie que l’on imagine très contrôlée mais qu’elle parvient à ne pas faire ressentir comme telle. Par contraste avec un orchestre imprécis, violent et péremptoire, elle réserve des instants de poésie pure qui semblent ouvrir sur d’autres mondes, notamment dans le saisissant Andante con moto. En bis, elle offre la variation lente de l’Impromptu en si bémol (opus 142 n° 3) de Schubert, nouvelle illustration d’un jeu à la fois concentré, aussi imprévisible en apparence qu’il est certainement très travaillé en profondeur.


Triptyque à l’intérieur du triptyque, Iberia a quelque peu éclipsé Gigues et Rondes de printemps, les deux autres Images (1908-1913) de Debussy, et l’occasion de les entendre intégralement n’est donc pas si fréquente. L’écriture orchestrale, d’une rare opulence chez le compositeur (bois, cors et trompettes par quatre) mais beaucoup moins massive que cet effectif straussien ne le laisserait supposer, semble avoir été conçue pour l’acoustique précise du Théâtre des Champs-Elysées, d’ailleurs exactement contemporain. Musclé et allant, Krivine en livre cependant une lecture assez littérale et démonstrative, certes soignée, comme dans la transition des Parfums de la nuit au Matin d’un jour de fête, mais manquant trop souvent de mystère et de respiration.



Simon Corley

 

 

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