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Un Requiem shakespearien

Paris
Philharmonie
03/26/2019 -  et 22 (Perm), 24 (Moscou), 28 (Bruxelles), 30 (Köln) mars, 1er, 2 (Hamburg), 5 (Wien), 8 (Genève), 12 (Milano), 14 (Aix-en-Provence), 16 (Athinai) avril 2019
Giuseppe Verdi : Messa da requiem
Zarina Abaeva (soprano), Varduhi Abrahamyan (mezzo), René Barbera (ténor), Tareq Nazmi (basse)
musicAeterna (Chœur et Orchestre de l’Opéra de Perm), Teodor Currentzis (direction)


T. Currentzis (© Anton Zavjyalov)


On l’avait découvert grâce à Gerard Mortier, en 2008, dans un Don Carlos très débraillé. Macbeth, ensuite, fut beaucoup mieux venu. Voici maintenant le Requiem, qui montre à quel degré de maturation est parvenu Teodor Currentzis. Certes il aime toujours les contrastes de tempo et de nuances, les déflagrations abruptes : le Kyrie est d’une lenteur dolente, le Dies irae a des accents d’apocalypse, avec des cuivres secs et des timbales furieuses, une douce ferveur nimbe l’Offertoire. On est entre cris et chuchotements – de l’orchestre et du chœur. Il y a ici quelque chose de shakespearien, ce souffle qu’on a en vain cherché à travers l’Otello de Bastille. Mais comme il tient tout cela ! Les lenteurs ne sont pas étirement, les rubatos ne dégoulinent pas : la vision – tel est bien le mot – reste unitaire, trouvant dans cette unité un surcroît de puissance. La direction creuse la dynamique comme rarement, aidée par un chœur magnifique : pierre d’achoppement pour beaucoup, on n’entend pas souvent des Sanctus aussi clairs, aussi nuancés, aussi fidèles à la partition. Currentzis semble très libre, mais il a regardé l’œuvre au fond des yeux.


Le quatuor soliste est homogène, même s’il présente quelques failles. A Zarina Abaeva, par exemple, font défaut un médium et un grave plus soutenus, surtout pour le Libera me – qu’elle attaque malencontreusement une tierce trop haut... Mais le phrasé, la beauté de l’aigu, la subtilité des pianissimi le font oublier. Beau mezzo d’opéra, Varduhi Abrahamyan – elle remplaçait Hermine May – n’a rien à craindre du Liber scriptus, sachant s’alléger pour le Recordare ou l’Agnus Dei, manquant seulement parfois d’un surcroît de subtilité et de contrôle du vibrato – le Lux aeterna pourrait être plus fuselé. Rien à dire, en revanche, sur les voix masculines. Au-delà d’un joli timbre, René Barbera phrase en styliste et ne connaît pas seulement le forte ou le mezzo-forte, offrant un Hostias suspendu sur le souffle. Tareq Nazmi, enfin, possède la vraie tessiture de la partie de basse, qui donne tout son relief à Confutatis, maledictis, avec un timbre chaud et une ligne impeccablement modelée. Superbe Requiem, que les musiciens, vêtus de robes longues noires, jouent debout.



Didier van Moere

 

 

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