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Présence lilloise et néanmoins capitale

Paris
Maison de Radio France
02/11/2003 -  

Graciane Finzi : Moments
Hans Werner Henze : Symphonie n° 5
Kurt Weill : Les sept péchés capitaux des petits-bourgeois


Anja Silja (soprano), Jean Delescluse (ténor), Michel Fockenoy (ténor), Jean-Louis Serre (baryton), Bernard Deletré (basse)
Orchestre national de Lille, Jean-Claude Casadesus (direction)


Pour sa première participation au festival Présences, l’Orchestre national de Lille a fait salle comble, au point que certains de ceux qui s’étaient déplacés pour cette soirée n’ont finalement pu accéder à l’auditorium Olivier-Messiaen.


Les Nordistes proposaient d’abord une œuvre due à leur «compositeur en résidence» (pour les années 2001-2003) et dédiée à leur directeur, Jean-Claude Casadesus. Moments (2002) de Graciane Finzi consiste en quatre pièces d’une durée totale de dix-neuf minutes, faisant appel à une formation de type romantique simplement augmentée d’un piano et de quelques percussions. La partition se réclame également d’un certain romantisme : Prélude dramatique alterne ainsi noirceur et lyrisme, tandis que Transparence cultive un hédonisme sonore qui s’inscrit sans surprise dans la tradition française. Musique de chambre présente successivement le même texte dans deux instrumentations différentes et l’on éprouve parfois le curieux sentiment d’entendre du Poulenc orchestré par Webern. Le final rend hommage au rythme et, emmené par les percussions, s’achève dans une vigoureuse démonstration de force, qui tiendrait à la fois des Pins de Rome de Respighi et des Danses rituelles de Jolivet.


Figure centrale de ce concert et de Présences 2003, Hans Werner Henze était représenté, pour ce concert, par sa Cinquième symphonie, composée en 1962 pour Leonard Bernstein. Il précise que son «propos a été de peindre dans un sens théâtral des joies et des conflits sensuels suggérés par le bonheur voluptueux de la Rome du XXe siècle, ses habitants, sa campagne et ses environs, et même son dialecte un peu dur en comparaison de celui de Naples» où il habitait auparavant. Destinée à un effectif à la fois inhabituel (privé de la rondeur des clarinettes et des bassons) et important (flûtes, hautbois, cors, trompettes et trombones par quatre, deux pianos, deux harpes, percussion et cordes), cette symphonie en trois mouvements présente des caractères communs avec les symphonies précédemment entendues à Radio France : l’influence de Stravinski, aussi bien dans le rythme que dans la finesse d’écriture de sa période sérielle ; la fidélité à un expressionnisme et à des tournures paroxystiques qui rappellent Hartmann, mais aussi la délicatesse des timbres et la mise en valeur d’instruments solistes (en l’espèce, la flûte alto, l’alto et le cor anglais dans l’Adagio, véritable répit avant l’implacable Moto perpetuo final). Toutefois, cette Cinquième possède suffisamment de caractère pour se détacher du corpus des dix symphonies et l’on n’a aucun mal à imaginer Bernstein dirigeant cette œuvre à la fois rigoureuse dans sa structure et souvent véhémente dans son expression.


Les occasions d’entendre en concert Les sept péchés capitaux des petits-bourgeois (1933), commandés par George Balanchine sur un texte de Bertolt Brecht et une musique de Kurt Weill, sont bien trop rares pour que l’on ne se félicite pas d’une telle initiative. Au demeurant, la programmation de ce «ballet chanté» dans un festival consacré à Henze se justifiait pleinement, tant en raison de son engagement politique que de sa passion pour la scène. Pour couronner le tout, c’est à la légendaire Anja Silja qu’était confié le rôle d’Anna. On regrettera d’autant plus que l’orchestre, certes initialement prévu pour la fosse, ait parfois eu tendance à couvrir le Sprechgesang clair et sensible de la cantatrice allemande. Hormis cette réserve, l’approche de Casadesus offrait un subtil dosage entre la «nouvelle objectivité» germanique des années 1920 et l’esprit du «Groupe des Six» pour une partition composée et créée, somme toute, à Paris, première étape de l’exil de Weill.


Concert diffusé sur France Musiques le vendredi 21 février à 15 heures.



Simon Corley

 

 

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