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Drame sous le regard des autres

Bruxelles
La Monnaie
10/30/2001 -  et les 2, 4*, 6, 8, 11, 13 et 15 novembre 2001
Leos Janacek : Katia Kabanova
Angela Denoke (Katia Kabanova), David Kuebler (Boris Grigorjevic), Livia Budaï (Marfa Ignatjevna Kabanova, la Kabanicha), Rainer Trost* (Vana Kudrjas), Christine Rice (Varvara), Hubert Delamboye (Tichon Ivanyc Kabanov), Henk Smit (Savjol Prokofjevic Dikoj), Marcus Jupither (Kuligin), Caroline de Vries (Glasa), Beata Morawska (Feklusa), Ulrich Voss (un Homme), Ludwig Hampe (Viole d’amour), Nathalie Van de Voorde (une Femme), Marc Richard (un Homme)
* sauf les 11, 13 et 15 novembre, rôle chanté par Matthew Polenzani
Christoph Marthaler (Mise en scène), Anna Viebrock (Décors et Costumes), Olaf Winter (Lumières), Thomas Stache (Chorégraphie), Renato Balsadonna (chef des Chœurs et des Chœurs d’enfants), Orchestre symphonique et Chœurs de la Monnaie, Sylvain Cambreling (Direction musicale)
Nouvelle Production en coproduction avec le Festival de Salzbourg 1998 et le Théâtre du Capitole de Toulouse

Inaugaurée au Festival de Salzburg 1998 dont elle fut l’une des plus grandes réussites, cette production de Katia Kabanova succède à la vision très épurée de Philippe Sireuil qui marqua l’ère de Gérard Mortier à la Monnaie il y a une quinzaine d’année. Le metteur en scène Christoph Marthaler situe l’action de cet huis clos étouffant dans une sorte de cité HLM d’un pays de l’Est d’avant la chute du Mur de Berlin. Le décor unique époustouflant d’Anna Viebrock représente une sorte de courée dominée par l’impressionnante chambre ouverte de la Kabanicha qui semble ainsi contrôler tout son entourage ; pas un détail ne manque dans cette chambre, de la broderie au-dessus de l’imposant lit à la télévision désespérément en panne pour exprimer le sordide du personnage. Autour, les murs sont lézardés ou écaillés et au-dessus se trouvent des fenêtres d’où regardent ces «voisins et amis » que remerciera laconiquement la Kabanicha dans sa dernière réplique, témoins voyeurs du drame terrible qui se joue devant eux. Seul élément contestable de cette scénographie, la fontaine verdâtre où s’y est échoué un cygne, un peu ridicule lorsque jaillissent des jets d'eau sensés représenter les poussées libidineuses des personnages ! Cette réserve mise à part, l’on est convaincu par l’intelligence de la démarche tout à fait respectable, même si par moment ce parti pris d’une vision extrêmement sociale de l’œuvre nous prive des moments poétiques et rêveurs écrits par Janacek. Les costumes, également signés par Anna Viebrock, caractérisent aussi de manière forte les personnalités de chacun des protagonistes.
De retour à la Monnaie, à la tête d’un Orchestre désormais d’un niveau supérieur, Sylvain Cambreling sait parfaitement doser les contrastes d’une partition magnifique, trouvant les sonorités âpres et les tempi haletants lors des moments où la violence des relations s’exprime sans sacrifier au lyrisme que certaines scènes exigent. Une grande réussite montrant l’affinité de ce musicien avec l’univers de Janacek.
La distribution s’est peu modifiée depuis les représentations salzbourgeoises, mis à part, et là est le problème, le rôle de la Kabanicha, si superbement interprété par Jane Henschel alors et maintenant confié à la banale et vocalement débraillée Livia Budaï dont l’engagement sur les scènes belges reste un mystère. Dagmar Peckova initialement devait revenir mais finalement a été remplacée dans le rôle de Varvara par une véritable découverte, une jeune mezzo anglaise à la voix solide et au tempérament indéniable : Christine Rice. Rainer Trost est un excellent Kudrjas, pourtant éloigné de son habituel répertoire mozartien. Hubert Delamboye dans le rôle effacé de Tichon est un véritable luxe : ce chanteur sous-estimé est un Tristan non négligeable! Plus en retrait, Henk Smit joue plus qu’il ne chante Dikoj.
Restent les deux principaux protagonistes, un peu décevants sur le plan strictement vocal : la voix de David Kuebler se projette maintenant avec plus de difficultés mais il campe un bouleversant Boris ; Angela Denoke est bien le personnage à la fois fragile et déterminé mais la justesse est problématique, en début de représentation surtout; sa sensibilité heureusement sauve une interprétation que l’on n’oubliera pas de sitôt.



Christophe Vetter

 

 

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