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Merci Muti!

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Teatro degli Arcimboldi
12/07/2003 -  - et les 10, 13*, 16, 19 et 21 décembre 2003
Gioacchino Rossini: Moïse et Pharaon
Ildar Abdrazakov (Moïse, législateur des Hébreux), Erwin Schrott (Pharaon, roi d’Egypte), Giuseppe Filianoti (Aménophis, fils de Pharaon), Tomislav Muzek (Eliézer, frère de Moïse), Giorgio Giuseppini (Osiride, grand prêtre d’Isis), Antonello Ceron (Aufide, officier égyptien), Sonia Ganassi (Sinaïde, épouse de Pharaon), Barbara Frittoli (Anaï, fille de Marie), Nino Surguladze (Marie, soeur de Moïse), Maurizio Muraro (une voix mystérieuse)

Choeur de la Scala (préparation: Bruno Casoni)et Orchestre de la Scala, Riccardo Muti (direction)

Luca Ronconi (mise en scène)

En Italie, l’ouverture de la saison de la Scala, traditionnellement le 7 décembre, est toujours un événement. Dans aucun autre pays, une soirée lyrique n’est attendue avec une telle impatience, les médias faisant monter la pression avec force pages spéciales et suppléments. Et, comme d’habitude, les polémiques ne manquent pas. Cette année, certains se sont demandé comment Riccardo Muti, le directeur musical de la vénérable maison, pouvait raisonnablement, après Iphigénie en Aulide en 2002, choisir une nouvelle fois un ouvrage pratiquement inconnu (Moïse et Pharaon de Rossini), qui plus est chanté à nouveau en français. Au-delà de ces interrogations, ce spectacle présente deux particularités: premièrement, il s’agit de la dernière ouverture de saison au Teatro degli Arcimboldi, les travaux de rénovation de la Scala devant être terminés en décembre 2004; deuxièmement, ces représentations sont la seule nouvelle production de toute la saison 2003/2004, les autres spectacles étant soit des reprises, soit des accueils. Pour un théâtre qui prétend jouer dans la cour des grands, c’est bien peu.

Si, globalement, cette production de Moïse et Pharaon, se situe à un très haut niveau artistique, c’est à Riccardo Muti qu’en revient le principal mérite. Dirigeant sans baguette, comme il le fait habituellement pour les œuvres à caractère religieux, il a su galvaniser les musiciens pour obtenir une gamme infinie de sonorités, une finesse du phrasé, un chatoiement de couleurs et, particulièrement important dans une partition de cette longueur, exécutée sans coupures, des moments de forte tension dramatique, faisant oublier aux spectateurs la notion du temps. Sauf peut-être pendant les intermèdes dansés du IIIe acte, qui ne sont franchement pas des plus inspirés, on ne se surprend à aucun moment à regarder sa montre tout au long des 5 heures du spectacle. Et, pour une fois, le maestro ne bride pas inutilement les interprètes, laissant à chacun, musiciens, choristes et chanteurs, une grande marge de manœuvre, les tempi choisis étant au demeurant plutôt mesurés. Au triomphe de Muti, il faut associer la prestation exceptionnelle du chœur - qui est en fait le personnage principal de l’œuvre -, capable de crescendi à couper le souffle.

Visuellement et vocalement par contre, la production laisse malheureusement des impressions beaucoup plus mitigées. Certes, le dispositif scénique, classique et monumental, conçu par Gianni Quaranta, offre de belles images: un plateau ondulé, disposé légèrement au-dessus de la scène, représente le désert, encadré par des colonnes baroques. Un orgue apparaît à tous les actes comme une sorte de fil rouge, sauf au dernier, où les dunes sont progressivement remplacées par les flots de la mer Rouge, qui finissent par se scinder en deux pour laisser passer les Hébreux. Mais en fait de mise en scène, c’est plutôt de mise en place qu’il faudrait parler pour qualifier le travail de Luca Ronconi, les chanteurs se trouvant le plus souvent immobilisés à l’avant-scène, les bras en l’air.

La distribution, composée de très jeunes chanteurs, est dominée par les deux interprètes féminines. Sonia Ganassi, la seule véritable spécialiste de Rossini, incarne une Sinaïde émouvante, au timbre riche et chaud et à la technique irréprochable. De tous les solistes, c’elle est qui est la plus applaudie. Interprète idéale de Mozart et de Verdi, Barbara Frittoli se mesure pour la première fois à un rôle rossinien. Un début en demi-teinte: si l’intensité dramatique convainc, les passages virtuoses, surtout dans le dernier air, font clairement apparaître des lacunes. Le ténor Giuseppe Filianoti est une révélation: voix lumineuse, aigus aisés, à n’en pas douter il fera très certainement encore parler de lui. Erwin Schrott est un pharaon taillé d’une seule pièce, incapable de nuances, mais à la puissance vocale étonnante, qui a éclipsé le Moïse d’Ildar Abdrazakov, pas assez mûr pour le rôle, et en tout cas particulièrement fâché avec le français.

En résumé, une soirée portée à bout de bras par Riccardo Muti.



Claudio Poloni

 

 

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