About us / Contact

The Classical Music Network

Gent

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Réussite totale

Gent
Opéra des Flandres (De Vlaamse Opera)
02/25/2001 -  et: à Antwerpen les 4, 7, 10, 13, 16, 18 février; à Gent: le 28* février et les 4, 6, 9 mars 2001
Richard Strauss: Salome
Nina Warren (Salome), Rudolf Schasching (Herodes), Ronnie Johansen (Jochanaan), Joyce Castle (Herodias), Yves Saelens (Narraboth), Corinne Romijn (Page der Herodias), Eric Raes (Erster Jude), Jan Caals (Zweiter Jude), Philip Defrancq (Dritter Jude), Vesselin Ivanov (Vierter Jude), Piet Vansichen (Fünfter Jude), Henk van Heijnsbergen (Erster Nazarener), Ivan Sharpe (Zweiter Nazarener), Miguel Torres (Erster Soldat), Patrick Cromheeke (Zweiter Soldat), Brindley Sherratt (Ein Cappadocier), Greetje Borst (Ein Sklave), Johan Valkeneers (Der Henker),
Willy Decker (mise en scène), Nicola Panzer (réalisation de la mise en scène), Wolfgang Gussmann (décors et costumes), Massimo Zanetti (direction musicale)

En lieu et place de la nouvelle production de Marco Arturo Marelli initialement prévue, l’Opéra des Flandres nous propose une Salomé qui a déjà été présentée en Hollande et à Hambourg. Mais nous ne perdons pas au change car cette production de Willy Decker, malheureusement si occupé qu’il a dépêché une assistante (Nicola Panzer) pour réaliser son projet d’origine, est une réussite totale qui cloue sur place par l’évidence du propos et de la violence qu’il démontre. Pour Decker, c’est la perversité d’un être et de son entourage, en fait de tout un système relationnel qui est la clé de l’œuvre. L’horreur que nous inspire dès leur apparition chacun des personnages est induite par leur crâne chauve, reflet symbolique de leur vide affectif et de leur fonctionnement pervers. Le décor est oppressant : un simple escalier vertigineux et gris, perturbé par la béance de la caverne de Jochanaan. Inutile de chercher la moindre sensualité dans cette vision très personnelle et juste. Même la danse des sept voiles échappe à la kitcherie habituelle ; elle n’est que l’introduction à l’horreur finale qui suit : il s’agit donc plus d’un face à face incestueux entre deux êtres qui affrontent leur perversité respective et c’est Hérode qui «danse » plus que sa belle-fille qui mène le jeu. L’arrivée du bourreau, inéluctable, est extrêmement impressionnante, ainsi que la scène finale qui nous emplit d’horreur, Decker allant très loin dans l’illustration d’une scène de sexe (plus que d’amour, évidemment absent) nécrophilique. Enfin, Salomé garde le contrôle de la situation jusqu’au bout : au moment où Hérode ordonne de la tuer, elle se poignarde dans un final qui a laissé le public silencieux pendant quelques secondes.
La réussite n’est pas que scénique : la direction de Massimo Zanetti est un miracle d’équilibre et de tension : il ne couvre jamais les chanteurs, tout en mettant en relief les couleurs d’une partition qui aura rarement paru aussi aboutie. Ce chef d’orchestre est décidément autant à l’aise dans le répertoire allemand qu’italien et il conduit un Orchestre de l’Opéra des Flandres dans sa meilleure forme.
La distribution est très bien choisie, jusque dans les petits rôles, si nombreux et si importants (un bravo particulier aux cinq juifs) ; quel plaisir de voir l’évolution de la voix de Corinne Romijn, superbe Page, qui peut désormais aborder des rôles plus importants. Yves Saelens est un Narraboth émouvant, bien chantant, possédant une diction excellente ; Ronnie Johansen est un impressionnant Jochanaan ; Joyce Castle, une Hérodiade percutante malgré une voix usée ; et surtout Rudolf Schasching compose un Hérode pathétique, vocalement à son aise et dont on ne perd pas un mot de ce qu’il chante. La seule petite réserve concerne Nina Warren qui est une Salomé correcte, mais sans plus ; son jeu d’expression est finalement limité (nul doute que l’absence de Willy Decker lui aura nui) et sa grande voix a du mal à se maîtriser dans les moments piano, laissant planer un doute sur sa technique pas assez affinée. Mais le rôle est écrasant et il faut saluer tout de même sa prestation.
Une soirée mémorable à l’Opéra des Flandres confirmant les talents d’un metteur en scène inspiré et d’un chef sur qui l’on peut compter.



Christophe Vetter

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com