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Maturités

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
12/20/2001 -  

Erich Wolfgang Korngold : Sinfonietta, op. 5
Richard Wagner : Wesendonck-Lieder - Le Crépuscule des dieux (scène finale)


Hildegard Behrens (soprano)
Orchestre national de France, Vassili Sinaïski (direction)

Malgré une timide redécouverte au cours des dernières années et la récente production de son opéra La Ville morte, le nom de Korngold ne figure pas encore très souvent à l’affiche en France. Et encore moins avec sa Sinfonietta, pourtant créée, en son temps, par Weingartner et la Philharmonie de Vienne, puis dirigée par Nikisch et Richard Strauss, excusez du peu. Quoique composée à l’âge de quinze ans, en 1912, elle ne mérite en rien le qualificatif d’œuvre de jeunesse: même son élan juvénile devait rester l’une des caractéristiques qui rend la musique du Wunderkind viennois immédiatement reconnaissable entre toutes. Si les influences sont clairement perceptibles (R. Strauss plus que Mahler, mais aussi Zemlinsky et même Puccini), la voix de Korngold s’y affirme déjà pleinement: ces amples mélodies et cette orchestration chatoyante n'appartiennent qu’à lui.


Tant sa durée (près de trois quarts d’heure) que son instrumentation (bois par trois, six cors, quatre trompettes, trois trombones et tuba, célesta/piano, cinq percussionnistes et deux harpes, cordes) évoquent bien davantage une symphonie qu’une sinfonietta, au point que la maîtrise des grandes formes paraît parfois incertaine dans les mouvements extrêmes. Ce n’est donc peut-être pas la partition qui rend le plus justice à Korngold: une œuvre plus ramassée, ou la poignante Symphonie en fa dièse majeur, écrite quarante plus tard, auraient sans doute été plus convaincantes, même si le meilleur du compositeur se trouve déjà dans le molto andante, marqué « rêveur », de cette Sinfonietta.


Le chef russe Vassili Sinaïski met l’accent sur une vigueur robuste, un peu fruste et massive, mais tout à fait efficace dans le scherzo. Solide, un rien statique, il privilégie, non sans raison, le caractère spectaculaire de cette musique, notamment dans le finale: Korngold ne devait-il pas devenir, vingt ans plus tard, un exceptionnel pourvoyeur de musiques pour Hollywood?


L’attraction principale du concert, comme le montrait l’ordre dans lequel il se déroulait, devait cependant être la venue de Hildegard Behrens. Le public est prévenu de ce que la soprano allemande, qui va sur ses soixante-cinq ans, a accepté de se produire malgré une « forte grippe »... et le redoutable programme qu’elle a choisi. Si la musicalité, mais aussi la justesse des aigus, ne semblent en rien affectées par la maladie, l’homogénéité entre les différents registres et la régularité de l’émission laissent toutefois à désirer. Mais l’intelligence du texte joue à plein dans les Wesendonck-Lieder, tandis que la voix conserve suffisamment de puissance pour la scène finale du Crépuscule des dieux. L’accompagnement de Sinaïski, tant dans l’intimisme des lieder (avec seulement quarante musiciens) que dans les grands déferlements de la fin du Ring, traduit un remarquable engagement.




Simon Corley

 

 

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