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Un Purcell Royal!

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Théâtre des Arts de Rouen
11/09/2003 -  et le 11/08/2003.
Henry Purcell: King Arthur
Véronique Gens, Hanna Bayodi (sopranos), Cyril Auvity (haute-contre), Joseph Cornwell (ténor), Peter Harvey (baryton)
Le Concert Spirituel
Hervé Niquet (direction)

Poursuivant son parcours dans l’univers de Purcell et après un superbe Didon et Énée, Hervé Niquet offre aujourd’hui une nouvelle version du King Arthur. Nouvelle en partie car il a essayé d’inventer une histoire qui raconterait les aventures du Roi à la recherche de l’Amour, tout en conservant l’ordre et le sens de la musique du compositeur. Pour tenter de rendre la version concertante moins “austère”, les chanteurs et instrumentistes truffent le concert de quelques gags, simples mais efficaces. Pendant l’air du froid, deux musiciens s’entourent de gros manteaux, chapeaux et frissonnent. Le choeur est également très actif en chantant n’importe comment et en démarrant en décalage mais tout est fait avec goût et une complicité évidente s’établit entre les différents exécutants.



Le plateau vocal est de grand luxe et d’anciens spécialistes du baroque sont rejoints par une nouvelle génération plus que prometteuse.
Véronique Gens retrouve, avec grand bonheur, son répertoire de prédilection et Purcell chez qui elle avait déjà trouvé un magnifique rôle en Didon. Après avoir chanté Vénus au Châtelet dans les années 90 sous la direction de William Christie, elle aborde cette fois la partie de soprano plus grave et se sert de son medium nourri et puissant pour soutenir l’ensemble des solistes et lui permettre ainsi d’atteindre un autre niveau et une musicalité qui sans être absente, n’est pas forcément présente à chaque instant. Ses interventions, confirmées par un art consommé, illuminent et dynamisent quelque peu le concert.
La jeune soprano Hanna Bayodi, découverte dans Ester de Ligarti la semaine précédente, remplace Jael Azzaretti. La voix est encore mince et assez peu puissante mais la chanteuse a surtout travaillé le legato qui est très beau et encourageant pour l’avenir. En revanche son instrument manque quelque peu de rondeur et cela se ressent surtout dans les vocalises. Le fameux “fairest Isle” est assez bien mené mais quelques difficultés sont occultées, difficultés dues à une diction parfois approximative sur les notes élevées sur “all Isles” Le timbre de sa voix, et l’agilité qui la caractérise, destine sans aucun doute cette jeune artiste au répertoire baroque. Les voix des deux sopranos se mêlent admirablement dans le duo des deux sirènes de l’acte IV, chacune complétant l’autre.
Après un début assez incertain, Cyril Auvity se reprend et confirme les espoirs placés en sa jeune carrière. Ce haute-contre possède un timbre bien particulier et qui commence à être reconnaissable dans la mesure où il arrive maintenant à se dégager de ses illustres modèles. Ses interventions ne manquent pas d’élégance et ses vocalises sont menées avec grande netteté notamment dans le passage “I call you all” de l’acte I. Il se montre drôle lorsque, pour un jeu de scène, il tente d’empêcher l’autre ténor, Joseph Cornwell, de chanter et qu’en écho il reprend la fin de ses phrases.
Joseph Cornwell ne manque pas d'abattage autant scénique que vocal. L’air “your hay” est emmené avec grande énergie et autant les musiciens que le chanteur s’en donnent à coeur joie et font de ce passage une scène d’anthologie. Les choristes, les solistes et les chanteurs sablent alors le champagne et trinquent tous gaiement. Le reste de la prestation du ténor est d’une grande qualité malgré une diction qui n’est pas toujours excellente.
Peter Harvey, bien connu dans le monde baroque, est parfait que ce soit vocalement ou musicalement. Le fameux passage sur le froid et la mort “What power art thou” est très impressionnant et les violons soutiennent parfaitement en jouant très haché et pianissimo le début instrumental: immédiatement une atmosphère inquiétante, solennelle, presque effrayante se crée. Plus l’air avance, plus le chanteur éclaircie son timbre comme si une sorte d’espoir se dessinait.


A noter l’excellence du choeur du Concert Spirituel. Les choristes jouent avec les mots et, par exemple, mettent en valeur les “r” dans “trust” dans la première scène de l’acte II. Les sorcières de Didon ne sont pas loin…
Hervé Niquet se révèle être un interprète idéal de ce répertoire et il est à regretter que des maisons d’opéra ne lui propose pas de monter scéniquement ces oeuvres car elles seraient exécutées avec grand soin et grande musicalité. Il s’appuie sur un pupitre de violons qui sait enlever une partition et la porter à un très haut niveau notamment à travers les élans énergiques qu’ils insufflent, comme par exemple dans l’ouverture.



Un bien beau concert!



A noter:
- un enregistrement est prévu avec la même distribution.


Manon Ardouin

 

 

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