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Un peu de légèreté dans un monde plein de fric

Toulouse
Halle aux Grains
05/11/2001 -  
Robert Fuchs : Sérénade op. 9
Alberto Franchetti : Pizzicati arabesque
Johann Strauss II : Pizzicato polka
Leroy Anderson : Suite pour cordes
Dirk Brossé : Black, white and in between
Ernö Dohnanyi : Sérénade op. 10

Orchestre de Chambre de Toulouse, Alain Moglia (violon et direction)

Lorsque Alain Moglia décide de consacrer une soirée à la musique dite “légère”, on peut compter sur sa curiosité pour entendre des compositeurs qui n’encombrent pas les programmes de concerts ou les rayons de la Fnac.

Cependant, l’oubli n’est pas toujours injuste et, par exemple, la musiquette de salon au mauvais sens du terme de Robert Fuchs, d’une extrême platitude mélodique et harmonique -à côté, Johann Strauss fils, c’est du Schönberg- illustre surtout le génie de ses élèves, Mahler, Wolf et Schreker qui surent faire fi de ses leçons d’harmonie.

De même, la Sérénade de Dohnanyi, pourtant compositeur d’une autre envergure, n’est aucunement un chef-d’œuvre du genre. Malgré des emprunts parfois évidents à Dvorak (certaines modulations viennent directement de sa propre Sérénade pour cordes) manquent une consistance mélodique et surtout la sève rythmique que l’on est en droit d’attendre d’un musicien hongrois.

Plaisir sans mélange, par contre, pour les autres œuvres inscrites au programme. Si l’on est toujours ravi de réentendre du Johann Strauss II, surtout interprété avec une finesse et une vivacité très… françaises, qui donnaient à la Pizzicato Polka un petit air canaille digne d’Offenbach, si l’on pouvait être curieux d’entendre une pièce orchestrale toute de légèreté d’Alberto Franchetti (1860-1942), plus connu -enfin, connu est beaucoup dire- pour ses opéras Cristoforo Colombo, composé pour célébrer le 400° anniversaire de l’expédition de Colomb, mais sans Depardieu dans le rôle-titre, ou Germania, Brossé et Anderson furent de vraies découvertes.

Dirk Brossé, jeune compositeur belge né en 1960 et spécialisé dans la musique de film, a visiblement fait de son mini-concerto pour violon Black, white and in between un hommage à l’atmosphère des films noirs hollywoodiens. Ambiance tamisée et lourde d’angoisse, cavalcade effrénée et lyrisme intense y composent un film sans images plein d’une bienveillante ironie pour les règles du genre.

L’américain Leroy Anderson peut-être un peu plus connu, ou à peine moins inconnu, a composé une musique tout à la fois facile d’accès -à la lisière de la variété symphonique genre Ketelbey et du symphonisme cinématographique américain à la Copland ou Grofé- et remarquablement écrite. Pleine d’un punch très jazzy et pimentée d’une harmonie au déhanchement blues, légère comme un numéro de Fred Astaire et ironique comme du Cole Porter, cette Suite gagnerait à être un peu plus représentée dans nos concerts.

Programme inégal, en vérité, et pourtant, comme toujours grâce à Alain Moglia, plein de surprises et dispensateur d’un vrai plaisir musical.

À l’heure où courent des bruits inquiétants sur l’avenir de l’orchestre de chambre de Toulouse, il serait bon que le toulousains se rendent compte de la chance que représentent la présence dans leur ville d’une personnalité aussi riche et pleine de curiosité qu’Alain Moglia.
Que deviendrions-nous alors, pauvres mélomanes, sans ces concerts pleins de surprises, condamnés à subir la loi du profit qui domine, hélas!, de plus en plus la vie musicale, comme si l’art n’avait pour unique but que de remplir les salles en ressassant les mêmes sempiternelles symphonies de Beethoven ou Mozart, que Debussy se fatiguait déjà d’entendre en 1910?


Laurent Marty

 

 

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