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Un five o’clock avec Smetana

Paris
Théâtre du Châtelet
03/28/2001 -  
Bedrich Smetana : Ma Patrie

Orchestre symphonique de Londres, Colin Davis (direction)

S’il n’était acquis que la musique a une portée universelle, il serait tentant de ranger Ma Patrie parmi ces œuvres tellement idiomatiques qu’elles en demeureraient irrémédiablement fermées aux interprètes étrangers. Ce que Sir Colin a fait entendre au Châtelet tendrait pourtant à montrer que le cycle de Smetana - dont la signification est telle qu’il lui revient chaque année, le 12 mai (jour anniversaire de la mort du compositeur), d’ouvrir le Printemps de Prague - ne se laisse pas aisément approcher hors de sa Bohème natale : au-delà d’une simple succession de tableaux colorés, il véhicule en effet la dimension quasi-religieuse qui pouvait être associée au XIXème siècle au sentiment national.


Rien de plus étranger, sans doute, à une telle perception que la politesse du royaume de l’understatement qu’évoque irrépressiblement l’interprétation donnée par le chef britannique. Aucune surprise ne vient bouleverser le bel ordonnancement de l’ensemble et la sonorité pleine de l’orchestre. Appliquée, voire précautionneuse, tour à tour sérieuse et bon enfant, une telle lecture évite comme à dessein l’histoire, la légende, l’épopée, l’élan, le souffle ou la passion. Au-delà même de ce décalage entre le propos militant et l’exécution artistique, l’absence de pulsation vitale et de progression se conjuguent trop souvent avec une impression de lourdeur, d’empâtement et d’épaisseur, qui seraient plus en situation pour restituer l’impérialisme satisfait d’Elgar que pour rendre justice à l’audace conquérante de Smetana.


Le sens de la construction fait également parfois défaut : c’est particulièrement le cas dans le puissant Par les prés et les bois de Bohème, dont la continuité narrative laisse la place à un assemblage incohérent d’épisodes successifs. Sans doute peu friand de ces aquarelles invertébrées, d’une molle fadeur, mon voisin s’endort dès La Moldau. Dommage, car Colin Davis semble manifester un intérêt plus poussé pour Sarka et Tabor, qui ressortent nettement parmi les six pièces du cycle, fort heureusement joué d’une seule traite : l’engagement, qui fait ailleurs cruellement défaut, est enfin de mise. Est-ce, dans le premier, l’aspect plus romanesque que politique de l’argument qui a réveillé le chef d’opéra? Toujours est-il que dans le second, l’approche générale, qui reste statique, est en harmonie avec son caractère hiératique, austère et imposant.


Les héros sont décidément fatigués, préférant ne pas concéder un aperçu supplémentaire de leurs talents après ce programme certes homogène, mais bien court pour une formation en tournée.




Simon Corley

 

 

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