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Œcuménisme?

Paris
Salle Pleyel
05/21/2014 -  et 22 mai 2014
Olivier Messiaen : Le Tombeau resplendissant
Johannes Brahms : Ein deutsches Requiem, opus 45

Marita Solberg (soprano), Matthias Goerne (baryton)
Chœur de l’Orchestre de Paris, Lionel Sow (chef de chœur), Orchestre de Paris, Paavo Järvi (direction)


M. Solberg


Messiaen et Brahms, le catholique et le luthérien : œcuménique programme à l’Orchestre de Paris. Mais Le Tombeau resplendissant ne prépare guère au Requiem allemand. L’Orchestre de Paris, en tout cas, brille de tous ses feux dans cette partition que Messiaen, après la création par Pierre Monteux en 1931, interdit d’exécuter et de publier – on l’exhuma en 1994. On reconnaît bien le futur compositeur de la Turangalîla, déjà maître de l’orchestre à 23 ans, à travers aussi ce lyrisme éperdu des parties lentes qui s’épanche dans une conception très étirée du temps musical – superbes solos de bois et de cordes. Paavo Järvi, sans l’émousser, se garde bien de le souligner, alors que les déflagrations de la partie rapide, assez motorique, sont implacablement maîtrisées.


Même maîtrise dans Un requiem allemand. Maîtrise de la forme en particulier : le chef construit son interprétation, très attentif aux enchaînements, à la continuité du flux ; il dirige chaque partie comme autant de stations d’un cheminement intérieur menant à la lumière de l’ultime « Selig sind die Toten ». Mais on n’attendra pas ici la ferveur illuminée d’un Karajan ou d’un Giulini : Järvi n’est pas un mystique, il est plus humain, plus terrien même... et il assume – Brahms n’est-il pas ainsi, après tout ? Lecture cohérente, sans sécheresse, qui trouve toujours l’équilibre entre la douceur et la puissance : « Wie lieblich sind deine Wohnungen » se nimbe d’une sérénité sobrement charmeuse, « Denn wir haben hie keine bleibende Statt » se déploie dans un irrésistible élan dramatique. On regrette d’autant plus – et l’on s’étonne, connaissant le chef estonien – que l’éventail dynamique soit aussi resserré.


Il serait presque plus riche du côté du chœur, familier de l’œuvre depuis sa formation, dont l’homogénéité ne faiblit jamais. Les solistes, en revanche, laissent plus sceptique : Matthias Goerne pâtit toujours d’une émission peu orthodoxe, trop engorgée, ne pouvant du coup atteindre à l’intensité qu’il souhaite ; le contraire de Marita Solberg, belle voix ronde et impeccablement conduite, mais à qui échappe la dimension séraphique de « Ihr habt un Traurigkeit ».



Didier van Moere

 

 

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