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06/20/2012
«Division-Musick»
John Jenkins : Lyra Consorts en ré majeur, en ré mineur et en ré mineur
William Lawes : Suite en sol mineur pour deux violes-lyres et orgue obligé
Christopher Simpson : Divisions pour deux violes n°7 en sol majeur, n°1 en ut majeur et n°5 en fa majeur
Thomas Baltzar : Prélude
Solomon Eccles (?) : A Division on a ground by Mr. John Eccles
John Banister : A Division on a ground by Mr. Banister

Amandine Beyer (violon), Musicke & Mirth: Jane Achtman, Irene Klein (viole-lyre et basse de viole), Johannes Strobl (virginal et orgue)
Enregistré au Künstlerhaus-Boswil, Suisse (février-mars 2011) – 64’51
Ramée RAM 1204 (distribué par Outhere) – Notice (en anglais, allemand et français) de Jane Achtman et Bénédicte Verbecke





L’esprit d’aventure de l’ensemble Musicke & Mirth, fondé en 1997 par les deux violistes Jane Achtman et Irene Klein, n’est plus à prouver. Chacun de leurs neuf récitals met en valeur un aspect du répertoire ancien, de la Renaissance ou baroque grâce à un programme équilibré au titre imagé. «Die Spinne im Netz», par exemple, redécouvre des partitions d’un XVIe siècle nurembergeois, «Feuer und Bravour» explore la musique de style galant de la cour de Berlin à l’époque de Telemann, «A Pill to Purge Melancholy» principalement la musique pour violes de gambe de la première moitié d’un XVIIe siècle anglais. «Division-Musick» révèle l’art de la diminution pratiqué avec panache par les compositeurs anglais de cette même époque. L’instrument recommandé est la division viol ou viole-lyre, une basse de viole à six cordes, maniable et réactive, légèrement plus petite que la basse de viole. Au style brillant d’allure spontanée, les variations à diminution à l’anglaise se posent sur un ground, une courte mélodie de basse développée en continuo assuré ici par Johannes Strobl au virginal ou à l’orgue. La violoniste Amandine Beyer s’associe à eux pour certaines partitions qui exploitent le potentiel virtuose de son instrument.


Musicke & Mirth est à l’origine le titre d’une œuvre pour deux violes-lyres de Thomas Hume (c. 1569-1645), contemporain ou prédécesseur des compositeurs de ce riche programme qui s’articule autour des pièces de John Jenkins (1592-1678) et de Christopher Simpson (1605-1669), tous les deux théoriciens et instrumentistes de grand talent, admirés de leurs contemporains. Le cœur léger, les trois Lyra Consorts pour ensemble de violes et virginal du premier se présentent comme une suite d’airs ou de danses à variations, à quatre ou à six mouvements, le violon et la basse de viole en constante rivalité virtuose. Idéal pour clore le récital, le dernier Consort se termine sur des diminutions qui partent d’un air paisible «The Pleasing Slumber» [le somme agréable], la viole-lyre imposant un climat calme, les deux parties en contrepoint toujours finement complexes et inventives. Musicke & Mirth assure seul les trois partitions pour deux basses de viole de Simpson, les divisions passant d’une douce harmonie à un contrepoint brillant, la splendeur croisée des lignes des deux instruments néanmoins subtilement délicate. Le violon intervient seul lors du beau Prélude de Thomas Baltzar (c.1631-1663), sur un ground au virginal lors de la charmante Division de Solomon Eccles (1649-1710) ou (le doute persiste) de son célèbre neveu John (1668-1735), et enfin sur le continuo mélodique d’un orgue rond et flûté lors de la Division tout en légèreté de John Banister (1624-1679). L’orgue soutient également la Suite en trois mouvements de William Lawes (1602-1645), peut-être l’œuvre la plus grave du programme, une longue pavane douloureuse précédant deux Aires mélancoliques. Le rôle obligé de l’orgue dépasse le continuo pour asseoir une mélodie aux harmonies nuancées sur laquelle les deux violes-lyres prennent leur essor pour d’éblouissantes diminutions en un contrepoint recherché.


Les quatre musiciens, dont la compétence n’est jamais à mettre en doute, bénéficient d’une fine prise de son claire, d’une belle présence chambriste. Leur interprétation étudiée, à la recherche de la manière juste, se révèle souple et souriante, les accents plus sombres délicatement soulignés à bon escient. L’équilibre sonore entre les instruments à cordes et le ground finement atteint, la dextérité aérienne d’Amandine Beyer et des deux violistes n’en paraît que plus naturelle et spontanée, la virtuosité évidente toujours sans emphase. En somme, au contraire de certains ensembles baroques, ils apportent le petit supplément d’âme tellement nécessaire au raffinement et à la sensibilité intime de cet univers musical si particulier.


Le site de Musicke & Mirth
Le site d’Amandine Beyer
Le site des Cornets noirs (Johannes Strobl)


Christine Labroche

 

 

 

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