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08/12/2013
Anton Bruckner : Symphonie n° 2 en ut mineur (version 1877)
Orchestre de la Suisse romande, Marek Janowski (direction)
Enregistré au Victoria Hall, Genève (octobre 2012) – 54’55
PentaTone Classics PTC 5186 448 – Notice trilingue (anglais, allemand et français) de Franz Steiger





Anton Bruckner : Symphonie n° 6 en la majeur (édition Haas)
Orchestre Métropolitain, Yannick Nézet-Séguin (direction)
Enregistré à la Maison symphonique de Montréal (décembre 2012) – 53’58
ATMA Classique ACD2 2639 (distribué par Rue Stendhal) – Notice bilingue (français et anglais) de Jacques-André Houle





De part et d’autre de l’océan Atlantique, voici deux nouvelles pierres qui s’ajoutent à deux édifices brucknériens en cours, respectivement signés Marek Janowski et Yannick Nézet-Séguin.


Outre leurs dates d’enregistrement rapprochées, les points communs entre ces deux disques ne manquent pas. Tout d’abord, qu’il s’agisse de la Deuxième (1873) ou de la Sixième (1879-1881), voilà certainement deux des symphonies les moins connues d’Anton Bruckner (1824-1896) alors, paradoxalement, qu’elles sont moins impressionnantes que d’autres tant par leur dimension que par leur discours. Ensuite, l’une comme l’autre ont été enregistrées en studio mais à quelques jours de concerts donnés tant à Genève le 18 octobre 2012 qu’à Montréal en décembre 2012, chef et orchestre ayant donc pu roder sur scène des œuvres dont ils maîtrisent la moindre note. Enfin, comme on l’a précisé d’emblée, Janowski est en train, avec cet enregistrement, d’achever son intégrale (après les Première, Troisième, Cinquième, Sixième, Septième, Huitième et Neuvième), à laquelle ne manque désormais que la Quatrième. Quant au jeune chef Yannick Nézet-Séguin, voici donc son cinquième enregistrement brucknérien après les Quatrième, Septième, Huitième et Neuvième.


La Deuxième par Marek Janowski et l’excellent Orchestre de la Suisse romande est une gravure tout à fait remarquable. Dès les notes introductives du premier mouvement (Moderato), le caractère intimiste de cette symphonie transparaît de manière extrêmement convaincante, ce qui nous fait d’ailleurs regretter que le chef ne prenne pas davantage son temps dans certains passages qui mériteraient un peu plus de lenteur (notamment la superbe succession des bois qui débute à 7’41). En revanche, la toute fin du mouvement est beaucoup trop précipitée, générant de ce fait un certain manque de netteté dans les tutti: dommage. L’Andante est, en revanche, une totale réussite, de bout en bout: des solistes splendides (le cor solo de Jean-Pierre Berry) et des cordes d’une ampleur incroyable – on retrouve là avec un plaisir non dissimulé ces violoncelles qui «phrasent avec générosité» comme cela avait été souligné dans nos colonnes à propos du concert – confèrent à ce mouvement toutes ses lettres de noblesse. La déception est donc d’autant plus forte à l’écoute du Scherzo, pris dès le départ de façon extrêmement pesante et qui ne bénéficiera jamais d’aucun élan. Le Finale est, au contraire, extrêmement bien mené, tout en légèreté, avec un sens inouï de l’anticipation, Janowski s’attachant à toujours aller de l’avant, n’hésitant pas à retarder quelque peu l’orchestre lorsque cela s’avère nécessaire (à 4’45) afin, ensuite, de mieux le relancer. Même si le résultat genevois est de très bonne facture, la version enregistrée par Carlo Maria Giulini (chez Testament) demeure à notre sens la référence absolue, son trône étant plus solide que jamais.


Le concert donné en décembre 2012 par Yannick-Nézet-Séguin et l’Orchestre Métropolitain où figurait, aux côtés de la Deuxième Suite de Bach, la Sixième Symphonie de Bruckner, avait été salué dans nos colonnes: force est de constater que la version que l’on entend ici est effectivement d’un très haut niveau. Alors que certains passages peuvent paraître quelque peu déroutants dans leur agencement (le dernier mouvement, comme l’est d’ailleurs également le mouvement conclusif de la Cinquième), les idées se succédant les unes aux autres sans forcément beaucoup de cohérence, le chef sait ici où il va, et l’orchestre le suit sans coup férir. Même si le Majestoso est peut-être conduit un peu trop rapidement, la solennité de la mélodie et le côté implacable de la pulsation de telle ou telle phrase ayant ainsi tendance à disparaître, l’auditeur ne peut que se laisser prendre par cette richesse de sons, grâce notamment à un pupitre de cordes de tout premier ordre. Comme Janowski, c’est dans le mouvement lent (Adagio: sehr feierlich) que Nézet-Séguin se sublime. Prenant cette fois-ci pleinement son temps (c’est d’ailleurs ce que l’on avait pu lui reprocher dans sa Neuvième qui, effectivement, en finissait par être quelque peu poussive), il donne ici une leçon d’orchestre en jouant là aussi sur la diversité des couleurs, alliant mélancolie et simplicité bonhomme. Après un Scherzo tout à fait classique, et plutôt bien mené, Nézet-Séguin conduit, là encore avec un vrai talent, le mouvement conclusif où l’on ne regrettera que des cuivres parfois un peu trop forts (à compter de 7’10 notamment). Même si le mélomane reste fidèle aux versions princeps signées Karajan, Wand ou Celibidache, le présent disque témoigne encore une fois des indéniables mérites aussi bien de Nézet-Séguin que de son orchestre qui signent là, à ce stade, le meilleur opus de leur intégrale brucknérienne en cours.


Le site de l’Orchestre de la Suisse romande
Le site de Yannick Nézet-Séguin
Le site de l’Orchestre Métropolitain


Sébastien Gauthier

 

 

 

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