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10/31/2015
«Ich elender Mensch. Leipzig Cantatas»
Johann Sebastian Bach : Cantates «Ich elender Mensch, wer wird mich erlösen», BWV 48, «Herr, wie du willt, so schick’s mit mir», BWV 73, «Sir werden euch in den Bann tun», BWV 44, et «Ich glaube, lieber Herr, hilf meinem Unglauben!», BWV 109

Dorothee Mields (soprano), Damien Guillon (alto), Thomas Hobbs (ténor), Peter Kooij (basse), Collegium Vocale Gent, Philippe Herreweghe (direction)
Enregistré en la Jesus-Christus-Kirche de Berlin (31 janvier-2 février 2013) – 68’30
Phi LPH 012 (distribute par Outhere) – Notice (en anglais, français, allemand et néerlandais) de Christoph Wolff et traduction des textes chantés





«Academic Cantatas»
Johann Sebastian Bach : Cantates «Der zufriedengestellte Aolus», BWV 205, et «Vereinigte Zwietracht der wechselnden Saiten», BWV 207

Joanne Lunn (soprano), Robin Blaze (contre-ténor), Wolfram Lattke (ténor), Roderick Williams (basse), Kiyomi Suga, Kanae Kikuchi (flûte traversière), Masamitsu San’nomiya (hautbois d’amour), Natsumi Wakamatsu (violon et viole d’amour), Masako Hirao (viole de gambe), Bach Collegium Japan, Masaaki Suzuki (direction)
Enregistré au MS&AD Shirakawa Hall de Nagoya (juillet 2013) – 73’06
SACD BIS 2001 – Notice (en allemand, anglais et français) de Klaus Hofmann et de Masaaki Suzuki, et traduction des textes chantés





«Lutheran Masses I»
Johann Sebastian Bach : Messes luthériennes en sol mineur, BWV 235 [1], et en sol majeur, BWV 236 [2] – Sanctus en sol majeur, BWV 240 [3], en mi majeur, BWV 241 [4], en ré majeur, BWV 238 [5], et en ut majeur, BWV 237 [6] – Kyrie en ut mineur, BWV Anh. 26, et Christe en sol mineur, BWV 242 [7]

Hana Blazíková [2], Joanne Lunn [7] (sopranos), Robin Blaze (contre-ténor), Gerd Türk (ténor), Peter Kooij (basse), Masamitsu San’nomiya (hautbois et hautbois d’amour), Natsumi Wakamatsu (violon), Bach Collegium Japan, Masaaki Suzuki (direction)
Enregistré à la Kobe Shoin Women’s University (septembre 2013 [1 à 4]) et au Saitama Arts Theater Concert Hall (septembre-octobre 2014 [5 à 7]) – 65’30
SACD BIS 2081 – Notice (en allemand, anglais et français) de Klaus Hofmann et traduction des textes chantés


 Sélectionné par la rédaction





Avec ces trois disques, nous avons certainement ce qui se fait de mieux aujourd’hui dans la musique sacrée du grand Johann Sebastian Bach (1685-1750), Philippe Herreweghe et Masaaki Suzuki étant depuis longtemps reconnus comme des interprètes hors pair du compositeur allemand.


Les quatre cantates dirigées par le chef flamand sont interprétées par son équipe habituelle avec une implication de chaque instant, prompte à faire vivre une orchestration et des textes souvent abrupts. Car, ce qui domine dans ces œuvres, c’est avant tout la mort (notamment dans la Cantate BWV 48) et le doute, John Eliot Gardiner, autre grand connaisseur et praticien du Cantor, faisant référence, pour la Cantate BWV 109, au «conflit intérieur entre foi et doute» qui l’innerve (Musique au château du ciel. Un portrait de Jean-Sébastien Bach, Flammarion, page 383), bref autant de sentiments et d’horizons qui pourraient davantage conduire au désespoir qu’à la félicité. Avant d’en venir aux chanteurs, c’est avant tout à l’incontournable Marcel Ponseele qu’il faut rendre ici hommage car, dans ces partitions, le hautbois solo est omniprésent tant parmi l’orchestre (mais sa voix surpasse aisément celle des autres instruments, comme dans le chœur inaugural de la Cantate BWV 73) qu’en qualité d’accompagnateur de premier choix, notamment pour l’alto dans les Cantates BWV 44 et 48. C’est un véritable festival et force est de constater que Ponseele brille une fois de plus à chaque note! Le chœur du Collegium Vocale de Gand est également irréprochable (la conclusion de la Cantate BWV 109!), dirigé par Philippe Herreweghe avec une pulsation idoine. Quant aux solistes, on ne peut rien en dire de spécifique tant leurs mérites dans ce répertoire sont connus, notamment Peter Kooij, qui assure toujours sa partie avec la classe qu’on lui connaît (l’air «Herr, so du willt» dans la Cantate BWV 73). On a donc ici un nouvel exemple des profondes affinités que Herreweghe a su tisser avec l’œuvre choral de Bach, comme il l’avait notamment déjà prouvé dans un précédent volume de cantates déjà publié chez Phi.


