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Ficelles de Chabrier et Offenbach

Rennes
Opéra
03/27/2014 -  t 28, 29 mars 2014
Emmanuel Chabrier : Une éducation manquée
Jacques Offenbach : Pomme d’api

Marc Scoffoni (Maître Pausanias/Rabastens), Ahlima Mhamdi (Gontrand de Boismassif), Olivia Doray (Hélène de la Cerisaie/Catherine), Florian Cafiero (Gustave)
Orchestre symphonique de Bretagne, Darrell Ang (direction musicale)
Frédérique Lombart (mise en espace)


A. Mhamdi, O. Doray (© Laurent Guizard)


A l’heure où certaines ambitions veulent faire fi des restrictions budgétaires croissantes, c’est une production de poche que propose l’Opéra de Rennes avec un doublé Chabrier-Offenbach plutôt rare – surtout pour ce qui concerne Une éducation manquée. Le premier, avec lequel s’ouvre la soirée, constitue un exemple de l’inspiration alerte d’un auteur trop souvent mésestimé, victime sans doute de son indifférence aux coteries mondaines. L’assaisonnement piquant se retrouve dans Pomme d’api, une de ces tendres impertinences qu’Offenbach écrivait pour des compagnies miniatures, et fait sans doute autant le lien entre les deux pièces que leur thématique commune, les amours juvéniles contrariées, sans compter le goût des mots et des calembours.


Nulle commande de décors pour la scénographie de Frédérique Lombart, réalisée, de manière parfaitement assumée, avec le matériel disponible dans la maison bretonne: les trois solistes déambulent devant l’orchestre placé sur la scène, jouant ainsi d’éléments hétéroclites. L’essentiel réside dans un jeu d’acteur qui sait tirer les ficelles de ces deux vaudevilles en un acte, chacun étant introduit par une ouverture raccord aux intentions de cohérence à la nécessité peut-être superflue. L’ensemble fait preuve d’un rythme indiscutable, jusqu’à en oublier des dialogues parlés, résumés au point d’abréger la compréhension de l’intrigue. Le dommage se révèle sensible dans un Chabrier qui s’achève d’une manière un peu abrupte, et sans doute encore davantage avec un Pomme d’api où le mariage et la dot, éludés, laisse une sensation d’inachèvement, frustration d’autant plus regrettable à la fin de ce spectacle agréablement émoustillant.


Peu de moyens et pas davantage de répétitions, les contraintes n’en empêchent pas moins une réalisation vocale plus qu’honnête. Ahlima Mhamdi affirme en Gontrand de Boismassif une innocence aussi délicieuse que la fraîcheur de son timbre apprêté pour ce rôle travesti. Sa promise, Hélène de la Cerisaie, revient à Olivia Doray, nettement mieux mise en valeur en Catherine chez Offenbach, où la légèreté de ses couleurs et son agilité naturelle font briller son incarnation de Pomme d’api d’un éclat qui lui sied instinctivement. Marc Scoffoni joue habilement de ses racines méridionales pour un Maître Pausanias à la ruse presque roublarde, quand son Rabastens musarde avec gourmandise sur sa jeune domestique. Si Gustave n’appartient pas au cœur du répertoire de Florian Cafiero, son ténor lyrique n’a pas à rougir d’une performance riche en effets théâtraux. Après un Chabrier où l’Orchestre symphonique de Bretagne semble parfois encore en échauffement, Darrell Ang distille une aimable vitalité qui trouve en Offenbach son aboutissement.



Gilles Charlassier

 

 

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