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La reconstitution d'un opéra de Vivaldi

Paris
Opéra Comique
05/25/2001 -   - et 26, 29, 30 mai, 1er juin, 2 juin à 20 h et 27 mai et 3 juin à 15 h.
Antonio Vivaldi : Catone in Utica
Simon Edwards (ténor, Catone), Jacek Laszczkowski (sopraniste, Cesare), Manuela Kriscak (soprano, Marzia), Veronica Cangemi (soprano, Emilia), Philippe Jarrousky (contre-ténor, Arbace), Sylvie Althaparro (mezzo, Fulvio). La Grande Ecurie et la Chambre du Roi, direction Jean-Claude Malgoire.
Gildas Bourdet (mise en scène).
Production de l'Atelier Lyrique de Tourcoing (1998).


Vivaldi, de son propre aveu, a écrit environ 94 opéras, dont une vingtaine seulement est parvenue jusqu'à nous et le plus souvent de façon fragmentaire. Caton d'Utique fait partie de ses œuvres les plus connues et on sait qu'il triompha à Vérone lors de sa création en 1737. Mais seuls les actes II et III ont été conservés. Jean-Claude Malgoire a donc eu l'idée de tenter une reconstitution de l'ensemble de l'opéra, à partir du livret de Métastase et de ces deux actes sauvegardés. Le remplacement des airs perdus a été opéré en confrontant ces vestiges substantiels aux partitions d'opéra de Vivaldi datant de la même époque et en puisant des airs appropriés dans différentes partitions.


Le résultat est plus que probant. L'action se déroule de façon plausible, ponctuée par de superbes airs qui collent parfaitement aux affects des personnages et au climat des différentes scènes. On pourrait simplement reprocher à certains airs, tous construits sur le principe de l'aria da capo, d'être un peu longs et répétitifs et d'alourdir ce premier acte qui paraît de ce fait un peu moins dynamique et enlevé que la fin de l'opéra. Ajoutons qu'en ce soir de première, une petite panne de sous-titrage d'un quart d'heure a perturbé la bonne compréhension d'une action passablement complexe.
L'opéra met en effet en scène, sur un livret de Métastase, le conflit violent qui oppose Caton, sénateur stoïcien et fervent défenseur de la liberté, retranché à Utique, et César qui vient d'être nommé dictateur à vie. S'ajoutent au drame politique plusieurs drames humains, puisque Arbace chef des Numides, allié de Caton, est épris de sa fille Marzia ; laquelle aime César qui l'aime en retour. Et que là-dessus plane le désir d'Emilia de venger l'assassinat de son époux, Pompée.


La représentation de cette reconstitution, travail de l'Atelier Lyrique de Tourcoing, sous la direction de Gildas Bourdet, est en tout point digne d'éloges. Le chef Jean-Claude Malgoire et le metteur en scène ont su insuffler vie et rythme à une histoire au fond assez statique, reposant essentiellement, selon le modèle encore en vigueur à l'époque, sur une alternance de récitatifs, qui exposent le déroulement de l'action et d'airs chargés d'exprimer la joie, l'attente, la colère, le désespoir des différents protagonistes. Le décor repose sur un jeu de praticables aux formes géométriques, traités dans les trois couleurs primaires, que les lumières viennent nuancer ici et là, faisant par exemple passer le jaune du citron le plus vif et dur à l'orangé pâle. Ce très beau jeu des lumières et le plancher brillant comme un miroir permettent de susciter à plusieurs reprises des effets magnifiques d'ombres portées et de reflets, certains personnages se présentant par moments comme les figures à deux têtes des jeux de cartes. Les costumes sont entièrement traités dans les blancs, les noirs et les gris, en opposition avec les couleurs vives du décor.

La distribution des rôles est équilibrée, même si parfois on est un peu gêné, dans les récitatifs, par le contraste entre la voix de sopraniste de César et le ténor de Caton. En revanche, dans les airs, magnifiques, de César, on est pleinement convaincu par cette option de Vivaldi qui lui permet de donner à César une sorte de fragilité humaine. Autre superbe interprétation, celle de l'Emilia de Veronica Cangemi, aussi bonne tragédienne que musicienne.
L'Orchestre de la Grande Ecurie et la Chambre du Roi, fort d'une vingtaine de musiciens, et étoffé par un beau pupitre de basse continue (clavecin, viole et théorbe) fait parfaitement ressortir l'extraordinaire efficacité de la musique de Vivaldi.
On se réjouit donc de voir à Paris cette production qui conjugue un très intéressant travail de reconstitution et une représentation de qualité.





Florence Trocmé

 

 

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