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A suivre Paris Cité de la musique 04/29/2008 - et 21 (London), 24 (Bonn), 26 (Baden-Baden), 30 (Paris) avril 2009 Ludwig van Beethoven : Concertos pour piano n° 1, opus 15, n° 2, opus 19, et n° 3, opus 37
Chamber Orchestra of Europe, Pierre-Laurent Aimard (piano et direction)
Pierre-Laurent Aimard (© Felix Broede/DG)
Après Londres, Bonn et Baden-Baden, la Cité de la musique accueille Pierre-Laurent Aimard et l’Orchestre de chambre d’Europe, qui y donnent à deux reprises le même programme: les trois premiers Concertos de Beethoven. L’association entre le soliste et l’orchestre, qui s’est déjà produit cette saison porte de Pantin avec Vladimir Ashkenazy (voir ici) puis Vladimir Jurowski (voir ici) et qui y reviendra dès la fin du mois prochain avec Youri Temirkanov, n’est pas nouvelle: non seulement on a pu les entendre voici un an dans un programme «viennois» (voir ici), mais c’est précisément avec cette formation que le pianiste français a enregistré en 2001 et 2002 une intégrale des Concertos (Teldec). Complétée ensuite par un disque regroupant le Triple concerto, le Rondo en si bémol et la Fantaisie chorale, elle était dirigée par Nikolaus Harnoncourt, mais depuis lors, Pierre-Laurent Aimard, tel Murray Perahia ou Christian Zacharias, s’est en quelque sorte émancipé et conduit donc lui-même l’orchestre depuis son clavier.
Un tel exercice demeure un défi, tant par les exigences physiques et digitales de ces cent minutes de musique que par la nécessité de veiller en même temps à l’accompagnement, même s’il est ici confié à une phalange d’élite et de petite dimension. Mais Aimard s’en tire admirablement, avec un minimum d’accrocs, commençant, dans l’ordre chronologique, par le Deuxième (1795). Alors qu’on se plaît généralement à mettre en valeur l’ascendance mozartienne de ce concerto, il en souligne au contraire l’expression déjà romantique, s’attardant ici ou là, au point que l’Allegro con brio initial paraît parfois un peu trop lent. L’Adagio prend en revanche davantage ses distances, avant un Rondo final à la fois précis et ludique. Entouré par les cordes, dos au public, Aimard n’en assume pas moins pleinement sa fonction soliste. L’entente avec l’orchestre, duquel ressortent certaines voix secondaires, est remarquable et, avec seulement vingt-six cordes, il sonne avec ampleur et rondeur, sans doute aidé par l’acoustique de grande salle de la Cité.
Dans le Premier (1798), à la faveur d’une allure plus martiale, certains tics «baroqueux» se font jour – phrasés affectés, raideur, voire brutalité, accents très appuyés – mais la verve triomphe dans un pimpant Allegro scherzando conclusif, dont Aimard enrichit la courte cadence précédant le tutti final. Après l’entracte, il n’aborde pas le Troisième (1802) comme un simple héritier du Vingt-quatrième de Mozart: l’équilibre classique n’est certes pas absent de l’Allegro con brio initial, mais il alterne avec les déflagrations romantiques. Le Largo, sans doute le sommet de la soirée, offre avec un minimum d’effets un moment d’une rare qualité, tout de poésie et de pudeur, de caractère chambriste. A nouveau, la vie l’emporte dans le Rondo, mettant un terme au premier des deux volets d’une intégrale passionnante dont le second est d’ores et déjà annoncé pour le 6 octobre prochain.
Simon Corley
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