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02/08/2009
José María Sánchez-Verdú : Alqibla (1) – La rosa y el ruisenor (2) – Elogio del horizonte (3) – Ahhmar-aswad (4) – Paisajes del placer y de la culpa (5)

Junge Deutsche Philharmonie, Lothar Zagrosek (direction) (1), Claudia Barainsky (soprano), Gabriel Suovanen (baryton), Pere Ros, Xurso Varela, Itzlar Atutxa (violes de gambe), Orchestre de la Suisse romande, Marek Janowski (direction) (2), Joan-Enric Lluna (clarinette), Orquesta Nacional de España, Miguel Harth-Bedoya (direction) (3), hr-Sinfonieorchester, Pascal Rophé (4) et Peter Rundel (5) (direction)
Enregistré en 2008 – 70’03
Kairos 0012782KAI – Notice en espagnol, anglais, allemand et français





Sur la colline qui domine d’un côté les vieux quartiers de la ville de Gijón, au nord de la Principauté des Asturies, et de l’autre la mer a été installé en 1990 un extraordinaire monument de béton armé – c’est plus qu’une sculpture – conçu par Eduardo Chillida. Devenu symbole de la ville au même titre que le Guggenheim pour Bilbao, merveille d’équilibre et de légèreté, à la fois ouvert et fermé, c’est l’Elogio del horizonte. C’est aussi le titre d’une des pièces rassemblées dans le portrait musical de José María Sánchez-Verdú – jeune compositeur espagnol, puisque né en 1968, à l’opposé des Asturies, à Algesiras – proposé par Kairos, sans d’ailleurs que le rapprochement entre les deux œuvres d’art soit autorisé par une quelconque information relative aux sources d’inspiration du compositeur. Mais pour ceux qui connaissent la réalisation du grand sculpteur basque, ce rapprochement s’impose d’évidence. Dans la brève pièce musicale, écrite entre 2005 et 2007 par Sánchez-Verdú, superbe hymne à la nature, après une sorte d’apparition royale du soleil à l’horizon, la clarinette finit par s’imposer en son centre, le souffle du clarinettiste faisant penser au bruit sourd des vagues s’écrasant sur les rochers situés au pied de la colline de Gijón et curieusement happé puis emprisonné par le monument de Chillida.


La pièce est précédée et suivie de deux compositions. La première, Alqibla, est la plus ancienne (1998). Le compositeur y démontre déjà une belle science de l’orchestration. Les plages dévolues aux cordes, brisées par de puissants fracas orchestraux, suivis de très expressifs pizzicati, font partie d’une architecture musicale indéniablement bien construite. La deuxième, La rosa y el ruisenor (2005), pour soprano, baryton, violes de gambe et orchestre, est une superbe broderie sur des textes de Saint Jean-de-la-Croix et en fait la treizième scène d’un opéra, El viaje a Simargh, représenté au Teatro Real en 2007 L’usage surprenant des violes de gambe lui donne une couleur fort originale et parfaitement adaptée aux textes repris. Les influences juives et arabes comme l’inspiration chrétienne sont creusées au profit d’un mysticisme digne des grands devanciers espagnols. L’Eloge de l’horizon est suivi de Ahmar-aswad (2000-2001), traduit par Rouge-noir. Commande de la région andalouse, c’est la pièce la plus courte de l’album mais son caractère contrasté et dramatique, faisant à un moment penser curieusement à un passage d’Alexandre Nevski de Prokofiev, avant la bataille sur la glace, marqué sur la fin par de multiples vibratos, est particulièrement impressionnant. Enfin, la dernière pièce, le triptyque Paisajes del placer y de la culpa (2003), comporte des descriptions de jardins de verre, de soie et d’or. Le mystère et la fragilité laissent place aux glissandi et aux froissements, puis aux scintillements et à la puissance de l’évocation de la puissance de l’or.


L’ensemble démontre que, dans un pays de mission comme l’Espagne après tant d’années de glaciation franquiste marquées par la niaiserie du Concierto de Aranjuez (1939) et la dictature de la zarzuela, peuvent finalement naître de grands talents musicaux, même si Sánchez-Verdú partage, aux dires de la notice, aujourd’hui sa vie entre Madrid, Berlin et Düsseldorf. Il y aurait lieu à l’évidence d’explorer plus avant sa création et de sortir un peu des « ronds-ronds » parisiens habituels. On écrit d’excellente musique de l’autre côté des Pyrénées. Luis de Pablo, né en 1930, n’est pas seul et la relève est là.


Les prises de son du disque, au plus près des instrumentistes, sont toutes remarquables. Mention spéciale pour l’enregistrement d’Alqibla sous la direction limpide de Lothar Zagrosek.


Le site de José María Sánchez-Verdú


Stéphane Guy

 

 

 

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