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Carmen brave les éléments

Lausanne
Arènes romaines d’Avenches
07/04/2014 -  et 5*, 6, 8, 11, 12 juillet 2014
Georges Bizet : Carmen
Béatrice Uria Monzon/ Noëmi Nadelmann* (Carmen), Jorge de Leon/ Giancarlo Monsalve* (Don José), Rocìo Ignacio/ Greta Baldwin* (Micaëla), Franck Ferrari (Escamillo), Maria Rey-Jolly (Frasquita), Camille Merckx (Mercédès), Marc Mazuir (Le Dancaïre), Francisco Vas (Le Remendado), Jérémie Brocard (Zuniga), Sacha Michon (Moralès)
Chœur de l’Opéra de Lausanne, Chœur d’enfants Les Marmousets de Fribourg, Pascal Mayer (direction des chœurs), Orchestre de Chambre de Lausanne, Alain Guingal (direction musicale)
Eric Vigié (mise en scène), Jean-Philippe Guilois (assistant à la mise en scène), Jean-Marie Abplanalp (décors), Cornejo Madrid, Eric Vigié (costumes), Henri Merzeau (lumières), Amélie Reymond (assistante costumes), Jean-Claude Marchione (perruques et maquillages), Sylvia Perujo (chorégraphie), Quentin Martinelli (vidéos)


(© Marc-André Guex)


Située à quelque 70 km de Lausanne, la petite bourgade d’Avenches a été fondée au premier siècle avant Jésus-Christ pour très vite devenir la plus importante cité romaine d’Helvétie (Aventicum), étape obligée sur la route entre la vallée du Rhône et la Germanie. Parmi les nombreux vestiges dont le bourg peut se targuer aujourd’hui, on compte des arènes particulièrement bien conservées, qui peuvent accueillir près de 5500 spectateurs. Depuis 1995, des opéras y sont représentés chaque été, faisant d’Avenches, toutes proportions gardées, l’équivalent de Vérone en Italie. Si, au début, un certain amateurisme était de mise dans la réalisation des spectacles, l’arrivée d’Eric Vigié en 2011, par ailleurs directeur de l’Opéra de Lausanne, a été synonyme de saut qualitatif indéniable. Mais le festival d’Avenches repose sur un équilibre financier fragile car les annulations de représentations pour cause de mauvais temps ne sont pas rares, mettant à mal les comptes de la manifestation. En ce début d’été 2014 maussade, le sort semble s’acharner sur Avenches : deux représentations sur quatre ont dû être annulées en raison des intempéries, et les deux dernières s’annoncent incertaines. On parle depuis plusieurs années déjà de couvrir les arènes pour garantir les spectacles par n’importe quel temps.


Pour les 20 ans du festival, le directeur de la manifestation a tenu à monter lui-même Carmen, l’un des titres parmi les plus rassembleurs et les plus populaires de tout le répertoire lyrique. Eric Vigié a cependant souhaité une production sobre et dépouillée, débarrassée du folklore andalou habituellement associé à l’ouvrage. L’action a été transposée dans les années 1960, en pleine période franquiste donc, mais l’aspect politique a été relégué au second plan. Dans un décor urbain gris et froid, où dominent le béton et le métal, le metteur en scène s’est attaché à dépeindre un monde rude et difficile, figé par des siècles de traditions. Les mouvements de foules sont réglés de manière efficace sur l’immense plateau dressé au centre des arènes. Par contraste avec la sobriété de la mise en scène, Eric Vigié a voulu une Carmen aguicheuse, qui ne se prive jamais d’étaler ses charmes et ses atours, au risque de rendre la bohémienne parfois vulgaire.


Béatrice Uria Monzon a chanté Carmen dans le monde entier, sauf en Suisse romande. Sa venue à Avenches constitue donc un événement, même si son interprétation est bien connue des mélomanes qui parcourent la planète lyrique. L’amateur de découvertes peut, quant à lui, choisir la deuxième distribution, pour la prise de rôle de Noëmi Nadelmann. La voix de la soprano suisse s’est étoffée dans le registre grave, ce qui permet aujourd’hui à la chanteuse d’aborder la célèbre cigarière. Malgré un vibrato marqué et des notes graves qui paraissent néanmoins quelque peu forcées et qui rendent les changements de registre gênants, l’interprète peut compter sur sa longue expérience pour composer un personnage crédible, une femme mûre qui sait exactement ce qu’elle veut, une prise de rôle à saluer donc. Dommage que son Don José soit terriblement uniforme, avec son chant en force et son français plutôt approximatif, rendant le contraste encore plus saisissant avec la Micaëla toute en finesse et en nuances de Greta Baldwin, chaleureusement applaudie au terme de la représentation. Franck Ferrari a campé, pour sa part, un Escamillo efficace et bien timbré, mais routinier. A la tête de l’Orchestre de Chambre de Lausanne, Alain Guingal a su enflammer la fosse, malgré plusieurs décalages. Très bon enfant, le public a réservé un accueil chaleureux à tous les participants. En 2015, Avenches conservera des airs de Séville puisque c’est le célèbre Barbier de Rossini qui sera au programme.



Claudio Poloni

 

 

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