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Flor de printemps

Toulouse
Halle aux Grains
05/17/2001 -  
Ludwig van Beethoven : Léonore II, ouverture
Joseph Haydn : Concerto pour violoncelle N°1
Dimitri Chostakovitch : Symphonie N° 10

Orchestre du Capitole, Claus Peter Flor (direction) ; Jian Wang (violoncelle)

Claus Peter Flor, dont le précédent concert toulousain de novembre 1998 avait été très applaudi, est revenu nous présenter une nouvelle facette de son talent.

Si le programme pouvait paraître au premier abord passablement décousu, il n’en était en fait rien. En effet, la Dixième symphonie, retour de Chostakovitch au genre après la libération qu’a été pour lui la mort de Staline, partage avec Léonore de Beethoven la même thématique de la lutte contre l’oppression politique, et rend hommage, dans son quatrième mouvement, à l’humour et à l’énergie que Haydn déploie, entre autres, dans son Concerto.
Il est d’ailleurs dommage que le petit programme donné aux spectateurs n’est pas creusé ce parallèle, mais s’en soit tenu à un rapide et fort banal descriptif des œuvres.

Si l’ouverture Léonore II, tranchante et admirablement maîtrisée augurait bien du concert, le Concerto pour violoncelle de Haydn était, par contre une légère déception. Très classique, la direction du chef soutenait avec placidité un soliste à l’émotion bien fabriquée, entre Forte écrasés et Pianissimi impalpables. À un mouvement lent cherchant l’apesanteur dans le détimbrage et les phrasés ampoulés, succédait un finale excité, le soliste étant bien souvent en avance sur l’orchestre, mais sans rebond rythmique ou légèreté. Dommage, mais cela n’a en rien empêché Jian Wong, par ailleurs remarquable technicien, de recevoir une ovation consistante.

Puis vint Chostakovitch… Certes, être l’élève de Kurt Sanderling, lui-même directeur de la philharmonie de Leningrad à l’époque où l’œuvre fut créée et grand interprète de Chostakovitch, est sûrement un atout dans ce répertoire ; certes, sa 9° Bruckner avait laissé un grand souvenir, notamment par l’aspect quasi “chostakovitchien” de son Scherzo, et ce malgré quelques réserves concernant l’orchestre. Pourtant le choc fut imprévisible, brutal.
Et d’abord, aucune réserve ne pouvait concerner l’orchestre, tranchant, aux timbres acérés, à la cohésion jamais prise en défaut et aux soliste en état de grâce.
Mais surtout, la conception extraordinairement maîtrisée de Flor, de la violence intériorisée des premiers mouvements jusqu’à l’explosion finale d’une joie rageuse, laissait l’auditeur sonné, k-o sans retour.
Impossible de décrire un tel cataclysme, qui laissait, une fois l’œuvre achevée, hagard sur la pavé, au point que même la pluie toulousaine semblait avoir quelque chose de tragique, elle aussi.
Peut-être cela tenait-il au génie de Chostakovitch, peut-être à celui de l’interprète, qui peut expliquer l’alchimie d’un tel concert?

Assurément, avec l’autre choc que fut la rencontre Grimaud/Plasson, le meilleur concert de cette saison qui s’achève, et une sacrée invitation à aller entendre Claus Peter Flor la saison prochaine dans les Nozze di Figaro qu’il dirigera à Toulouse en mai 2002 !


Laurent Marty

 

 

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