Autre grand interprète de Bach, Masaaki Suzuki nous revient avec deux nouveaux disques, le premier rassemblant les Cantates BWV 205 et 207 (1725 et 1726) que l’on peut surnommer «cantates académiques» puisque composées en l’honneur de deux illustres professeurs d’université, August Friedrich Müller pour la première et Gottlieb Korrte pour la seconde, tous deux ayant été professeurs de droit à l’Université de Leipzig. Dans la première, que l’on connaît également sous le nom d’Eole apaisé, l’orchestre du Bach Collegium Japan sonne avec une richesse et presque une profusion sonore (le claquement des timbales): les tutti sont réjouissants de bout en bout. Malheureusement, lorsque les solistes interviennent, ce n’est pas toujours pour le meilleur, le hautbois de Masamitsu San’nomiya n’étant pas très agréable à l’oreille, en particulier dans l’air de Pomone «Können nicht die roten Wangen» chanté par un Robin Blaze une nouvelle fois en difficulté. Le meilleur soliste est certainement la basse Roderick Williams qui, servi par une voix chaude et bien affirmée, délivre un «Wie will ich lustig lachen» de toute beauté. Suzuki reste là néanmoins un deuxième choix, cette cantate bénéficiant d’une riche discographie au sein de laquelle on a notamment pu remarquer l’excellent Leonardo García Alarcón. Dans la Cantate BWV 207, Suzuki est plus convaincant même si, à notre sens, Philippe Herreweghe reste supérieur (Harmonia Mundi). Dans le premier mouvement, où l’orchestre révèle encore une fois toute sa richesse, la direction est légèrement besogneuse, notamment lors des relances, les timbres étant pour leur part tout à fait remarquables. Les quatre solistes sont plutôt bons même si l’on aurait pu bénéficier de davantage d’implication de la part de Joanne Lunn, qui semble parfois un peu extérieure au discours qu’elle doit délivrer.


Au contraire, dans son disque consacré aux Messes luthériennes, Suzuki retrouve toute sa science musicale et nous livre là un excellent disque. A l’image de la très belle peinture de Pieter Jansz Saenredam (1597-1665) qui illustre la couverture de la jaquette, les œuvres enregistrées ici bénéficient toutes d’une très grande clarté dans le rendu, la science contrapuntique de Bach étant ici illustrée avec une évidence bienvenue. Seul Robin Blaze, dont la voix est voilée tout au long du «Domine Fili» et qui se révèle même un peu juste au niveau technique, fait défaut au sein d’une excellente équipe de chanteurs (mention spéciale à Gerd Türk dans le «Qui tollis») conduite avec adresse par Suzuki. L’apothéose de l’interprétation réside sans doute dans le chœur conclusif dont l’élan et la vie sont vivifiants. Dans la Messe BWV 236, c’est l’exubérance orchestrale qui frappe d’emblée avec un «Gloria» frénétique et opulent. Le ténor Gerd Türk est de nouveau la voix à remarquer dans un «Quoniam» magnifique. Contrairement au disque précédent, le hautboïste solo Masamitsu San’nomiya est ici irréprochable, Bach ayant une fois encore eu plusieurs occasions de recourir à l’un de ses instruments solistes préférés. Complétant un disque déjà riche, on écoutera avec une certaine curiosité ces quatre Sanctus et ce Kyrie, brèves pages – mais intéressantes comme ce Sanctus BWV 241 où une légère accélération de l’orchestre transfigure ce morceau a priori bien anodin – qui témoignent néanmoins de l’œuvre choral de Bach, encore une fois parfaitement servie par ce très beau disque.


Le site de Thomas Hobbs
Le site de Peter Kooij
Le site du Collegium vocale de Gand
Le site du Bach Collegium Japan


Sébastien Gauthier

 

 

 

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