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Mosaïques mentonnaises (2)

Menton
Parvis de la basilique Saint-Michel Archange
08/05/2014 -  
Claude Debussy : Estampes
Felix Mendelssohn : Quatuor n° 2, opus 12
Johannes Brahms : Quintette avec piano, opus 34

Menahem Pressler (piano), Quatuor Schumann: Erik et Ken Schumann (violon), Liisa Randalu (alto), Mark Schumann (violoncelle)


M. Pressler (© Alain Barker)


Le festival de Menton est l’un des plus anciens en France dans le domaine de la musique dite «classique» et, en ce jour anniversaire, célèbre avec une certaine solennité sa soixante-cinquième édition: le 5 août 1950 à 22 heures, exactement (à une demi-heure près) 64 ans plus tôt, le Quatuor Végh, interprétant des œuvres de Haydn, Mozart et Beethoven, donnait la première des «soirées musicales» d’une manifestation qui ne durait alors que dix jours. Pour marquer le coup, le public, dans lequel on reconnaît notamment Maxim Vengerov, est incité à allumer des petits lumignons électriques qui ont été préalablement distribués – l’effet est assez réussi en bord de plateau, où les spectateurs du premier rang ont aligné les leurs – et, surtout, un facsimilé du premier programme, avec une délicieuse introduction de Norbert Dufourcq sur le thème «Small is beautiful», est gratuitement remis à chacune et à chacun.


Menahem Pressler (né en 1923) n’avait alors pas encore 27 ans et, ainsi que l’indique André Peyrègne, par ailleurs directeur du conservatoire à rayonnement régional de Nice, dans sa présentation liminaire, il attendit 1971 pour se produire à Menton, avec le Beaux-Arts Trio, dont il fut le pilier de sa fondation en 1955 à sa dissolution en 2009. Il revient quarante-trois ans plus tard, d’abord en solo, sur la scène s’élevant, en haut des marches de la basilique Saint-Michel Archange, entre la façade, achevée en 1819 «dans l’esprit du XVIIe», et le parvis, recouvert d’une mosaïque de galets – aux nombreuses chaises disposées à ce niveau s’ajoutent les places et gradins installées en surplomb côté cour, le tout offrant l’agrément d’une impressionnante vue sur la mer et les lumières de la côte italienne par une belle soirée méditerranéenne.


Mais le plein air, ce sont aussi, au loin, les enfants qui crient, les moteurs qui pétaradent, les klaxons qui retentissent, et, plus encore, un son qui s’envole dans les airs, réduisant fortement l’éventail des nuances dynamiques. S’accrochant parfois au bras son tourneur de pages pour parcourir le court chemin entre la porte de la basilique et son clavier, Pressler, veste blanche, col ouvert et partition sous les yeux, souffre quelque peu de ces conditions particulières dans les Estampes (1903) de Debussy – un répertoire où, au demeurant, il se produit assez rarement. On devine malheureusement davantage qu’on ne l’entend un toucher subtil, dépourvu de toute dureté, mais on passe ainsi assez largement à côté des raffinements de l’écriture debussyste, d’autant que le pianiste semble, de façon trop réductrice, caractériser le propos essentiellement par le recours à des sonorités fondues. Alors qu’il avait renoncé à débuter son programme par le Rondo en la mineur de Mozart, pourtant initialement annoncé, il ne se fait en revanche pas prier longuement pour une sorte de bis, le «Clair de lune» extrait de la Suite bergamasque (1890), présentant les mêmes qualités mais aussi, outre des accrocs nombreux et répétés, les mêmes défauts.



E. Schumann, L. Randalu, M. & K. Schumann (© Kaupo Kikkas)


Lui succède le Quatuor Schumann, dont le nom ne fait pas référence au compositeur mais est celui des trois frères – les violonistes Erik (né en 1982, cinquième prix au concours Long-Thibaud en 2002) et Ken (né en 1986), le violoncelliste Mark (né en 1988) – qui, avec l’altiste estonienne Liisa Randalu, ont fondé cette formation en 2009 à Cologne et ont remporté le premier grand prix du concours de Bordeaux en 2013. L’acoustique n’étant pas plus favorable aux cordes qu’au piano, les jeunes musiciens, qui possèdent manifestement des individualités remarquables – notamment l’altiste – sans être toujours exempts de dérapages instrumentaux et stylistiques, ne déméritent certes pas dans le Deuxième Quatuor (1829) de Mendelssohn, mais même avec les meilleures intentions du monde, il paraît vraiment difficile de s’imposer sur cette scène.


Après l’entracte, il était néanmoins permis de rêver que la rencontre entre un pianiste nonagénaire et des quartettistes dont l’aîné est à peine trentenaire allait renouveler, dans le Quintette avec piano (1865) de Brahms, le miracle de l’association, à la fin des années 1960, entre l’octogénaire Arthur Rubinstein et le jeune Quatuor Guarneri dans deux des Quatuors avec piano du même compositeur, immortalisés par le disque (RCA). Mais c’est une impression morose qui prédomine d’emblée, avec un Allegro non troppo initial méconnaissable, éteint et disloqué, laborieux et interminable (reprise incluse), où les Schumann font révérence à leur aîné en se pliant à un tempo pour le moins étiré. La suite est hélas à l’avenant, le principal événement notable étant l’irruption, dans l’Andante, un poco adagio, d’aboiements répétés et vindicatifs qui n’auront sans doute heureusement pas dérangé ceux qui, dans le public, se prennent en photo avec leurs téléphones portables.


Dès lors, un bis ne paraissait pas vraiment raisonnable, mais le Scherzo (Furiant) du Second Quintette avec piano (1887) de Dvorák amène, à défaut de précision, une verve inespérée pour conclure la soirée.


Le site de Menahem Pressler
Le site du Quatuor Schumann



Simon Corley

 

 

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