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Une trop froide perfection Paris
Théâtre des Chaps-Elysées
01/31/2001 -
Tartini : Le Trille du Diable
Stravinsky : Divertimento, suite du Baiser de la Fée
Brahms : Sonate pour violon et piano n°1 op. 78
Bartok : Danses Roumaines
Vadim Repin (violon), Boris Berezovsky (piano) Pour le son, idéal alliage de chaleur et de contrôle, de chant et de chair, pour la ligne galbée et arienne, pour l’exceptionnelle maîtrise et le goût des nuances, nous tenons là, plus que jamais, le seul héritier d’Oïstrakh. Ce qui faisait ce soir défaut, c’est l’esprit. Ou une acoustique plus intime. Ou un partenaire digne de ce nom, tant Berezovsky, rythmicien méticuleux, s’avère, lui, pauvre en nuances et inapte au rubato. Ou peut-être les trois. Comment expliquer autrement que la sublime Sonate n°1 de Brahms laisse à ce point de marbre, et paraisse d’ailleurs si peu émouvoir le violoniste ? Repin bien sûr nous transporte en quelques instants, la cadence passionnément romantique de son Trille du Diable (mais le reste du morceau, hors style, et parfois même imprécis quant à la justesse des fins de phrase sur les spiccati ascendants, sonne comme ce qu’il est : une mise en bouche), les retournements fantasques de son Stravinsky, les registrations de ses danses Roumaines (où l’on préfère cependant l’étreignante sensualité et le cabotinage génial de Vengerov, son camarade d’études et rival). Ce n’est qu’en bis, et libéré du piano, qu’il paraît renouer avec le don de soi et ne plus seulement se contenter d’une froide perfection, nous faisant amèrement regretter un programme dédié à la musique plutôt qu’à l’épate (concerto, musique de chambre ? Quand renouvellera-t-il à Paris le miracle de ses concerts au Louvre ?) et ramenant sur le devant de la scène ce qu’il ne devrait jamais cesser d’être : l’un des deux plus grands violonistes du monde.
Vincent Agrech
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