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Fantaisies Oviedo Cloître du Musée archéologique 07/31/2014 - Heitor Villa-Lobos : Chôros n° 2 pour flûte et clarinette
Francis Poulenc : Sonate pour clarinette et piano – Sonate pour flûte et piano
Donato Lovreglio: Fantaisie sur «La Traviata»
François Borne : Fantaisie brillante sur «Carmen» de Bizet
Camille Saint-Saëns : Tarantelle pour flûte, clarinette et piano, opus 6 María Antonia Rodríguez (flûte), Nerea Meyer (clarinette), Mario Bernardo (piano)
M. Bernardo, M. A. Rodriguez, N. Meyer (© Stéphane Guy)
Charmant petit concert dans le cloître du musée archéologique. Il permettait d’entendre des artistes locaux tout à fait excellents dans un programme aussi léger et cohérent que virtuose puisque articulé autour de fantaisies pour duos associant flûte, clarinette et piano, seule la dernière pièce associant les trois instruments.
Dans la première, le Deuxième Chôros (1924) d’Heitor Villa-Lobos (1887-1959), la clarinette, un brin acide, de Nerea Meyer séduit d’emblée par son sens du rythme et sa souplesse. Dans une joute particulièrement complexe et virevoltante, ses graves viennent équilibrer une flûte aiguisée quoique un peu moins convaincante car manquant de ce déhanchement typiquement brésilien qui fait le charme de ce type de pièce.
La Sonate pour clarinette et piano (1962) de Francis Poulenc (1899-1963) permet de conserver la clarinettiste et de découvrir Mario Bernardo, professeur au Conservatoire supérieur de musique de la ville. Nerea Meyer est encore irréprochable tandis que le jeu du pianiste est fortement desservi par un Steinway clinquant et surtout les voûtes du cloître, déjà maudites (voir ici). Ceci n’empêche pas le duo d’aborder avec beaucoup de goût le premier mouvement lui conférant toute l’ambiguïté qui convient, entre gaîté apparente et mélancolie, la romance médiane étant proche de la fêlure et l’Allegro final faisant semblant de tout oublier, même les cloches voisines qu’on a omis de faire taire, contrairement au précédent concert.
La plus connue Sonate pour flûte et piano (1957) du même compositeur est l’occasion de retrouver la flûtiste, formée en partie à Paris, cette fois plus à son affaire. Nuancée, légère, claire, elle a plus que sa part dans la réussite de l’interprétation, la Cantilena centrale nous arrachant presque des larmes, le pianiste ayant toutefois tendance, notamment dans le dernier mouvement, à écraser ses notes dans une pièce réclamant pourtant finesse et équilibre.
On rechange de duo pour la Fantaisie sur «La Traviata» de Donato Lovreglio (1841-1907). On retrouve les arias bien connues du célèbre opéra, les interprètes déployant de belles lignes de chant, le legato et les couleurs de la clarinette étant une nouvelle fois particulièrement remarquables. Les mêmes qualités ne manquent pas avec la Fantaisie brillante sur «Carmen» de François Borne (1840-1920). Le pot-pourri est aussi vulgaire que l’opérette (sic) qui l’inspire mais tout cela est entraînant, virtuose et parfaitement mené.
La Tarantelle (1857) d’un Camille Saint-Saëns de vingt-deux ans (1835-1921), qui n’a donc pas toujours été vieux, permet de regrouper les trois instrumentistes de la soirée. Elle est des plus pétillantes. C’est frais, équilibré et dansant à souhait, pour ne pas dire irrésistible.
Le concert, d’un peu plus d’une heure, aurait pu s’arrêter là mais les artistes ne manquent pas de nous faire reconnaître lors d’un bis un autre Interlude de Carmen dans un arrangement pour leurs trois instruments.
Stéphane Guy
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