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Les larmes de Puccini

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De Vlaamse Opera
06/23/2001 -  et 12, 15, 17, 19, 21 juin (Gent), 1er, 4, 6, 8, 10, 12 juillet (Antwerpen) 2001
Giacomo Puccini: La bohème
Cheryl Barker (Mimi), Julian Gavin (Rodolfo), Mariusz Kwiecien (Marcello), Rebecca Caine (Musetta), Daniel Borowski (Colline), Werner Van Mechelen (Schaunard), Piet Vansichen (Benoit/Alcindoro), Vesselin Ivanov (Parpignol), Patrick Cromheeke (Doganiere), Miguel Torres (Sergente dei doganieri), Hugo Vanheertum (Venditore di pruni), Arne Van Der Ven/Moritz Meisel (Un ragazzo)
Robert Carsen (mise en scène), Michael Levine (décors et costumes), Jean Kalman (éclairages), Ian Burton (dramaturgie), Michael Popper (chorégraphie)
Koor en Kinderkoor van de Vlaamse Opera, Peter Burian (chef de chœur), Symfonisch Orkest van de Vlaamse Opera, Massimo Zanetti (direction musicale)


Pour conclure une saison particulièrement réussie, l’Opéra des Flandres propose une reprise de la production désormais classique de la Bohème par Robert Carsen crée en 1993 dans le cadre d’un cycle Puccini et déjà reprise en 1997. Robert Carsen est revenu lui-même retravailler sa mise en scène si intelligente et si sensible, sachant comme nul autre diriger les chanteurs qui, malgré des failles vocales chez certains, forment grâce à lui une véritable équipe d’interprètes qui nous émeuvent au plus haut point. Une Bohème pas comme les autres grâce à la vision de Carsen qui décentre partiellement l’histoire du couple Mimi-Rodolfo à l’ensemble des personnages perdant ainsi leur statut secondaire et devenant des personnalités individualisées et fortes.


Les décors de Michael Levine (qui signe aussi les costumes) sont fascinants dans leur éloquente simplicité. Les actes s’enchaînent avec évidence et intelligence (le passage de la pauvre mansarde du premier acte à l’effervescence du deuxième offre un contraste de choc). Au dernier acte, l’émotion (déjà forte au troisième) atteint son comble : le sol jonché de jonquilles jaunes signant l’arrivée du printemps est le témoin du drame terrible vécu par les personnages. A la mort de Mimi, chacun part isolément et triste vers une direction différente. Cette dissolution finale du groupe auquel le spectateur s’est attaché au fil de la représentation conclut l’œuvre de façon poignante et amène des larmes libératoires.


Devant une telle réussite d’ensemble, l’indulgence s’impose face à certaines réserves que suscitent certains interprètes : ainsi, Julian Gavin n’est-il pas le ténor idéal pour ce répertoire, la voix trop engorgée ; les aigus de Rebecca Caine sont acides ; la projection de Daniel Borowski et de Werner Van Mechelen laisse un peu à désirer... Mais la Mimi de Cheryl Barker, après une réserve un peu gênante au début de l’œuvre se donne complètement après l’entracte et finit par convaincre. Et surtout la représentation nous offre une révélation de taille avec le Marcello de Mariusz Kwiecien : le timbre est superbe, le style impeccable, la caractérisation parfaite.
Enfin, et surtout, Massimo Zanetti confirme son talent éclectique : après ses réussites cette saison dans Rigoletto et Salomé, il nous offre une direction idiomatique au style puccinien : sensualité, sens du rythme et des contrastes et surtout la rare capacité d’obtenir un équilibre parfait entre la fosse et la scène. Quelle chance a l’Opéra des Flandres d’avoir réussi à trouver un directeur musical aussi stimulant !


La saison prochaine s’annonce aussi prometteuse que celle qui se termine :
- Otello de Verdi (nouvelle production) : mise en scène de Guy Joosten, direction de Balazs Kocsar avec Mikhail Dawidoff, Cheryl Barker, Stephen Kechulius, David Miller
- Pelléas et Mélisande de Debussy (nouvelle production) : mise en scène de Richard Jones, direction de Massimo Zanetti, avec Alexia Cousin, Nicolas Rivenq, Laurent Naouri, Christian Tréguier, Elizabeth Laurence
- L’Enlèvement au sérail de Mozart (nouvelle production) : mise en scène de Tim Albery, direction d’Arnold Östman avec Joyce Guyer, Marc Clear, Cyndia Sieden, Christian Baumgärtel, Gustav Andreassen
- Norma de Bellini (version de concert) : direction de Massimo Zanetti avec Michele Crider, Carmen Oprisanu, Cesar Hernandez, Enzo Capuano
- Flight de Jonathan Dove (nouvelle production/création belge) : mise en scène de Richard Jones, direction de Paul McGrath avec Brian Asawa, Mary Hegarty, Richard Coxon, Yvette Bonner, Nerys Jones
- Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg de Wagner (nouvelle production) : mise en scène de Christine Mielitz, direction de Friedmann Layer avec Frode Olsen, Jeffrey Dowd, Fionnuala McCarthy, Michael Kraus, Yves Saelens, Corinne Romijn, Daniel Sumegi, Werner Van Mechelen, Chris De Moor
- La fanciulla del West de Puccini (reprise) : mise en scène de Robert Carsen, direction de Silvio Varviso avec Stephanie Friede en alternance avec Kathleen Broderick, Carl Tanner, Philip Joll
- Orlando de Händel (reprise) : mise en scène de Robert Carsen, direction de Paul Goodwin avec Patricia Bardon, Catrin Wyn Davies, Sara Fulgoni, Kathleen Brett, Christophe Fel
- une série de concerts
- des récitals de chant : Charlotte Margiono, Kurt Moll, Jorma Hynninen, Simon Keenlyside, Petra Lang, Hillevi Martinpelto, Dorothea Röschmann, Andreas Scholl, Magdalena Kozená



Christophe Vetter

 

 

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