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Trois visions de la mort

Nantes
Théâtre Graslin
05/03/2002 -  et 5* et 7 mai 2002
Giacomo Puccini : Le Triptyque, Il Tabarro (La Houppelande), Suor Angelica , Gianni Schicchi (La divine comédie de Dante)
Barry Anderson (Michele/ Gianni Schicchi), Lisa Houben (Giorgetta/ Angelica), Brandon Jovanovich (Luigi / Gherardo), Valery.Serkin (Tinca / Rinuccio), Jacqueline Mayeur (Frugola / Zita), Roberta Canzian (Zia Genovieffa / Lauretta) Nina Romanova (Principessa)
Orchestre National des Pays de Loire, Chœurs et Maîtrise de l’Opéra de Nantes, Emmanuel Joel (direction)
Arnaud Bernard (mise en scène)


Ce dimanche 5 mai 2002, l’Opéra de Nantes, en coproduction avec le théâtre d’Angers, vient de proposer une nouvelle production du Triptyque, dernier opéra achevé de Puccini qui vit le jour au Met à New York le 14 décembre 1918. Cette œuvre est rarement jouée dans son intégralité : Il Tabarro ou le drame de l’horreur, Suor Angelica ou un huit-clos sentimental, et Gianni Schicchi façon comedia dell’Arte, seul ouvrage comique de Puccini. Ces trois volets ont été représentés en trois époques et trois styles différents : vérisme, drame bourgeois et farce. En effet ces trois opéras ne constituent pas une suite narrative et n’ont en commun que le thème de la mort. Il Tabarro se situe au XXème siècle au moment du chargement d’une péniche sur la Seine et narre un amour fou au sein d’une relation à trois. Suor Angelica, est au XVIIème siècle dans le cloître d’un couvent avec l’évocation de différents types de caractère des religieuses et la revendication du rôle de mère de l’une d’entre elle qui va jusqu’au suicide. Tandis que Gianni Schicchi se déroule à Florence dans la chambre à coucher d’un défunt dont la famille se dispute vénalement l’héritage. La mise en scène d’Armand Bernard, les décors et costumes de Bruno Schwengl, les lumières de Patrick Meëus accompagnent les actions : péniche en bois et quai surplombant la scène, pénombre et couleurs sombres dramatiques ; puis réfectoire s’apparentant à une cantine scolaire totalement dépouillée, s’éclairant de la lumière crépusculaire et de l’évocation de la Mère la Vierge Marie, enfin une chambre avec des fresques murales très délabrées à l’atmosphère faussement morose. Cet ensemble classique, éclairé comme il se doit (et non pas plongé dans une obscurité très à la mode sur les scènes internationales) n’a pas souffert de transpositions intempestives, ni de rajouts soi-disant novateurs ! Dans les rôles redoutables de Giorgetta (Il Tabarro) et Suor Angelica, Lisa Houben, soprano lyrique hollandaise, a stupéfié l’auditoire par sa voix exceptionnelle : le grave est présent, le médium riche en sonorité et l’aigu très musical, les notes hautes jamais criées sont contrôlées et lancées avec maîtrise. Sa Giorgetta servie par sa propre plastique est aguichante sans provocation inutile. La sobriété a marqué sa Suor Angelica et son grand air «Senza Mamma», très émouvant a touché l’auditoire. Il serait injuste de ne pas souligner les excellentes prestations de Barry Anderson (baryton australo-italien : Michele et G.Schicchi), Brandon Jovanovich (ténor américain : Luigi) et Roberta Canzian (soprano italienne : Lauretta) très remarquée dans le fameux «O mio Babino caro» avec sa voix chaude, ronde et bien placée. L’orchestre National des Pays de Loire placé sous la direction de Emmanuel Joel a donné une lecture diversifiée de ce Triptyque : parfois violente, romantique, et bouffa. Par contre, il serait souhaitable de tempérer les cuivres et les timbales dans ce joyau de petit théâtre.




E.G.Souquet

 

 

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