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Romantisme sans boursouflures

Paris
Salle Pleyel
12/21/2001 -  

Magnus Lindberg : Gran duo (création française)
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano n° 2, op. 18
Richard Strauss : Ainsi parlait Zarathoustra, op. 30



Barry Douglas (piano)
Orchestre philharmonique de Radio France, Jukka-Pekka Saraste (direction)


Ecrit à l’attention du City of Birmingham symphony orchestra et du Royal festival hall de Londres pour célébrer l’an 2000, créé par Simon Rattle et écrit pour un ensemble regroupant treize bois et onze cuivres, Gran duo ne fait pas référence, par son titre, à une quelconque prestation soliste ou vocale, mais à l’opposition des registres aigu et grave. En présence notamment de Kajia Saariaho et de Pascal Dusapin, la création française de cette pièce d’une durée de vingt minutes environ confirme les caractéristiques du style développé par Lindberg depuis les années 1990: virtuosité d’écriture et continuité du discours, résultant paradoxalement de la succession très rapide de micro-éléments, à la manière de Sibelius ou Janacek. Si l’on entend également, ici ou là, Debussy, Bartok, Ives ou Varèse, la formation retenue ainsi que certaines sonorités ou tournures, tels ces brefs chorals des cuivres, rappellent inévitablement les Symphonies d’instruments à vent de Stravinski. On pourrait se trouver en plus mauvaise compagnie, d’autant que les bois et les cuivres de l’Orchestre philharmonique de Radio France s’en donnent à cœur joie.


Prenant la place d’Hélène Grimaud, souffrante, Barry Douglas relève sans peine le défi dans le Second concerto pour piano de Rachmaninov. Volontiers, mais pas exclusivement, athlétique, voire martelé, son jeu fait particulièrement impression dans la pyrotechnie de l’allegro scherzando. A l’unisson, le pianiste irlandais et le chef finlandais abordent cette partition avec plus d’intériorité et de retenue que ce que l’on entend d’ordinaire, tant dans l’expression que dans les tempi. Mais cette lenteur n’est jamais destinée à solliciter excessivement une partition hélas si souvent assimilée à de la guimauve, car les interprètes expriment une noblesse sans concessions, s’autorisant fort peu de rubato. On pourra leur reprocher de sacrifier parfois l’élan au détriment d’une passion plus intériorisée, mais les effusions sont d’autant plus remarquables qu’elles affleurent de façon fugace.


En bis, Barry Douglas donne le Prélude de Pour le piano de Debussy. Il n’hésite pas à forcer sur la dynamique et le spectaculaire, de telle sorte que l’on croit parfois entendre du Prokofiev. Rapprochement tout à fait justifiable, au demeurant, car on serait bien en peine de trouver la moindre trace d’impressionnisme dans ce Debussy admirateur des maîtres anciens, néo-classique avant la lettre.


Exactement contemporain de ces œuvres de Rachmaninov et de Debussy, Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss bénéficie de la même conception: fougue et rigueur exemptes de boursouflures, maîtrise exceptionnelle des phrasés au service d’une lecture intense, tendue et lyrique. L’orchestre, familier de ce répertoire depuis l’ère Janowski, sonne magnifiquement. Décidément, s’il n’y avait finalement eu Chung, on aurait fort bien pu se « contenter » de Saraste au Philhar’...




Simon Corley

 

 

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