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Clôture de saison avenue Montaigne avec Anna Netrebko

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
07/12/2014 -  
Giuseppe Verdi: La forza del destino: Ouverture – Il trovatore: «Tacea la notte placida... Di tale amor che dirsi» – Macbeth: Ballabile II et III & «La luce langue» – Otello: «Già nella notte densa»
Giacomo Puccini: Manon Lescaut: «In quelle trine morbide» – «Oh, sarò la più bella... Tu, tu, amore tu »
Umberto Giordano: Andrea Chénier: «La mamma morta»
Ruggero Leoncavallo: I pagliacci: Ouverture
Francesco Cilea: Adriana Lecouvreur: «Io son l’umile ancella»

Anna Netrebko (soprano), Riccardo Massi (ténor)
Janáckova filharmonie Ostrava, Massimo Zanetti (direction)


A. Netrebko (© Dario Acosta)


Pour sa soirée de clôture, le théâtre de l’avenue Montaigne affichait un récital glamour, reporté du mois de mai pour cause de laryngite, et faisait salle pleine avec Anna Netrebko fidèle à Paris et à la série «Les Grandes Voix». Et faisait salle pleine, public très russe, extraordinairement enthousiaste et silencieux, toux et sonneries de portables qui sont désormais le lot des salles de concert semblaient partis en vacances. Soirée glamour avec orchestre, ténor partenaire pour les duos et changement de tenue pour chaque partie: Anna Netrebko a d’abord arboré une magnifique robe toge coquelicot pour chanter Verdi. Le choix de la partie vériste était moins heureux avec du bleu Giotto (selon ma voisine), en fait une robe un peu compliquée genre bal à la campagne chez les Karénine. Ces détails ont leur importance pour comprendre la fascination qu’exerce la chanteuse sur son public. Contrairement à la sympathie profonde qu’inspire une Cecilia Bartoli, on est ici plus à la surface, plutôt chez une icône de la «nouvelle Russie» que chez une diva de la vieille Italie.


Musicalement, le bonheur était mitigé. Incontestable phénomène vocal par la beauté de son timbre et sa présence scénique, indéniable bombe de charme, Anna Netrebko pèche par un problème de style. On est toujours plus dans le charme vocal que dans l’incarnation d’un personnage. Le charme opérait bien avec les trois extraits verdiers, surtout dans le duo Otello-Desdemona chanté avec beaucoup de flamme (et baiser au bon ténor italien Riccardo Massi, plus qu’un faire-valoir). «Di tale amor...» du Trouvère, impeccable techniquement, manquait un peu de progression dans la dynamique de l’air. Celui de Lady Macbeth montrait bien l’évolution du timbre du soprano vers des couleurs plus sombres mais manquait cruellement de mordant et de noirceur psychologique.


Dans la seconde partie, entièrement consacrée au chant vériste, Anna Netrebko a montré l’étendue de ses possibilités dramatiques, notamment dans «La mamma morta» d’Andrea Chénier et dans le duo Manon-des Grieux, dans lequel Massi faisait moins d’effet – même s’il eut encore droit à un long baiser scénique – mais exposait souvent des duretés chez cette voix pas vraiment rompue aux pièges techniques et aux brusques changements dynamiques exigés par ce répertoire.


La Philharmonie Janácek Ostrava n’est pas la Philharmonie tchèque mais a accompagné très dignement ce récital et tenté de donner un peu plus de vie qu’à l’habitude à l’exercice obligé ingrat des ouvertures intercalées entre les airs. Anna Netrebko a réservé le meilleur de la soirée à son bis, avec un «Chant à la lune» de la Roussalka de Dvorák, dans lequel sa superbe ligne vocale et son timbre d’or et de miel étaient utilisés au meilleur escient. Révérences, sourires et excuses pour un second bis avec un grand geste de la main en direction de la Tour Eiffel voisine: «Je dois chanter après-demain, vous savez bien...». Les amateurs de grand-messes cathodiques la retrouveront donc très entourée sur France 2 avant les feux d’artifice. Les autres attendront sa prochaine apparition aux Champs-Elysées, le 10 mai prochain avec l’Orchestre national de France dans les Quatre derniers lieder de Richard Strauss.


Le site d’Anna Netrebko
Le site de Riccardo Massi
Le site de la Philharmonie Janácek d’Ostrava



Olivier Brunel

 

 

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