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Viva Salieri et Bartoli!

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
12/08/2003 -  et 20/12/2003.
Airs d'Antonio Salieri tirés de divers opéras : La finta scema, La fiera di Venezia
Freiburger Barockorchester
Cecilia Bartoli (mezzo)

Après une série de concerts consacrés à Vivaldi et Glück, Cecilia Bartoli entame une tournée, qui la conduira de Bordeaux à Salzbourg en passant par Paris, entièrement dédiée au compositeur trop peu connu, Antonio Salieri. La musique de celui que l’on présente un peu à tort comme l’ennemi de Mozart est vraiment à (re)découvrir et les travaux de Jean-Claude Malgoire ou de Cécilia Bartoli sont là pour le prouver.



La mezzo reprend dans son récital la majeure partie des airs présentés dans son disque et qui constituent, pour la plupart, des inédits. Cecilia Bartoli aborde depuis quelques années le répertoire baroque et exhume des oeuvres inconnues auxquelles elle redonne toutes leurs lettres de noblesse. Elle organise son récital entre longues scènes dramatiques et airs vifs, plus anecdotiques, et montre ainsi les différentes facettes du compositeur. La chanteuse déborde d’énergie et cela se ressent dans son interprétation car elle donne un sens à chaque mot, elle fait vivre la musique par des petites inflexions, par des consonnes appuyées et principalement les “r” de “vorrei” dans l’air de La finta scema “Se lo dovessi vendere”, dans lequel le personnage explique à quoi devrait ressembler son amoureux. Mais elle sait prendre aussi des accents tendres pour exprimer le désespoir de la Comtesse (double de celle des Noces de Mozart…) dans La scuola de’gelosi “Or ei con Ernestina…” et pour rappeler son amour à son mari avec les mots “Torna, torna, amato sposo”.
Cecilia Bartoli présente aussi des extraits plus gais comme son dernier bis tiré de La grotta di Trofonio “La Ra La” qu’elle chante avec beaucoup d’ironie et de légèreté mais aussi de subtilité terminant son air sur un descrecendo, sorte d’au revoir au public.
La musicienne est également très attentive aux récitatifs qui lui permettent de créer le personnage, ce qui serait plus difficile dans des airs qui laissent davantage place à l’émotion et à l’expressivité qu’au dessin d’une psychologie. Ainsi dans l’air d’Emilia de l’opéra Il Ricco d’un giorno”Amor pietoso Amore”, les derniers mots du récitatif “in pianto” sont criants de vérité et appellent véritablement des larmes.
Quant aux vocalises, la chanteuse n’en est également pas avare comme, par exemple, dans l’air de La fiera di Venezia “Vi sono sposa”. Certes mais Cecilia Bartoli n’engage jamais une vocalise sur le mode du legato et ses notes sont toujours détachées ce qui nuit un peu à la beauté de son chant. Cet air montre aussi les limites de sa tessiture et même si ses aigus sont brillants et lumineux pour une mezzo, ils ne sont pas forcément très représentatifs de son timbre.

Le Freiburger Barockorchester se montre parfaitement à la hauteur pour les tempi parfois vifs et endiablés de la chanteuse comme par exemple dans l’air de La Cifra “non vo’gia che vi suonino”. Le premier violon Petra Müllejans insuffle une énergie et un dynamisme assez incroyables et même dans les parties exclusivement instrumentales comme les variations particulièrement fines de Salieri sur la célèbre Folia d’Espagne. A noter l’intervention du flûtiste et de la clarinettiste qui s’accordent parfaitement avec la voix et qui contribuent à rendre les airs de La scuola de’gelosi encore plus beaux et musicaux.



C’est devant un public en délire venu écouter et Cecilia Bartoli et Antonio Salieri que s’achève le premier des deux récitals parisiens voués à ce compositeur. Un superbe triomphe pour un musicien qui commence à être reconnu et apprécié et pour une chanteuse que rien n’effraie, ni la virtuosité ni l’émotion.



A noter:
- Cecilia Bartoli vient de sortir un disque entièrement consacré à ce compositeur chez Decca mais en compagnie de l’Orchestra of the Age of Enlightenment.


Manon Ardouin

 

 

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