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Convalescence

Paris
Théâtre du Châtelet
04/17/2014 -  
Igor Stravinsky : Symphonie en ut
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 5 en mi mineur, opus 64

Orchestre national de France, Daniele Gatti (direction)


D. Gatti (© Primo Gnani)


Après deux premiers volets consacrés aux Première puis aux Deuxième et Troisième de Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840-1893), l’Orchestre national de France renoue avec l’intégrale symphonique en cours, les Quatrième et Sixième devant être respectivement données les 15 et 22 mai prochains.


La Cinquième ne durant qu’une quarantaine de minutes, la première partie du concert était consacrée à la rarement donnée Symphonie en ut (1939-1940) d’Igor Stravinsky (1882-1971). Sans remonter à la Symphonie en ut mineur de Joseph Martin Kraus, le concept même de Symphonie en ut fait immédiatement penser en France à Paul Dukas ou, surtout, Georges Bizet: on a ainsi tendance à oublier Stravinsky, qui a écrit là une œuvre qui, par bien des échos, fait référence à Prokofiev, même si les œuvres néoclassiques que sont Pulcinella (1919) ou Le Baiser de la Fée (1928) peuvent également être évoquées. Cette symphonie en quatre mouvements frappe ainsi par ses timbres harmonieux, la délicatesse de son tissu orchestral et le jeu scintillant qui s’instaure entre les vents (excellente Nora Cismondi au hautbois) et les cordes. Daniele Gatti, qui a suspendu ses activités pendant quelques semaines à la suite de problèmes de dos, apparaît sur scène avec, cette fois-ci, la main droite partiellement enveloppée d’un bandage, le conduisant d’ailleurs à user d’une baguette au pommeau conséquent voire à la délaisser au profit d’une direction à l’aide de ses seules mains. Sa gestique n’en demeure pas moins extrêmement précise, l’espièglerie de la partition jaillissant avec justesse à chaque note du premier mouvement (Moderato alla breve). La tension des deuxième et troisième mouvements, aux motifs insistants des cordes sur lesquels les vents jouent de manière fantasque (trompette et hautbois en premier lieu), est à son tour très bien rendue avant que bassons et clarinettes ne fassent preuve de toute l’étendue de leurs moyens techniques dans un mouvement conclusif totalement débridé, qui s’achève paradoxalement dans le calme le plus absolu.


La seconde partie était donc consacrée à la Cinquième Symphonie (1888) de Tchaïkovski, le National poursuivant ainsi son cycle entamé au mois d’octobre dernier. L’orchestre connaît bien cette œuvre qu’il avait notamment interprétée de manière exemplaire sous la baguette de son directeur musical honoraire à vie, Kurt Masur, en novembre 2003 puis à deux reprises en juin 2005, ces derniers concerts ayant par la suite été publiés chez Naïve (voir ici). Or le concert de ce soir aura surtout montré une interprétation trop souvent caricaturale d’une symphonie apparemment facile à diriger. Gatti alterne ainsi brusques accélérations et ralentis au contraire excessifs dès le premier mouvement (Adagio - Allegro con anima) qui, sous la houlette de la clarinette de Patrick Messina, démarrait pourtant fort bien. Quant à la fin, elle est tellement précipitée que les cordes ont presque du mal à suivre. Le deuxième mouvement (Andante cantabile con alcuna licenza) est le plus réussi, permettant aux bois d’épauler le merveilleux cor solo d’Hervé Joulain, Gatti non avare une nouvelle fois de quelques affectations tout en évitant néanmoins la plupart du temps d’en faire un moment sirupeux comme on à parfois tendance à l’entendre. On regrettera néanmoins qu’il ne prenne pas davantage son temps, remarque qui peut d’ailleurs être adressée à l’ensemble de la symphonie, qui aurait sans nul doute mérité de gagner en quiétude. Après un honnête troisième mouvement (Allegro moderato) mais sans la poésie qui aurait été souhaitable (l’atmosphère sous-jacente des ballets et valses n’apparaissant pas avec suffisamment de force ni de poésie), Daniele Gatti dirigea avec encore une fois trop d’empressement le dernier mouvement, les variations de tempo imposées par le chef apparaissant au surplus artificielles. Le public salua néanmoins le résultat, qui fait tout de même figure de raté au sein d’un cycle symphonique dont on espère que les deux derniers temps seront à la hauteur des deux premiers.



Sébastien Gauthier

 

 

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