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L’atelier de Cellini trop exigu

Paris
Théâtre Mogador
04/02/2003 -  et 4 avril 2003
Hector Berlioz : Benvenuto Cellini
Opéra semi-sérieux en deux actes, version de concert
Hugh Smith (Benvenuto Cellini), Annick Massis (Térésa, fille de Balducci), Vincent Le Texier (Balducci, trésorier papal), Philippe Duminy (Fieramosca, sculpteur au service du pape), Matthias Hoelle ( Le Pape Clément VII), Adrian Dwyer ( Francesco, artisan de l’atelier de Cellini), Nicolas Testé ( Bernardino, artisan de l’atelier de Cellini), Pierre Doyen ( Pompeo, spadassin), Loïc Félix ( Cabaretier), Isabelle Cals ( Ascanio, apprenti de Cellini)
Chœurs de l’Armée Française, Pascale Jeandroz
Ensemble vocal Michel PiquemalMichel Piquemal
Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach (direction)


La première de Benvenuto Cellini (composé entre 1834 et 1838) fut donnée à l’Opéra de Paris en septembre 1838, avec le célèbre ténor Duprez (auteur du non moins célèbre UT de poitrine dans Guillaume Tell) mais qui n’en assura que trois représentations jugeant l’œuvre inchantable ! Un autre chanteur repris le rôle mais Berlioz retira son œuvre de l’affiche. Liszt la reprit à Weimar en version écourtée en 1852 puis Berlioz à Covent Garden en 1853, mais devant le nouvel échec il la retira à nouveau.
Jusque dans les années 1950 elle fut toujours interprétée dans la version la plus courte. Depuis une quarantaine d’années il y eut un certain nombre de reprises fondées sur celle de la création parisienne et reprise ce soir à Mogador.
Donner une œuvre requerrant tant de solistes (10) d’exécutants (90) et une bonne centaine de choristes demande une salle exceptionnelle aux dimensions imposantes, ce qui est loin d’être le cas du théâtre Mogador. La scène du «Carnaval romain» en perd beaucoup de son intensité, de son atmosphère, et l’impression de force décibels en devient obsédante voire dérangeante. Les solistes sont totalement noyés, la vision de chanteurs ouvrant et fermant la bouche dans ce brouhaha devient grotesque, faisant oublier la complexité de l’écriture orchestrale.
Seule Annick Massis a su donner au rôle de Térésa la suavité, douceur et parfois vigueur à son chant dont l’ornementation est toujours aussi sûre.. Que de chemin parcouru depuis son Tancredi à Marseille en juin 2001 ! La voix a pris de l’épaisseur, de la couleur et gardé le son élégiaque dans les notes suraiguës jamais criées. De plus même en version de concert, elle laisse poindre un talent de comédienne (déjà remarqué dans Adèle du Comte Ory), particulièrement dans son air du 1er acte « quand j’aurai votre âge, chers parents » avec des mimiques de jeune ado aux prises avec l’incompréhension des adultes… on peut penser que cette soprano française dont la carrière se déroule avec un «sans faute », va aborder prochainement des rôles plus corsés qui vont lui permettre d’élargir son répertoire.
Le rôle titre est tenu par Hugh Smith (futur Enée des Troyens au Châtelet à la prochaine saison). La méconnaissance de la langue française est un très lourd handicap pour ce ténor américain. On entend trop ses efforts énormes de prononciation et d’articulation pour en fait n’émettre qu’une bouillie la plupart du temps incompréhensible. Son émission est sonore, quoique parfois un peu poussée. Cependant il a su aborder son duo avec Térésa d’une voix mixte dans « le passage » dont beaucoup de ténors devraient s’inspirer lorsqu’ils chantent Berlioz.
Il est dommage que Philippe Duminy ne soit pas plus distribué sur nos scènes lyriques parisiennes car ce baryton français possède une voix ronde, souple et claire. Il a partagé avec Annick Massis les applaudissements nourris et salués de « bravo » durant cette soirée.
Les autre rôles ont été parfaitement tenus avec une mention spéciale pour le « Ascanio » d’Isabelle Cals qui a semblée plus à l’aise et plus percutante que dans son «Isolier » du Comte Ory ( voir concertonet.com ) .
La direction musicale de Christoph Eschenbach a été ferme et concise avec ce rien de pathos voulue par le compositeur.
On comprend le combat de cet actuel directeur musical de l’Orchestre de Paris (qui a décidé de prolonger de trois ans son contrat avec la phalange française) pour que les pouvoirs publics se penchent enfin efficacement sur le problème d’avoir une salle parisienne de concert digne de ce nom.




E.G.Souquet

 

 

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