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09/21/2009
Johann Sebastian Bach : Concerto pour deux violons en ré mineur BWV 1043 (*) – Concertos pour violon en la mineur BWV 1041 et en mi majeur BWV 1042 – Concerto pour violon et hautbois en ut mineur BWV 1060a

Alexander Sitkovetsky (*) (violon), Andrey Rubtsov (hautbois), Academy of St Martin in the Fields, Julia Fischer (violon et direction)
Enregistré en l’église Saint-Paul, Londres (2-4 juin 2008) – 58’51
Decca 478 0650 (distribué par Universal) – Notice trilingue (anglais, français, allemand) de Tully Potter






Julia Fischer est une jeune femme pressée. Née en 1983, violoniste prodige, lauréate du concours Yehudi Menuhin à l’âge de onze ans, également pianiste professionnelle, elle signe un contrat d’exclusivité avec la firme Decca en novembre 2008, quelques mois seulement après avoir enregistré le présent disque consacré à des concertos pour violon de Johann Sebastian Bach (1685-1750).


Ces pièces, parmi les plus célèbres de Bach, ont été composées alors qu’il était en poste à Köthen, ville où il fut engagé comme Kapellmeister en août 1717 et qu’il ne quittera qu’en mai 1723. On y retrouve l’inspiration italienne et, plus particulièrement, l’influence d’Antonio Vivaldi (1678-1741) qui est, à cette époque, le plus grand compositeur de concertos pour violon qui soit. Le Concerto pour deux violons, plus tard adapté par Johann Sebastian Bach lui-même pour deux clavecins (c’est le Concerto en do mineur BWV 1062), aurait été composé en 1718 même si la date demeure encore aujourd’hui relativement incertaine. Julia Fischer et Alexander Sitkovetsky dialoguent dans le Vivace et dans l’Allegro avec un plaisir communicatif, délivrant un discours d’une parfaite simplicité alors que la partition recèle naturellement plus d’une difficulté. C’est d’autant plus décevant d’entendre un mouvement lent (Largo ma non tanto) qui reste trop à la surface des choses et qui ne distille aucune véritable émotion : Isaac Stern et ses comparses restent dans nos cœurs.


Les deux Concertos BWV 1041 et BWV 1042 sont destinés au violon seul. Si les circonstances et la date (peut-être 1720) de leur composition demeurent mystérieuses, on sait que Bach transcrivit rapidement les deux pièces pour clavecin, donnant ainsi naissance aux Concertos en sol mineur BWV 1058 et en ré majeur BWV 1054. Julia Fischer adopte un jeu fier (quelques attaques de son instrument aux accents âpres dans l’Allegro moderato du BWV 1041 le trahissent) et impeccable : là encore, l’interprétation peu paraître un peu lisse mais elle bénéficie par ailleurs d’une fraîcheur à laquelle on n’était plus habitué, plusieurs versions parmi les plus récentes préférant plutôt privilégier l’authenticité musicologique. Quant à l’orchestre, s’il ne souffre aucun reproche technique, il handicape néanmoins le jeu de la jeune instrumentiste en raison de tempi à la limite de l’excès (qu’ils soient trop vifs ou trop mesurés) et d’un ronronnement qui s’avère trop souvent ennuyeux.


Plus original dans l’association des instruments (encore que Vivaldi ait déjà eu recours à cette alliance dans ses Concertos RV 543 et RV 548), le Concerto pour violon et hautbois est un modèle d’équilibre. En effet, Bach veille à ne privilégier aucun des deux instruments et laisse à chacun le soin de s’exprimer pleinement. En dépit de son jeune âge (il est né en 1982), Andrey Rubtsov démontre une assurance éclatante, jouant avec chaleur une partition séduisante à chaque instant. Le dialogue avec Fischer est à son meilleur dans l’Allegro conclusif, succédant à un Adagio pris un peu trop lentement. On soulignera néanmoins, encore une fois, l’excellence de Julia Fischer qui sait s’effacer, ne tire jamais la couverture à elle, et démontre qu’elle a indéniablement la trempe des meilleurs solistes de sa génération.


Le site de Julia Fischer
Le site d’Alexander Sitkovetsky
Le site d’Andrey Rubtsov
Le site de l’Academy of St Martin in the Fields


Sébastien Gauthier

 

 

 

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