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Une production qui fera date

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De Vlaamse Opera
03/23/2003 -  et les 26, 28, 30 mars et 2 avril à Gent; les 11, 13, 16, 19 et 22 avril 2003 à Antwerpen
Georg Friedrich Haendel : Ariodante
Christine Rice (Ariodante), Lyne Fortin (Ginevra), Laura Nykänen (Polinesso), Olga Pasichnyk (Dalinda), John McVeigh (Lucarno), Christophe Fel (Il Re), Benoît De Leersnyder (Odoardo)
David Alden (mise en scène), Ian Rutherford (réalisation de la mise en scène), Ian MacNeil (décors et costumes), Wolfgang Göbbel assisté de Paul Taylor (lumières), Michael Keegan-Dolan (chorégraphie), Lorena Randi (reprise de la chorégraphie), Kurt Bikkembergs (chef des chœurs), Dieter Vanhandenhoven (continuo clavecin), Brian Seehan (continuo luth)
Symfonisch Orkest van de Vlaamse Opera, Koor van de Vlaamse Opera, Christoph Poppen (direction musicale)
Coproduction avec l’English National Opera, London et le Welsh National Opera, Cardiff (1994)

Avant de laisser exploser l’enthousiasme que déclenche cette représentation de l’Ariodante de Haendel, il faut bien évoquer les deux précédentes productions de l’Opéra des Flandres dont nous n’avions pas encore rendu compte. La reprise de la production de Guy Joosten de Cosi Fan Tutte (donnée 13 fois en décembre et janvier et vue le 11 janvier) confirme le coup de bluff que Joosten s’autorise grâce à un décor impressionnant (transposition contemporaine dans un Palace avec vue sur la baie de Naples) en passant à côté de l’œuvre et de ses subtilités. La solide distribution est dominée par la Fiordiligi prometteuse (mais prudente) d’Annette Dasch, qui, à 26 ans, fera parler d’elle prochainement, en particulier à la Monnaie dans Il Re Pastore et au Théâtre des Champs-Elysées lors de la reprise des Nozze di Figaro avec René Jacobs. La grande satisfaction venait de la direction souple, rapide, contrastée de Jos van Immerseel, immense musicien.
Pour Werther, c’est aussi le chef d’orchestre qui a le plus tiré son épingle du jeu : Patrick Fournillier est un des grands spécialistes de Massenet et l’on comprend bien pourquoi, tant il donne à cette musique de couleurs, de précision, la débarrassant de toute mièvrerie superflue. La production de Willy Decker venue d’Amsterdam est bien connue et assez réussie dans un dépouillement scénographie qui rappelle sa vison d’ Eugene Oneguine (actuellement reprise à la Bastille), mais n’étant pas revenu lui-même régler sa mise en scène, la direction d’acteur semble édulcorée. D’autant que la distribution n’a rien d’exceptionnelle : le Werther falot de Gérard Powers et la Charlotte émouvante mais perdant sa voix (du moins le 2 mars) au troisième acte d’Ann Hallenberg sont loin de l’idéal ; Marie-Noëlle de Callataÿ à la voix défaite et Jean-Philippe Courtis, définitivement brouillé avec la justesse sont heureusement rattrapés dans les seconds rôles par l’impeccable Albert de Brett Polegato (déjà Guglielmo dans le Cosi).

Mais revenons aux splendeurs de cet exceptionnel Ariodante venu de Londres et Cardiff. Si l’on déplore comme pour Orlando l’été dernier l’utilisation d’un orchestre moderne renforcé par deux instruments d’époque, perdant par ce procédé la souplesse, la vigueur percutante, la légèreté aussi, les contrastes marqués dont Haendel a besoin, le chef allemand Christoph Poppen arrive à mieux limiter les dégâts que Paul Goodwin, en particulier en donnant plus de vie et d’énergie aux récitatifs.
La mise en scène de David Alden reprise avec soin par Ian Rutherford utilise de manière intelligente et sensible la superbe scénographie de Ian MacNeil, réussissant une parfaite caractérisation des personnages. Les tableaux se succèdent plus beaux les uns que les autres, les couleurs variant selon l’intrigue qui est parfaitement respectée.
La chorégraphie de Michael Keegan-Dolan et réglée par Lorena Randi est particulièrement efficace (le cauchemar de Ginevra impressionne fortement) et pose avec une habile pointe d’humour la question de l’opposition entre baroque et contemporain dans l’interprétation chorégraphique d’une telle œuvre.
La distribution réunie a non seulement le mérite d’être homogène mais aussi de se montrer très attentive à cette mise en scène, permettant aux trois heures de passer sans tunnels.
Christine Rice est particulièrement convaincante dans le rôle titre par la beauté de son timbre, l’autorité de l’accent et sa capacité à vocaliser qu’elle pourrait améliorer (absence de trilles dans les ornementations des da capo) ; annoncée souffrante (et cela se voyait), Lyne Fortin force d’autant plus l’admiration en Ginevra que son état ne l'a pas empêché de chanter avec justesse, style et émotion, faisant preuve d’une solide technique. Olga Pasichnyk est tout aussi séduisante, proposant une projection vocale impressionnante et jouant avec une troublante sensualité. Laura Nykänen, le méchant de l’histoire, nous glace le sang avec ses regards effrayants et qui en disent longs tandis que la voix se déploie sans effort. Christophe Fel et John McVeigh souffrent eux de quelques écarts de justesse compensés par une justesse stylistique appréciable.



Christophe Vetter

 

 

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