About us / Contact

The Classical Music Network

Menton

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Mosaïques mentonnaises (1)

Menton
Musée Jean Cocteau
08/04/2014 -  
Franz Schubert : Trio avec piano n° 2, D. 929
Johannes Brahms : Trio avec piano n° 1, opus 8

Geoffroy Couteau (piano), Amaury Coeytaux (violon), Eric-Maria Couturier (violoncelle)




Né en 1950 du coup de cœur d’André Böröcz (1920-1998) pour un site exceptionnel – le parvis de l’église Saint-Michel-Archange (XVIIe-XIXe), élevée en 1999 à la dignité de basilique mineure par Jean-Paul II –, le festival de musique de Menton a accueilli les plus grands (Casadesus, Kempff, Marguerite Long, Menuhin, Rampal, Richter, Rostropovitch, Stern, Thibaud, le Quatuor Végh...). Aujourd’hui, «sous le haut patronage de S.A.S. Albert II Prince Souverain de Monaco» et sous la direction artistique de Paul-Emmanuel Thomas, l’affiche des dix-huit concerts, particulièrement de ceux qui sont donnés sur le parvis, perpétue cette histoire, avec Nicholas Angelich, Piotr Beczala, Renaud Capuçon, Nelson Freire, Simone Kermes, Gidon Kremer, Menahem Pressler, Christophe Rousset, Alexandre Tharaud mais aussi le duo d’humour musical Igudesman & Joo. S’y ajoutent les différentes manifestations (gratuites) de l’«Off du festival», à savoir dix autres concerts (sept à 16 heures 30 avec de jeunes musiciens au square des Etats-Unis, trois le soir sur l’esplanade Francis Palmero) et deux conférences.


A 18 heures, pour le prix très attractif de 10 euros, de jeunes artistes, dont certains – Benjamin Grosvenor, Yan Levionnois, Yevgeny Sudbin – plus que confirmés, proposent environ une heure de musique au musée Jean Cocteau/collection Séverin Wunderman, ouvert en 2011 dans un bâtiment conçu par Rudy Ricciotti. La boucle est bouclée, car Cocteau avait découvert Menton en 1955 grâce au festival, dont il réalisa l’affiche dès l’année suivante. Il choisit ensuite la cité de la Côte d’Azur, dernière commune française sur la nationale 7 avant l’Italie, pour y établir son musée (du Bastion), la création d’un second lieu qui lui est dédié ayant été permise par une donation de Séverin Wunderman, homme d’affaires américain d’origine belge (1938-2008), comprenant notamment 990 œuvres de Cocteau et portant ainsi à 2000 le nombre de pièces que la ville peut s’enorgueillir de présenter.


Côté littoral de l’édifice, dans une salle entièrement blanche du sol au plafond en passant par les murs, les cloisons, les colonnes et les rideaux, des chaises pliantes noires – le placement est libre – sont disposées de plain-pied presque tout autour d’une scène légèrement surélevée. Le musée accueille, depuis le 11 octobre dernier et jusqu’au 3 novembre prochain, une exposition «Cocteau, Matisse, Piccasso, méditerranéens», de telle sorte que le Bösendorfer est installé devant une tête d’Orphée, l’une des mosaïques réalisées au début des années 1950 par Cocteau pour le patio d’entrée de la villa Santo Sospir à Saint-Jean-Cap-Ferrat, et une grande photo en noir et blanc de Michel Sima (1912-1987) le représentant au côté de son œuvre.



G. Couteau (© Jean-Baptiste Millot)


La formule a visiblement du succès, si l’on en croit ce concert du lundi, qui affiche complet: un public familial et BCBG, où dominent les têtes blanches et grises, est venu assister, avec une belle qualité d’écoute et dans une acoustique assez mate mais nullement problématique, au généreux programme de trios romantiques allemands choisi par des musiciens français, qui viennent de jouer ensemble l’intégrale des Trios de Brahms, Geoffroy Couteau (né en 1979), Amaury Coeytaux (né en 1984), premier violon supersoliste du Philharmonique de Radio France depuis 2012, et Raphaël Perraud, premier violoncelle solo du National. Malheureusement, celui-ci, «accidenté», est remplacé «au pied levé» par Eric-Maria Couturier (né en 1972), membre de l’Ensemble intercontemporain depuis 2002.


Ces conditions un peu particulières appellent à une certaine mansuétude pour apprécier la prestation des trois musiciens, même si les accrocs survenant ici ou là ne s’expliquent pas tous nécessairement par un temps de préparation qu’on suppose avoir été insuffisant. Dans le Second Trio (1827) de Schubert, que Schumann trouvait pourtant «plus entraînant, masculin, dramatique que le Premier, la prudence reste de mise: appliquée, sans faute de goût ni le moindre excès expressif (pas même dans le célèbre Andante con moto), mais aussi sans grande saveur, l’interprétation ne cherche pas midi à quatorze heures et parvient ainsi à bon port.


Le Premier Trio (1854) de Brahms s’enchaîne sans entracte. Le premier mouvement, où les musiciens, contrairement à ce qu’ils avaient fait dans Schubert, respectent la reprise, est solidement construit mais manque d’ampleur, de générosité, d’abandon. De même, le Scherzo paraît plus pointilliste que haletant ou fantastique tandis que l’Adagio non troppo souffre d’un déficit d’expression, les musiciens ne donnant l’impression de se libérer que dans l’Allegro molto agitato final. Les Trios de Fauré et de Ravel n’auraient-ils pas mieux convenu à leur tempérament? Cocteau, grand pourfendeur de certains travers de la musique allemande au lendemain de la Première Guerre mondiale dans Le Coq et l’Arlequin, en eût sans doute souri...


Le site du festival de musique de Menton
Le site du musée Jean Cocteau /collection Séverin Wunderman
Le site de Geoffroy Couteau
Le site d’Amaury Coeytaux



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com