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Une question d’équilibre

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
03/22/2017 -  et 18, 19, 21, 23 (Wien), 25 (Frankfurt), 26 (Dortmund) mars 2017
Antonín Dvorák : Concerto pour violoncelle n° 2 en si mineur, opus 104
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 6 « Pastorale » en fa majeur, opus 68

Tamás Varga (violoncelle)
Wiener Philharmoniker, Andris Nelsons (direction)


A. Nelsons (© Marco Borggreve)


Pour leur seconde venue cette saison au Théâtre des Champs-Elysées (voir par ailleurs ici), l’Orchestre philharmonique de Vienne affichait un programme des plus classiques déjà donné à Vienne avant de l’être de nouveau dans la capitale autrichienne puis dans deux villes allemandes. Classique: avouons d’ailleurs que c’est ce que l’on attend de cette phalange, qui le démontra une nouvelle fois dans maints détails qui font tout le sel de cet orchestre. Ainsi, les musiciens entrent à la suite du Konzertmeister (alors que, généralement, il est au contraire le dernier à s’asseoir, faisant lever l’orchestre à cette occasion), sachant que c’est également lui qui donne le la pour permettre aux musiciens de s’accorder (en principe, c’est d’abord le hautbois pour les vents puis le premier violon pour les cordes, celui-ci se fondant lui-même sur le hautbois solo), on remarque toujours un instrument de secours suspendu aux premeirs pupitres, aussi bien des premiers et seconds violons que des altos, ainsi qu’une proportion de femmes qui demeure modeste bien qu’en progression (treize ce soir sur une presque centaine de musiciens mais parmi elles Albena Danailova, deuxième Konzertmeister de l’orchestre, et la jeune française Sophie Dartigalongue au basson solo)... Bref, Vienne est bel et bien là!


En première partie donc, un des morceaux de bravoure pour les violoncellistes que ce fameux concerto (1894-1895), composé par Dvorák en quelques semaines seulement. En soliste, le violoncelle solo des Wiener Philharmoniker, Tamás Varga, fait preuve d’une technique sûre et d’une musicalité appréciable: mais convainc-t-il pour autant? Car le dialogue avec l’orchestre est assez déséquilibré dans cet Allegro introductif: les sonorités sont plus germaniques (on pense irrésistiblement au premier mouvement du Concerto pour violon de Brahms!) que tchèques et Varga reste trop sur la réserve là où Nelsons emporte l’orchestre dans un flot sonore de toute beauté en dépit de quelques effets de manche assez faciles. De fait, les transitions s’avèrent très marquées et nuisent à la cohérence de l’ensemble. Le deuxième mouvement est en revanche idéal grâce notamment à des bois d’une beauté à couper le souffle comme dans ce passage où le violoncelle dialogue doucement avec la flûte (excellent Dieter Flury ce soir), accompagnée par une seconde clarinette plus veloutée que jamais. La réserve naturelle de Tamás Varga convient ici parfaitement au climat souhaité: on rend les armes. Le dernier mouvement (Finale. Allegro moderato), reproduit comme on pouvait s’y attendre les «travers» du premier mouvement, Varga ne libérant pas son jeu et restant donc trop sur la réserve face à un orchestre toujours opulent, conduit par un Nelsons physiquement très à l’écoute de son soliste. Pour autant, le résultat s’avère des plus séduisants et se fait chaleureusement saluer tant par le public que par l’orchestre, Tamás Varga donnant en bis la Sarabande de la Troisième Suite de Bach.


La Pastorale par le Philharmonique de Vienne: un pari gagné d’avance, me direz-vous? Non pas si l’on veut bien se souvenir de la prestation désastreuse dirigée en mars 2010 par Lorin Maazel et de celle, plutôt convaincante en fin de compte, conduite par Christian Thielemann à l’occasion du cycle complet des symphonies de Beethoven donné en ce même théâtre en novembre de la même année. Le concert de ce soir aura sans conteste relevé le niveau sans pour autant rester dans les mémoires. D’emblée, Andris Nelsons choisit de privilégier les somptueuses sonorités des Philharmoniker, l’Allegro ma non troppo introductif (joué sans reprise) privilégiant le côté emphatique sur la fraîcheur et la spontanéité: n’est pas Carlos Kleiber qui veut! Non exempt de quelques reproches (l’entrée ratée du clarinettiste Ernst Ottensamer, quelques problèmes d’équilibre entre la cinquantaine de cordes qui ont tendance à couvrir la petite harmonie en plus d’une occasion, de surprenantes baisses de tension dans la «Scène au bord du ruisseau», un manque de hargne dans le quatrième mouvement en dépit de contrebasses et de violoncelles conquérants), l’orchestre n’en demeure pas moins d’un niveau des plus honorables. Saluons parmi les solistes les excellents Sophie Dartigalongue (basson) et Ronald Janezic (cor), et sachons tout de même apprécier une truculente «Réunion joyeuse de gens à la campagne» ainsi qu’un mouvement conclusif de belle facture mais où l’on aurait aimé davantage de mouvement et de légèreté, qui plus est pour un orchestre rompu au répertoire de la valse...


Acclamé par le public, l’orchestre donna en bis, après quelques mots d’Andris Nelsons faisant pour l’occasion une brève référence aux victimes de l’attentat survenu quelques heures plus tôt à Londres, l’Ouverture des Créatures de Prométhée du même Beethoven qui conclut de la plus belle façon ce qui restera comme un très beau concert: Vienne était bel et bien là!


Le site de l’Orchestre philharmonique de Vienne



Sébastien Gauthier

 

 

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