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Bastille en couleurs

Paris
Opéra Bastille
05/10/2014 -  et 14*, 15, 18, 21, 25, 26, 28, 29, 31 mai, 3, 4, 6, 8 juin 2014
George Balanchine : Le Palais de cristal
Christian Lacroix (costumes), Madjid Hakimi (réalisation des lumières)
Amandine Albisson/Ludmila Pagliero/Nolwenn Daniel/Valentine Colasante, Josua Hoffalt/Mathieu Ganio/Karl Paquette/Fabien Revillion (solistes premier mouvement), Laura Hecquet, Fanny Gorse, Yannick Bittencourt, Fabien Revillion/Marie-Solène Boulet, Audric Bezard, Vincent Chaillet, Florimond Lorieux, Mathieu Contat (deux couples premier mouvement), Aurélie Dupont/Marie-Agnès Gillot/Agnès Letestu/Ludmila Pagliero/Laura Hecquet, Hervé Moreau/Karl Paquette/Vincent Chaillet/Audric Bezard (solistes deuxième mouvement), Charline Giezendanner, Axel Ibot, Sae Eun Park, Florimond Lorieux/Juliane Mathis, Jennifer Visocchi, Grégory Gaillard, Maxime Thomas (deux couples deuxième mouvement), Valentine Colasante/Ludmila Pagliero/Alice Renavand/Héloïse Bourdon, François Alu/Emmanuel Thibault/ Pierre Arthur Raveau/Audric Bezard (solistes troisième mouvement), Héloïse Bourdon, Alexandre Gasse, Aubane Philbert, Cyril Mitilian/Séverine Westermann, Yannick Bittencourt, Fabien Revillion, Laurène Lévy (deux couples troisième mouvement), Nolwenn Daniel/Charline Giezendanner/Eve Grinsztajn/Valentine Colasante, Alessio Carbone/Pierre Arthur Raveau/Christophe Duquenne/Emmanuel Thibault/Florimond Lorieux (solistes quatrième mouvement), Marion Barbeau, Mickaël Lafon, Alice Catonnet, Maxime Thomas/Laurène Lévy, Cyril Mitilian, Alexandre Labrot (deux couples quatrième mouvement)
Benjamin Millepied : Daphnis et Chloé (création)
Daniel Buren (scénographie), Holly Hynes (costumes), Madjid Hakimi (lumières)
Laetitia Pujol/Aurélie Dupont/Amandine Albisson (Chloé), Mathieu Ganio/Hervé Moreau/Marc Moreau (Daphnis), Eve Grinsztajn/Eleonore Abbagnato/Léonore Baulac (Lycénion), Marc Moreau/Alessio Carbone/Allistair Madin (Dorcon), Pierre-Arthur Raveau/François Alu/Fabien Revillion (Bryaxis)
Ballet de l’Opéra national de Paris, Chœur de l’Opéra national de Paris, Alessandro di Stefano (chef de chœur), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Philippe Jordan (direction musicale)


Daphnis et Chloé (© Agathe Poupeney/Opéra national de Paris)


L’événement tenait en haleine, chose rare, les mélomanes autant que les balletomanes: généralement réduit aux suites que Ravel en a tirées, Daphnis et Chloé n’avait pas été joué en version intégrale – avec chœurs donc – à Paris depuis de nombreuses années, et en confiant la partie musicale à Philippe Jordan, on suscitait autant l’intérêt des amateurs de Ravel que des aficionados de Millepied, sans compter que la scénographie fait appel à un autre nom bien connu du public comme de la cour du Palais Royal, Daniel Buren.


Le rideau sur lequel s’ouvre la pièce utilise bien évidemment le lexique des rayures blanches et noires, marque de fabrique du plasticien, dont l’opacité joue des effets de mystère. Daphnis et Chloé apparaissent dans l’innocence de leur blancheur où rayonne la juvénile fraîcheur de Mathieu Ganio, rehaussé par la sobriété délicate de Laetitia Pujol. Sous un semblable apprêt, Marc Moreau fait bondir la jalousie de Dorcon que tempère vainement Lycénion, incarné par une Eve Grinsztajn, à mi-chemin entre distance et complicité. Mais viendront ensuite les pirates, évidemment de noir vêtus, emmené par Bryaxis, où Pierre-Arthur Raveau, d’un élan vigoureux, fait montre d’un gain de maturité depuis la candeur qui exsudait de sa jeunesse dans La Sylphide.


Soutenue par un jeu de géométrie bleu, jaune, vert et rouge selon un alignement sans doute conçu pour une convergence de lignes de fuite au centre de la salle, l’alternance entre séquences pantomimiques et épure d’inspiration néoclassique aboutit à un finale enlevé, véritable symphonie de rythme et de couleurs, où les solistes troquent le noir et blanc de leurs maillots pour les pétulances jusqu’alors réservées aux intermittences du décor. Si la performance des chœurs se limite à des échos de vocalises maîtrisés comme il se doit, l’Orchestre de l’Opéra de Paris exalte, sous la baguette de son directeur musical, les fragrances de la partition de Ravel, et en invite les sonorités oniriques sans s’y appesantir. L’élégance et la mesure restent, comme toujours les maîtres de Philippe Jordan.



Le Palais de cristal (© Agathe Poupeney/Opéra national de Paris)


En première partie, celui-ci s’en fait presque le domestique dans une Symphonie en ut de Bizet, canevas musical du Palais de cristal de Balanchine, saint patron de Benjamin Millepied au New York City Ballet, où il a néanmoins surtout retenu la leçon de Jerome Robbins. La clarté avec laquelle le chef mène le jeu confine à une certaine raideur que l’on croirait presque militaire si la délicatesse de l’orchestration, en particulier dans l’Adagio, ne parvenait à affleurer. Pour cette nouvelle production d’un classique réalisé explicitement pour le Ballet de l’Opéra de Paris, Christian Lacroix s’est contenté d’adapter la grammaire de Joyaux – rubis, saphir, émeraude et diamant se succédant au fil de la partition suivant l’ordre des mouvements de l’œuvre musicale. Si l’on peut admirer la grande habilité de la chorégraphie, les solistes ne s’y révèlent pas au meilleur de leur forme. Aurélie Dupont et Hervé Moreau sont très applaudis dans le deuxième mouvement, quoique la grâce du couple ne manque pas de calcul, mais Josua Hoffalt se laisse parfois piéger par l’équilibre dans le premier, tandis que la robustesse de François Alu dans le Scherzo devient lourdeur gauche dans le Finale – sans compter des entrées au réglage hésitant. On a vu la «Grande Boutique» mieux servir Mister B, preuve que la vigilance des trusts ne remplace pas la magie de la scène.



Gilles Charlassier

 

 

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