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Noir c’est noir

Zurich
Opernhaus
04/03/2016 -  et 6, 10, 13, 17*, 19, 23, 28 avril, 5, 7 mai 2016
Giuseppe Verdi : Macbeth
Markus Brück*/Dimitris Tiliakos (Macbeth), Wenwei Zhang (Banco), Tatiana Serjan (Lady Macbeth), Ivana Rusko (Une servante de Lady Macbeth), Pavol Breslik (Macduff), Airam Hernandez (Malcolm), Dimitri Pkhaladze (Un médecin), Erik Anstine (Un serviteur, Un assassin)
Chor der Oper Zürich, Ernst Raffelsberger (préparation), Philharmonia Zürich, Teodor Currentzis*/Joana Mallwitz (direction musicale)
Barrie Kosky (mise en scène), Klaus Grünberg (décors et lumières), Anne Kuhn (assistante aux décors), Klaus Bruns (costumes), Claus Spahn (dramaturgie)


(© Monika Rittershaus)


Les murs du vénérable Opernhaus en tremblent encore. Dans la fosse zurichoise, Teodor Currentzis fait se déchaîner les musiciens comme de beaux diables. Le jeune chef offre en effet une lecture de Macbeth d’une rare intensité, une lecture qui vous prend aux tripes, enflammée et trépidante, assourdissante et sauvage aussi, une lecture qui certes ne s’embarrasse pas de trop de détails ni de nuances, mais néanmoins précise et dynamique, qui rend justice à la fougue et à la noirceur de la partition. Si le chef est le principal atout de cette nouvelle production du chef-d’œuvre de Verdi, les autres artisans du spectacle ne déméritent pas, bien au contraire. A commencer par Tatiana Serjan en Lady Macbeth. On le sait, la chanteuse a eu à plusieurs reprises l’occasion de peaufiner le rôle sous la baguette de Riccardo Muti ; outre l’urgence et l’autorité qu’elle confère à chacune de ses interventions, on admire le tranchant de ses attaques, la sûreté de ses aigus, la beauté soyeuse de son timbre et l’évanescence de ses pianissimi, qui laissent les spectateurs comme suspendus à ses lèvres. Le Macbeth de Markus Brück – voix sonore et puissante – est halluciné et hagard dès sa première rencontre avec les sorcières ; constamment en proie au doute et aux angoisses, il devient un pantin lorsqu’il se retrouve devant sa Lady. On retient également le Banco élégant et imposant de noirceur de Wenwei Zhang ainsi que le Macduff fin technicien de Pavol Breslik, même si la voix peut sembler un peu légère et claire pour le rôle.


Barrie Kosky propose une vision particulièrement sombre de Macbeth, au propre comme au figuré, avec un plateau plongé dans le noir, duquel seul émerge le couple infernal, les autres personnages et le chœur étant le plus souvent invisibles. Le metteur en scène met clairement l’accent sur Macbeth et sa Lady, pour faire de l’opéra de Verdi une sorte de danse macabre et funèbre du couple. Les sorcières – une masse informe d’hommes et de femmes dévêtus – sont ici des visions et des hallucinations du roi d’Ecosse, pris au piège de ses propres peurs, qu’il est seul à voir. Une vision glaçante et mortifère que le public accueille par de longues ovations au rideau final. Une vision qui restera longtemps dans les mémoires.



Claudio Poloni

 

 

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