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To be or Nott to be

Paris
Cité de la musique
07/13/2001 -  
Gérard Grisey : Modulations
Helmut Lachenmann : Mouvement (-vor der Erstarrung)
György Ligeti : Concerto pour violon


Terence Tam, Ashot Sarkissjan (violon)
Stagiaires de l’académie de musique du XXème siècle, Jonathan Nott (direction)

Le second concert d’orchestre de l’académie biennale de musique du XXème siècle (voir par ailleurs sur ce site le concert du 12 juillet) est venu confirmer la réussite, tant publique que musicale, de cette quatrième édition, autour de trois œuvres qui n’ont peut-être en commun que la recherche de l’inouï.


Quatrième des six pièces du cycle Les espaces acoustiques de Gérard Grisey, Modulations (1977) pour trente-trois musiciens présente de lentes et subtiles transitions de la violence à la douceur, de la puissance à l’inaudible. Au-delà de la seule démarche spectrale, ces vagues faussement figées offrent une étude de sonorités qui abolit en grande partie les repères traditionnels d’écoute, tout en évoquant, ici ou là, Varèse ou Xenakis. Dans ce qui ne pourrait être que le règne d’un arbitraire erratique, Grisey, guidé par une intuition poétique très sûre, évite ces deux écueils que seraient la facilité aussi bien que l’aridité.


Helmut Lachenmann démontre une fois de plus dans Mouvement (-vor der Erstarrung) (1984) qu’il est un compositeur de l’extrême. Dans ce vaste scherzo virtuose, il transpose en musique le surréalisme de Duchamp ou l’art brut de Dubuffet: ludique (tous les modes de jeu, même les plus insolites, des différents instruments sont employés avec gourmandise), dérisoire (la formation requiert trois « claviers-jouets », Klingspiele), toujours en mouvement (le discours, réduit en miettes, passe incessamment d’un pupitre à l’autre), souvent fantomatique et laissant une grande place au silence, il réussit le tour de force de rendre incongrues les sonorités traditionnelles, lors de leurs rares apparitions. Un intéressant compromis de concept et de divertissement.


C’est sans doute le Concerto pour violon (1992) de Ligeti qui, bien que d’un style volontairement disparate, se présente comme le plus traditionnel de facture, depuis sa construction en arche jusqu’à ses nombreuses références au passé en passant par son souci de ménager au soliste une cadence finale et virtuose. La richesse de la texture orchestrale ne facilite pas la tâche de Terence Tam et Ashot Sarkissjan qui, comme les pianistes la veille dans Des canyons aux étoiles…, se sont partagé la partie de violon. Indéniablement tendus, et on le serait à moins, ils n’en parviennent pas moins à restituer le lyrisme du triptyque Aria, hoquetus, choral ou de la Passacaille.


Tout au long du programme, Jonathan Nott, directeur musical de l’Ensemble intercontemporain, galvanise ses jeunes troupes avec un étonnant mélange de précision et de détente. A l’issue du concert, les solistes de l’Ensemble, qui ont encadré les stagiaires pendant quinze jours, viennent légitimement recueillir sur scène leur part du succès.




Simon Corley

 

 

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