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De Lulu à La Traviata Paris Palais Garnier 10/15/2007 - et 18, 24, 27, 30 octobre, 2, 5, 8 novembre 2007 Giuseppe Verdi : La Traviata Christine Schäfer (Violetta), Nataliya Kovalova les 21, 27 octobre et 2 novembre, Stefani Secco (Alfredo Germont), José Van Dam (Giorgio Germont), Michèle Lagrange (Annina), Helene Schneiderman (Flora Bervoix), Ales Briscein (Gastone), Michael Druiett (Il Barone Douphol), Igor Gnidii (Il Marchese d’Obigny), François Lis (Dottor Grenvil)
Orchestre et Chœurs de l’Opéra National de Paris, Daniel Oren (direction)
Christoph Marthaler (mise en scène)
Il semble exister de secrètes affinités, autant vocales que psychologiques, entre les rôles de La Traviata et de Lulu si l’on en juge par le nombre de sopranos qui ont abordé ces deux personnages pourtant issus de traditions musicales radicalement différentes : Teresa Stratas (créatrice de la version en trois actes de Lulu dans la production Boulez-Chéreau de Garnier en 1979), Anja Silja avant elle, Christine Schäfer en ce moment à Paris, et la rumeur parle d’Anna Netrebko dans l’opéra d’Alban Berg… Ces deux femmes qui vont jusqu’au bout, la mort, et se consument tout au long de l’opéra ont bien sûr beaucoup en commun. Vocalement, l’absolue exigence de rigueur que nécessite Lulu nous donne, si l’on peut dire, des Traviata attachées à la clarté de l’expression, et c’est justement tout ce que l’on peut apprécier chez Christine Schäfer ; la pureté de la ligne vocale, le sens dramatique propre à chaque situation, mais aussi l’absence de toute affèterie, de tout effet, la distinguent de bien des Traviata venant du bel canto. Après s’être imposée comme l’une des meilleures Lulu (voir son DVD), Christine Schäfer fait désormais partie des grandes Traviata d’aujourd’hui.
De plus, depuis le mois de juin où elle avait inauguré cette production (lire ici), la soprano allemande a conquis une aisance et une assurance incontestables. La direction de Daniel Oren y est d’ailleurs certainement pour une part car après la raideur et la froideur de Sylvain Cambreling, il sait faire preuve d’une rare attention aux chanteurs, il modère toujours l’orchestre de façon à ne jamais les couvrir, mieux, à leur permettre de chanter sans forcer. Bravo maestro !
Mais il n’y a pas non plus de grande Traviata sans grands Germont père et fils. Le jeune Stefano Secco fait déjà preuve d’un art du chant consommé et d’une belle vaillance vocale en Alfredo, tandis que le timbre reconnaissable entre mille et la technique vocale hors pair de José Van Dam impressionnent encore dans ce père qui passe de l’autorité à la compassion. On retiendra également le nom de François Lis, jeune basse française qui incarne un excellent Docteur. On passera sur la mise en scène, qui vient plus de Sainte-Anne que du théâtre, pour aller découvrir l’une des grandes Traviata d’aujourd’hui.
Philippe Herlin
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