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Nuit américaine

Albi
Grand Théâtre
06/26/2014 -  
Alexandros Markeas : Zapping
Georges Delerue : La Nuit américaine»: «Grand Choral» – Comptes à rebours: Adagio – Récit et Choral – L’important, c’est d’aimer – Le Mépris: thème de Camille
Vladimir Cosma : Quatuor à cordes – Oblique pour violoncelle solo et cordes – La Gloire de mon père: Habanera – Un éléphant, ça trompe énormément: «Hello Marylin» – Diva: «Promenade sentimentale» – Les Aventures de Rabbi Jacob – Micheline – La Boum
Louis Moreau Gottschalk : Bamboula
Ferdinand «Jelly» Roll Morton : King Porter Stomps
Jean Wiéner : Concerto franco-américain – Ballade – Touchez pas au grisbi
Joseph Kosma : Sonatine pour piano et violon – Autumn Leaves

Isabel Sörling (voix)
Eric Lacrouts, Anne Gravoin, Pierre Fouchenneret, Etienne Gara, Simon Milone, Alexandre Pascal, Aurélien Pascal (violon), Issey Nadaud (alto), Marie-Paule Milone, Jeroen Reuling, Clément Peigné (violoncelle), Grégory Daltin (accordéon), Guy Touvron (trompette), Laurène Durantel (contrebasse), Emmanuel Curt (percussions), Denis Pascal (piano), Alcazar Memories, Quatuor Tana
Olivier Garouste (réalisation, montage et manipulation d’images)




Avec la chaude couleur rougeoyante de ses pierres – en particulier de la cathédrale Sainte-Cécile et du Palais de la Berbie, dont la cour accueille quelques concerts –, Albi est considérée, à raison, comme l’une des plus belles villes de France – l’inscription en 2010 au patrimoine mondial de l’Unesco constitue à cet égard une légitime reconnaissance. C’est dans les murs de la fière cité cathare où il est né que Denis Pascal a fondé, il y a huit ans, un festival original et convivial. Et avec l’inauguration au début de l’année du nouveau Grand Théâtre dont l’architecture s’insère harmonieusement dans le tissu urbain, il dispose désormais d’un remarquable point de convergence.


En marge des autoroutes de la culture, le pianiste a imaginé un rendez-vous où se retrouvent, chaque année le dernier week-end de juin, les membres d’une famille musicale ouverte et chaleureuse. Cette huitième édition est placée sous le signe de cinéma, un des plus importants creusets de la création musicale au XXe siècle, ce que certaines postures négligent parfois. Après un mercredi en compagnie de Fellini, c’est François Truffaut qui guide le concert du jeudi, intitulée «La Nuit américaine». Pour illustrer la soirée, Olivier Garouste a imaginé une création sonore ponctuée des plus célèbres répliques de Jean-Pierre Léaud, tandis que des géométries abstraites s’épanchent sur l’écran en contrepoint de la musique.


L’ouverture du programme ouvre une parenthèse contemporaine avec Zapping d’Alexandros Markeas, où Emmanuel Curt jongle entre xylophone et vibraphone. Construite sur un motif répétitif, la pièce s’ingénie à prendre le contrepied de l’image, et se contente un peu trop de ces croisements entre le musical et le visuel, lesquels n’échappent pas à une relative prolixité. Mais la «nuit américaine» commence réellement avec, passage obligé, Georges Delerue, et sa partition éponyme. On reconnaît la noblesse mélancolique du Mépris, autre exemple d’inspiration qui colle au plus près de la syntaxe de la Nouvelle vague, où les ensembles font valoir un plaisir de jouer communicatif. On entend également des pages de Gottschalk ( Bamboula), ou encore Jean Wiéner (le Concerto franco-américain, Ballade ou le souvenir de Jean Gabin dans Touchez pas au grisbi.



D. Pascal, G. Touvron, P. Fouchenneret (© François de Villeneuve)


Vladimir Cosma reste cependant l’invité d’honneur – et le cinéma populaire qu’il a mis en notes reste aussi gravé en nos mémoires que par exemple Rabbi Jacob, la Habanera de La Gloire de mon père, ou encore La Boum, que Pierre Fouchenneret et Guy Touvron, accompagnés par Denis Pascal, interprètent avec une belle complicité, le premier avec un violon au vibrato souple, nourri et désormais maîtrisé qui répond au moelleux et à l’éclat de la trompette du second. Retenons également le trio jazz Alcazar Memories, qui livre une lecture personnelle des Feuilles mortes de Joseph Kosma, avec la voix d’Isabel Sörling, laquelle s’affranchit de l’intelligibilité des mots pour en faire vibrer les couleurs. C’est d’ailleurs cette liberté et cette inventivité qui distingue les trois jeunes musiciens, le piano imaginatif de Paul Lay comme la pulsation charnue de la contrebasse de Simon Tailleu. Et l’ultime bis de ce voyage sonore au pays des souvenirs cinématographiques, Le plus beau tango du monde, s’improvise en des variations pleines de fantaisie qui s’immiscent dans la mémoire pour ne plus la lâcher : l’art ne connaît pas les frontières de genre. Encore une preuve que musique et affectivité sont indéfectiblement liées: ne sont-ils pas «tons voisins»?


Le site du festival



Gilles Charlassier

 

 

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