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Une rareté exhumée

Berlin
Deutsche Oper
12/02/2015 -  et 5, 8* décembre 2015
Gaetano Donizetti : La Favorite
Elina Garanca (Léonor de Guzman), Marc Laho (Fernand), Florian Sempey (Alphonse XI), Elena Tsallagova (Inès), Ante Jerkunica (Balthazar), Matthew Newlin (Don Gaspar)
Chor der Deutschen Oper Berlin, William Spaulding (préparation), Orchester der Deutschen Oper Berlin, Pietro Rizzo


(© Bettina Stöss)


Lorsque, en 1840, l’Opéra de Paris passe commande à Donizetti d’une nouvelle œuvre lyrique, le compositeur n’a que huit semaines pour s’exécuter. Aussi reprend-il de nombreuses pages de trois opéras qu’il a terminés quelques années auparavant, L’Ange de Nisida, Adélaïde et Le Duc d’Albe, pour écrire La Favorite. Si l’œuvre est aujourd’hui très rarement programmée, elle n’en a pas moins été l’un des piliers de la « Grande Boutique », avec 650 représentations jusqu’en 1904. En 1914, elle a même fait partie des toutes premières intégrales discographiques. Le livret narre une histoire d’amour tragique : Fernand aime Léonor, sans savoir qu’elle est la maîtresse du roi Alphonse XI, la jeune femme n’ayant pas réussi à lui dévoiler la situation. Lorsqu’il apprend la vérité, il quitte Léonor, qui meurt de remords et de chagrin.


La Deutsche Oper de Berlin a réuni une distribution de haut niveau, qui rend parfaitement justice à cette rareté lyrique. Dans le rôle-titre, Elina Garanca répète son succès de l’été dernier à Salzbourg : phrasé exemplaire, voix ample, soyeuse et bien projetée, timbre sombre rendant idéalement la mélancolie et la tristesse du personnage, son interprétation est parfaitement crédible et sensible. Seule sa prononciation française laisse quelque peu à désirer. Marc Laho prête à Fernand son timbre clair et juvénile ainsi que son chant ardent et passionné. Les aigus sont rayonnants, même s’ils se ternissent un peu en fin de soirée, mais il faut dire que le rôle est particulièrement éprouvant. Avec sa cape noire qui lui donne presque une allure napoléonienne, Florian Sempey incarne un souverain plus vrai que nature, noble et altier. La voix est ample et majestueuse, le phrasé élégant, avec des accents virils, mais l’artiste se laisse parfois aller à quelques scènes de cabotinage d’un goût douteux. Dans le rôle de la servante Inès, Elena Tsallagova possède un timbre clair et frais, avec une excellente diction française. On retiendra également la voix bien timbrée et projetée d’Ante Jerkunica en moine ainsi que l’excellente prestation du chœur. Légère déception, par contre, pour la direction musicale : Pietro Rizzo offre une lecture énergique et dynamique de la partition de Donizetti, mais sans beaucoup de nuances ni de raffinement. Au final, tous les protagonistes de cette rareté lyrique sont chaleureusement applaudis.



Claudio Poloni

 

 

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