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Le triomphe de l'absurdité et de l'ironie

Antwerp
De Vlaamse Opera
05/17/2003 -  et les 21, 24*, 27, 29 mai et 1er juin; et à Gent les 2, 4, 7 et 10 mai 2003
Prokofiev: L'Amour des Trois Oranges
Martial Defontaine (Le Prince), Serghej Khomov (Trouffaldino), Kurt Gysen (Le Roi de Trèfle), Chris De Moor (Le Magicien Tchélio), Rolande Van der Paal (Fata Morgana), Marie-Noëlle de Callataÿ (La Princesse Ninette), Romain Bischoff (Léandre), Sophie Marilley (La Princesse Clarisse), Marc Claesen (Pantalon), Piet Vansichen (La Cuisinière), Madeleen Ijsselmuiden (Sméraldine), Jan Carpentier (Faffarello), Fabrice Deroo (le Héraut), Hendrickje Van Kerkhove (Linette), Anja Van Engeland (Nicolette)
Andreas Homoki (mise en scène), Werner Sauer (réalisation de la mise en scène), Frank Philipp Schlössmann (décors), Mechtild Seipel (costumes), Franck Evin (lumières)Jeanne-Marie Vermaele (études musicales), Kurt Bikkembergs (chef des chœurs), Symfonisch Orkest en Koor van de Vlaamse Opera, Balazs Kocsar (direction musicale)
Nouvelle Production au Vlaamse Opera ; coproduction avec le Komische Oper, Berlin (2002)

A l’occasion du cinquantenaire de la mort de Prokofiev, L’Opéra des Flandres propose cette œuvre hors-norme, subtile ; un chef-d’œuvre ironique faisant appel à la capacité de gaieté et à retrouver son âme d’enfant au public plus habitué à des œuvres sérieuses. Avec L’Amour des Trois Oranges nous voilà bien loin de Guerre et Paix ou L’Ange de Feu. Prokofiev nous propose un plaisir plus immédiat, où l’absurde ne cesse de poindre le bout de son nez, où l’ironie est constamment présente, sans pour autant renoncer à une poésie qui nous touche grâce à une production qui tient parfaitement compte de toutes ces dimensions.
Andreas Homoki, responsable de la plus belle mise en scène de La Femme sans Ombre naguère au Grand Théâtre de Genève et au Châtelet, maintenant successeur d’Harry Kupfer au Komische Oper semble s’être vraiment fait plaisir pour monter cette production, plaisir qu’il nous communique sans difficultés. Des difficultés posées par un livret complexe, volontairement tiré par les cheveux, il trouve des idées pour les résoudre avec beaucoup de fantaisie, d’humour et d’exubérance. Il donne aux chœurs la place essentielle que l’œuvre exige, commentateurs de l’action, accélérateurs de celle-ci, complices des personnages (l’évasion des «méchants » » à la fin), des chœurs comme toujours à l Opéra des Flandres parfaitement en place scéniquement comme vocalement. Rajoutons que si le décor de Frank Philipp Schlössmann est simple (un cadre de scène et des accessoires géants, livres en particulier) mais en accord parfait avec le concept d’Homoki, les costumes de Mechtild Seipel, somptueux, hétérogènes, farfelus contribuent à la réussite du spectacle.
Sur le plan musical, pas de regrets non plus, si ce n’est une Fata Morgana, quasiment inaudible, assurément pas à sa place. Martial Defontaine est un superbe prince qui montre bien vocalement le contraste entre son apathie de la première partie et son héroïsme du dernier acte avec une voix qui promet beaucoup.
Kurt Gysen nous avait déjà beaucoup impressionné dans sa courte apparition dans Fidelio en début de saison ; dans un rôle plus conséquent, il confirme la beauté d’une voix splendide et sonore. Attendrissant et bien chantant le Trouffaldino de Serghej Khomov dans une belle composition. Plaisir de retrouver deux voix qui nous avaient récemment inquiétés et qui semblent avoir retrouvés leurs qualités : Chris De Moor en magicien râté et surtout Marie-Noëlle de Callataÿ, belle Ninette qui ratrappe sa dernière et décevante prestation dans Werther. Il faudrait citer le nom de tous les artistes, en particulier celui d’une jeune mezzo prometteuse Sophie Marilley (Clarice) et Marc Claesen (Pantalon), sans oublier l’impayable Cuisinière de Piet Vansichen, mais l’important est d’avoir pu offrir une distribution vocale homogène (à une exception près), très concernée par la pertinence de la mise en scène.
Dans la fosse, Balazs Kocsar mène avec efficacité ses troupes avec un souci de rendre intelligible les chanteurs et de souligner les contrastes entre les passages brillants et ceux où la poésie prédomine.
Une reprise s’impose !



Christophe Vetter

 

 

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