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Falstaff en basse-cour et en voix

Marseille
Opéra
06/04/2015 -  et 6, 9, 11, 14* juin 2015
Giuseppe Verdi : Falstaff
Patrizia Ciofi (Alice Ford), Sabine Devieilhe (Nannetta), Annunziata Vestri (Miss Page), Nadine Weissmann (Mrs Quickly), Nicola Alaimo (Falstaff), Jean-François Lapointe (Ford), Enea Scala (Fenton), Carl Ghazarossian (Docteur Caïus), Rodolphe Briand (Bardolfo), Patrick Bolleire (Pistola)
Chœur de l’Opéra de Marseille, Pierre Iodice (chef de chœur), Orchestre de l’Opéra de Marseille, Lawrence Foster (direction musicale)
Jean-Louis Grinda (mise en scène), Rudy Sabounghi (décors), Jorge Jara Guarda (costumes), Laurent Castaingt (lumières)


(© Christian Dresse)


Avec Falstaff, l’Opéra de Marseille referme sa saison sous le signe du rire et de l’inventivité musicale. On ne décrira jamais assez le foisonnement de l’ultime création lyrique de Verdi, qui ne limite pas son inspiration à la verve de Shakespeare et des Joyeuses commères de Windsor, se parodiant ou se pastichant lui-même – on reconnaîtra ici une tournure du Trouvère, là les accents du solo de Philippe II dans Don Carlos. Sous le fondu sonore auquel s’attache Lawrence Foster avec l’Orchestre de l’Opéra de Marseille, on n’en goûte pas moins ce tissu aussi chamarré que cohérent de clins d’œil et citations. L’ensemble des pupitres participe ainsi à cette réjouissante mise en perspective où l’oreille et l’intelligence prennent un plaisir égal.


Celui que procure le plateau vocal réuni, où se bousculent les noms les plus en vue du répertoire italien ou d’ailleurs, ne lui cède en rien. Dans le rôle-titre, Nicola Alaimo se confirme, après un Guillaume Tell justement applaudi à Monte-Carlo cet hiver, comme l’un des barytons Verdi les plus remarquables de la scène actuelle: voix ample et nourrie, legato souverain. En Ford, Jean-François Lapointe se révèle tout aussi admirable, avec une présence qui le dispute à la finesse, quand bien même le personnage n’explore généralement pas d’instinct cette dimension. Enea Scala offre à Fenton une luminosité qui ne se résume pas à la légèreté où le jeune premier se trouve parfois contenu. Moins attendue en Alice Ford qu’en d’autres incarnations où elle excelle plus naturellement, Patrizia Ciofi s’avère çà et là en difficulté avec une tessiture un peu basse pour elle, sans obérer pour autant un engagement indéniable dans la vis comica. Sabine Devieilhe joue sans réserve une Nannetta juvénile un rien mijaurée où s’épanouit son babil aérien. Nadine Weissmann affirme une Quickly qui ne confond pas opulence et caricature, tandis que Page revient à une Annunziata Vestri de bonne tenue. On n’oubliera pas le Caïus de Carl Ghazarossian, ni le Bardolfo également de caractère de Rodolphe Briand, aux côtés du Pistola à l’appréciable consistance de Patrick Bolleire, sans faire l’impasse sur les chœurs, préparés efficacement par Pierre Iodice.


L’on ne s’attardera pas en revanche sur la mise en scène de Jean-Louis Grinda, qui a cru bon de faire appel à un bestiaire de basse-cour pour transposer la pièce dans le registre de la fable – lequel n’a nul besoin de tels déguisements pour s’exprimer. L’intention se veut docte, jouant de décors de couvertures livresques au passage caviardées dans des calembours faciles. Il y a certes un public pour en rire, même si l’on aura davantage appris sur l’ouvrage dans d’autres lectures plus «réalistes», tant il est vrai que le comique repose d’abord sur une direction d’acteurs, avant de s’appuyer sur une scénographie. La vérité de ce Falstaff marseillais restera dans les limites de la musique.



Gilles Charlassier

 

 

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