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Le retour d’Ozawa à Paris

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
07/02/2014 -  et 26 (Rolle), 28 juin (Genève) 2014
Ludwig van Beethoven: Quatuor n° 3 en ré majeur, opus 18 n° 3: Allegro
Claude Debussy: Quatuor en sol mineur, opus 10: Andantino, doucement, expressif
Robert Schumann: Quatuor n° 3 en la majeur, opus 41 n° 3: Andante espressivo-Allegro molto moderato
Johannes Brahms : Sextuor n° 1 en si bémol majeur, opus 18: Andante ma moderato
Franz Schubert: Quintette pour deux violoncelles en do majeur, D. 956: Allegro ma non troppo
Johann Sebastian Bach: Concerto pour deux violons en ré mineur, BWV 1043 : Largo ma non tanto
Béla Bartók: Divertimento, sz. 113: Molto adagio – Allegro assai

Musiciens de la Seiji Ozawa International Academy Switzerland, Seiji Ozawa (direction)


S. Ozawa (© Nancy Lee Katz)


Lorsque le programme de la saison 2013-2014 du Théâtre des Champs-Elysées fut publié au printemps 2013 et qu’on y vit figurer le nom de Seiji Ozawa, on n’osait y croire tant les dernières années du grand chef furent marquées par ses problèmes de santé et la prolongation de ses absences des plus grandes scènes à travers le monde. Sauf erreur, la dernière fois que le public français put le voir, ce fut justement à l’occasion d’un mémorable concert des jeunes musiciens de l’International Music Academy Switzerland (IMAS). Depuis, c’est à distance qu’on a eu des informations sur son cancer de l’œsophage, sur sa pneumonie à complications à la suite d’une interprétation du War Requiem de Britten au Festival de Matsumoto. Et pourtant, il est bien là ce soir, sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées qui l’a vu si souvent triompher devant un public acquis à sa cause.


Ozawa venait ce soir dans le cadre d’une brève tournée qui, partie du Château de Rolle en Suisse, lui permettait de faire jouer de jeunes musiciens âgés entre 18 et 29 ans, issus des quatre coins du monde (Japon, Etats-Unis, France, Pologne...), qui dédient tous leur vie de musicien à l’art du quatuor à cordes. Permettant de faire à la fois de la musique de chambre et de l’orchestre, l’IMAS fait appel à des pédagogues célèbres (Robert Mann, Nobuko Imai, Pamela Frank, Sadao Harada), amis de longue date du chef japonais, au cours de sessions annuelles qui se concluent invariablement par quelques concerts.


Même si la première partie ne fut pas aussi impressionnante que celle qu’on avait pu entendre lors de la précédente venue de l’IMAS en France, quels talents néanmoins! Si le concert débutait par un très bon premier mouvement (Allegro) du Troisième Quatuor de Beethoven grâce au jeu des deux violonistes Eva Zavaro et Luis Enrique Zembrano (une jeune Française et un jeune Vénézuélien âgés respectivement de 19 et 22 ans), c’est surtout le troisième mouvement du Quatuor en sol mineur de Debussy qui fut marquant. Avec leurs superbes couleurs mordorées, les quatre instrumentistes frappent immédiatement par leur maturité, leur constante implication et leur jeu tout en retenue; l’altiste japonaise Wakan Ono et le violoncelliste Bumjun Kim furent particulièrement remarquables. Et que dire, dans le premier mouvement du célèbre Quintette pour deux violoncelles de Schubert, de l’implication totale de la violoniste polonaise Agata Szymczewska? La façon qu’elle a de regarder la Coréenne Suyoen Kim, au premier violon, la manière de se tenir, l’anticipation des attaques témoignent là encore d’une solidité musicale à toute épreuve. On soulignera enfin l’excellente prestation de l’altiste Maren Rothfritz dans l’Andante ma moderato du Premier Sextuor de Johannes Brahms, dont on avait déjà eu l’occasion d’entendre l’Allegro ma non troppo en juillet 2009.


Après l’entracte, tous les musiciens entrèrent sur scène, les applaudissements faisant plus que redoubler lorsque le public s’aperçut de la présence presque incognito, au milieu d’eux, de Seiji Ozawa. Toujours souriant, son ample chevelure ayant depuis longtemps quitté le poivre et sel pour franchement virer au blanc, vêtu de noir (sa veste arborant son célèbre petit papillon) et d’une chemise blanche, il soulève d’emblée l’enthousiasme du public, heureux de revoir un chef qui a toujours été chez lui à Paris. Dirigeant assis le deuxième mouvement du Concerto pour deux violons de Bach, Ozawa frappe par l’économie de ses gestes, trahissant les épreuves physiques passées. Pour autant, la magie opère et, bien que l’interprétation soit peu conforme aux actuels canons de la musique baroque (un sens assez poussé du rubato, une ampleur agréable à l’oreille à mille lieues de la sécheresse de certaines interprétations souhaitant être plus authentiques), on en ressort ravi. Mais le meilleur allait venir avec, malheureusement, seulement les deuxième et troisième mouvements du Divertimento (1939) de Bartók. Ozawa allie à la fois le tragique du Molto adagio et la vivacité bouleversante de l’Allegro assai, l’œuvre se concluant par un véritable feu d’artifice, lui-même donnant ensuite lieu à une explosion d’applaudissements.


Mais, comme à son habitude, et après avoir tapé dans la main de chaque instrumentiste, c’est au milieu des siens que Seiji Ozawa, un grand bouquet de fleurs blanches au bras, salue un public enthousiaste. Espérons que ce concert sera suivi par bien d’autres!


Le site de l’Académie internationale Seiji Ozawa-Suisse
Entretien avec Seiji Ozawa



Sébastien Gauthier

 

 

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