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Musique au château Chambord
Château
07/19/2014 -
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano n° 2, opus 18
Antonín Dvorák : Symphonie n° 9 «Z nového sveta», opus 95, B. 178
Nicholas Angelich (piano)
Orchestre symphonique Région Centre-Tours, Jean-Yves Ossonce (direction)
Jean d’Haussonville, directeur général du Domaine national de Chambord, a souhaité compléter la programmation culturelle– lectures, expositions, spectacles («nuits insolites»), artistes en résidence – qu’accueille le château de Chambord par un festival de musique. Depuis 2011, celui-ci se tient en divers lieux de la prestigieuse demeure (cour, appartement de parade, salle des communs d’Orléans, chapelle royale) et même hors les murs (église de Saint-Dyé-sur-Loire). Il en a d’emblée confié la direction musicale à la pianiste Vanessa Wagner, qui a conçu une programmation à son image, n’hésitant pas à sortir des sentiers battus.
Ainsi, pour cette quatrième édition, du 4 au 19 juillet, à côté de soirées tout à fait traditionnelles faisant alterner, après une inauguration par Laurence Equilbey et son Insula Orchestra, récitals (Pascal Amoyel, Emmanuelle Bertrand, Jean-Philippe Collard, Alain Planès, Karen Vourc’h et Vanessa Wagner elle-même) et ensembles (Les Folies françoises, Nemanja Radulovic et ses musiciens), on aura également remarqué un concert lecture autour des Mémoires de Saint-Simon (avec Denis Podalydès, Isabelle Druet et Olivier Baumont), L’Autre monde de Cyrano de Bergerac (avec Benjamin Lazar et l’Ensemble La Rêveuse), un concert franco-allemand de musique contemporaine et une association inédite entre le Quatuor Voce et la chanteuse canadienne Kyrie Kristmanson pour des chants d’amour féminins du Moyen Age. Le succès est au rendez-vous et, grâce à une tarification avantageuse pour qui souscrit l’une des formules d’abonnement proposées, les quinze concerts touchent un public essentiellement local.
N. Angelich (© Stéphane de Bourgies)
Affichant complet, la soirée de clôture était confiée – c’en est (déjà) la coutume – à l’Orchestre symphonique Région Centre-Tours et à celui qui en est le directeur musical depuis quinze ans, Jean-Yves Ossonce. Grâce à la structure transparente déployée depuis cette année dans la cour du château au-dessus des chaises et gradins, les spectateurs ont été épargnés de la pluie d’orage estival qui s’est abattue durant toute la première partie. Pas de quoi perturber, semble-t-il, l’intense concentration de Nicholas Angelich, qui livre un Deuxième Concerto (1901) de Rachmaninov assez atypique, où la pudeur, la retenue, l’analyse et la métaphysique prennent le pas sur l’extériorisation ou la démonstration musculaire souvent de mise dans cette œuvre. Prenant le temps de sonder la partition, au risque de laisser l’auditeur au bord du chemin, le pianiste franco-américain force néanmoins l’admiration par son jeu droit et subtil, jamais brutal, dont l’acoustique du lieu, peu favorable à la fusion des timbres et privilégiant le soliste sur l’orchestre, permet de profiter pleinement. Dans ce Rachmaninov, il y a du Chopin, dont il offre en bis la Première des quatre Mazurkas de l’Opus 33 (1838), sur les mêmes sommets conceptuels, dans une atmosphère étrange à force de raréfaction.
Autre «tube» du romantisme finissant, la Neuvième Symphonie «Du nouveau monde» (1893) de Dvorák manque parfois d’élan dans les mouvements extrêmes – particulièrement le premier (avec sa reprise) et, à un moindre degré, le dernier – et le geste du chef se fait ici ou là trop lourd ou insistant, tendant à brider l’orchestre. Le Largo, avec un fort beau solo de cor anglais, et le Scherzo, tant dans son âpreté que dans son caractère pastoral, sont en revanche mieux venus et les musiciens, disposés à la viennoise (y compris les cinq contrebasses au fond du plateau), se tirent bien des conditions un peu inhabituelles, entre salle et plein air, dans lesquelles ils se produisent.
Le site du festival de Chambord
Le site de Jean-Yves Ossonce
Le site de l’Orchestre symphonique Région Centre-Tours
Simon Corley
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