About us / Contact

The Classical Music Network

Limoges

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Un Don Pasquale enlevé

Limoges
Opéra-Théâtre
04/06/2014 -  et 8* avril 2014
Gaetano Donizetti : Don Pasquale
Simone del Savio (Don Pasquale), Anna Sohn (Norina), Alex Martini (Docteur Malatesta), Leonardo Cortellazzi (Ernesto), Jean Vendassi (Le notaire), Olivier Papot (Le majordome), Constance Mathillon (Une femme de chambre, La modiste), Cédric Veschambre (Un valet, Le coiffeur)
Chœur de l’Opéra-Théâtre de Limoges, Jacques Maresch (chef de chœur), Orchestre de Limoges et du Limousin, Roberto Forés Veses (direction musicale)
Andrea Cigni (mise en scène), Lorenzo Cutùli (décors et costumes), Fiammetta Baldiserri (lumières)


(© Vincent Ferron/Ville de Limoges)


Créé en janvier 2014 à Clermont-Ferrand, le Don Pasquale réglé par Andrea Cigni constitue un remarquable exemple de réunion de forces des maisons lyriques hexagonales. Commençant ici même à Limoges, la tournée fera ensuite escale à Rouen, Reims, Avignon, Massy, Saint-Etienne, Vichy et enfin Jesi, au festival Pergolesi Spontini. Le metteur en scène italien place sa production sous l’enseigne «Rome, je t’aime», décalque d’une déclaration que les Parisiens entendent parfois de la part des touristes. Habile, la scénographie de Lorenzo Cutùli s’ouvre sur un coffre-fort derrière lequel s’accumulent les lingots de Don Pasquale et où il souhaiterait aussi enfermer son épouse: l’avare ne cherche femme que pour enrichir son patrimoine. Mais de l’autre côté de ce verrou, Malatesta manigance et convainc Norina de se prêter aux épousailles de toc, arrivée d’un couvent vêtue comme une veuve. Une fois les richesses dilapidées par la nouvelle maîtresse de maison, sas du trésor grand ouvert et étages vidées, le vieux propriétaire n’aura alors de hâte que de se séparer d’une femme qui a mis sens dessus dessous sa demeure, au sens figuré comme au visuel. Si la verve du spectacle ne se peut mettre en doute, jouant des codes du dramma buffo au diapason de la partition, elle aurait sans doute gagné à faire l’économie de l’entracte entre les deux premiers actes, hérité des contraintes de la scène clermontoise.


Et fidèle au creuset qui l’a vu naître, la production fait appel à deux lauréats du concours de chant de la capitale auvergnate. Anna Sohn compose une Norina qui se distingue par sa fraîcheur gracile. La naïveté qu’elle affiche en pseudo-Sofronia s’avère d’une timidité plus maladroite qu’expressive, mais prend une audible revanche par la suite. Docteur Malatesta à l’excentrique défroque bleu Klein et lunettes rondes, Alex Martini affirme une solidité vocale prompte au sarcasme dont se montre friand le personnage. Son jeu mordant ne demande pour s’épanouir qu’un supplément de couleurs, privilège que la maturité confirmera. Dans le rôle d’Ernesto, Leonardo Cortellazzi se démarque par une vitalité qui répond à l’impulsivité du jeune homme. Enfin, dans la partie éponyme de l’ouvrage, Simone del Savio possède le grain attendu pour le barbon, pliant avec aisance et naturel son matériau vocal à la théâtralité bouffe. Quant à la direction de Roberto Forés Veses, elle pose les jalons de l’irrésistible énergie de l’ouvrage, caractérisant les séquences et les pastiches formels sans sacrifier au rythme enlevé de l’œuvre. Jeune sur le plateau, Donizetti conserve ses bulles dans la fosse.



Gilles Charlassier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com